nous avec leurs grandes courroies, & nos Chevaux avec leurs longes ; le hurlement de quelques Lions, qui fe faiibient entendre dans les montagnes, ne nous alarmoit point pour eux ; en général nos inquiétude? & nos embarras à cet égard, avouent diminué en proportion du train qui nous fuivoit. Le 5 du mois, étant partis de grand matin, nous arrivâmes au Kraal de CafFres que nous avions cru rencontrer la veille ; nous n’y trouvâmes pas un-feul Habitant;la plupart des huttes étoient encore entières; quelques-unes feulement avoient été brûlées; j’en vis fept, rapprochées & grouppées ; le furplus, qui pouvoit monter à cinquante ou Soixante > étoit épars de côté & d’autre dans rétendue d’une demi-lieùe ; c’eft là que je m’aperçus pour la première fois que ces peuples font un peu Cultivateurs ; ils sèment une efpèce de millet, connu fous le nom de Blé Caffre ; pour la plus grande facilité de l’exploitation, chacun choifit le terrein qui lui paroît le plus favorable à fës vues, & place fa hutte au centre; c’eft pour cela que les Kraals ne font point dans une feule & même place, comme ceux des Gonaquois ou des Hottentots. Il eft probable que ceux chez lefquels nous étions-, avoient été fur- pris par les Colons; car nous trouvions de tous côtés des cadavres & des membres épars, que les bêtes féroces avoient à moitié dévorés ; plufieurs champs de Blé étoient en état d’être récoltés ; mais la foule des Gazelles qui abondent auffitôt qu’elles ne font plus effrayées par des épouvantails, les avoient endommagés; on lâcha mes Boeufs , qui achevèrent le dégât. Quant à nous, nous nous établîmes moi dans ma tente, mes Hottentots dans les fept huttes dont ils s’emparèrent; le fite me paroiffoit fort agréable ; je décidai que nous pafferions là plu- fieurs jours ; on coupa de groffes branches avec lefquelles ma tente fut fi bien mafquée, qu’il eût été difficile de la découvrir. Nous avions à deux pas, un rlilifeau dont les eaux limpides rouloient fur un fond de cailloutage ; queiqvu-s Mimofa, çà & là diftribués, nous donnoient un peu de fraîcheur; à Cent pas de notre camp, nous pouvions jouir , au befoin, d’un abri plus délicieux dans une forêt immenfe de fuperbes & grands arbres; j’allois m’y promener, Jur-tout dans la plus grande chaleur du jour; divers fentiers qui fe croifoient en mille fens divers dénotoient clairement que ces lieux avaient été depuis long-temps très-fréquentés. J’y reconnus plufieurs arbres que j’âvois déjà rencontrés dans le Pays d’Auteniquoi ; le Stink-Houtt ( bois puant) abondoit de tous côtés; on le rencontre aufli» comme je l’ai fait remarquer» dans la Baie Lagoa, d’où les Habitans dû Cap le font venir pour le travailler > & l’employer à l’ébénifterie ; mais les frais qu’occa- fionne l’éloignement 9 le rendent très-rare & très -cher ; outre quil eft fufceptible de recevoir le. plus beau poli » il a le mérite d être inacceffible aux atteintes du Ver; à mefure qu’il vieillit, il prend une couleur marron 9 dont les veines 9 fort larges, fe nuancent d’une teinte plus ou moins foncée ; lorfqu’on le coupe & qu’i1 n’eft pas encore fec , il répand une odeur d’excrémens qui caufe des naufées, principalement dans les temps humides, & lorfqu’il eft imprégné d’eau; il perd cette mauvaife qualité, à mefure qu’il sèche ; comme tous les arbres lourds & compares, il croit lentement; il s’élève, groffit & dépaffe les plus hauts chenes. Je remarquai auffi le Gccle-Houtt (bois jaune) ; il tient fon nom de’ fa couleur; on en fait moins de cas que de l’autre pour les meubles; mais, comme il eft d’une belle forme & facile à débiter, on en fait de fuperbes mâdriers, des poutres & des folives pour la bâtiffe ; il donne des fruits jaunes de la groffeur des mirabelles, mais couverts de tubercule* affez épaiffes; l’amande du noyau, qui eft fort dure, eft la feule chofe qu’on puiffe manger. Un autre arbre Roye-Houtt (bois rouge) tire encore fon nom du rouge-foncé de fon écorce; elle eft épaiffe, mais fort tendre, & l’on pourroit en extraire la teinture; fon fruit, delà groffeur d’une forte olive, eft également rouge ; lorfqu’il eft mûr, on le mange avec plaifir, & les Habitans en font une efpèce d’eau de vie. Je m’arrêtai devant un Kaerfcn-Boom ( eerifier ) , qui n’eut d’autre mérite à mes y eu x , que de me rappeler le jour, le lieu . oit j’avois tué mes quatre Eléphans; je me fôuvins qu’ils en man- geoient avec plaifir les fruits & les feuilles ; je ne les aVois point R r i j
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