& difficiles , avant d’arriver au Bruyntjes-Hoogte , lorfque je m’étois vu cruellement delaiffé par la Horde qui avojt voyagé avec moi, & le détachement qui m’avoit joint pendant la nuit. Mais que ces circcnftances étoient ici différentes ! npus n’avions ni les affurances ni la parole des Caffres; nous n’en avions jamais rencontré; leurs moeurs, leur caraétère & leur façon de vivre ne nous étoient point connus; le préjugé , qui redouble par l ’abfence du péril, nous les avoit toujours prefentés comme des peuplades féroces & fangui- naires; la propofition de gagner leur Pays jufqu’à la mer, pouvoir raifonablement alors effrayer des hommes qui manquent d’énergie & d intrépidité ; mais a préfent je ne pouvois plus voir que de l’entêtement & de la défobéiffance dans leur refus , & je ne fais quel efprit d’infubordination que leur fouffloient fans doute le dégoût, la fatigue & l’ennui d’un fi long Voyage, D’autres caufe* auffi pouvoient y contribuer que je ne foupçonnois pas alors & que je découvris trop tard. Cependant, bien déterminé à fuîvre mon plan*, & ne voulant pas que des gens qui, jufqu’alors n’avoient jamais ofé fourciller devant moi, puffent fe flatter d'avoir mis des obflacles à mes yolontés, & de diâer à leur chef comme des loix de la prudence ce qui n’étoit que les précautions de leur crainte & de leur pu- fillanimité , je tourmentois , fi je puis parler ainfi, de plus en plus mon imagination, & faifois, mille efforts pour qu’elle me fuggérât les, moyens de tirer parti du mauvais pas dans lequel je me trou- yois embarqué. Je comptois fur Klaas comme fur moi-même; j’étois fur pareillement du vieux Swanepoël, du Chaffeur Jean qui me fuivoit depuis lq Soet-Melk-Valley, Si m’avoit tué le premier Tzeiran ; Pit 8t 4dam étoient encore deux hommes de bonne volonté ; le confia de Narina, Se deux de fes camarades m’avoient offert leurs fer- yices ; mais ces trois derniers , n’ayant aucune connoiffance du maniement des armes à feu, pouvoient craindre autant de tirer un coup de fufil que de le recevoir; cependant ils faifoient nombre, Sf j’efpérois , de quelque manière , en tirer parti : les Grecs qui incen- dilrent ja ville de Troie, n’avoient ni le bras ni les armes d’Achille, Je Je réfolus de tenter ce voyage, avec ces huit hommes; mais;mon plan n’étant pas encore bien digéré, je penfai qu’il falloit différer d’en donner connoiffance à mon camp , jufqu’au départ des Caffres que je ne voulois pas fur-tout en' inftruire. - ■ Mais un fecret ; qui jufqu’alors m’avoit échappé malgré! toute mà prévoyance -& mesi foins, - vint tout d’utp coup 'éclaircir une “partie de mes foupçons. Rlaas arrivant, un après-dinë , de la chàffe, entre dans ! ma tente, & m-’avertit que quatre Hottentots Baßer font cachés dans mon camp depuis le matin , qu’il les foupçonne d’être des efpions du Bruyrttjes-Hoogte', envoyés par les Colons, il avoit compris, me : difoit4 l , par tout ce qu’il avoir pu entendre de la converfation de ces quatre coquins, que -les Blancs étoient inflruits de l’arrivée & du féjour des Caffres dans mot camp ; qu’ils murmuroient tous & s’étonnoient que j’euffe reçu chez moi avec autant de cordialité leurs ennemis mortels ; Klaas m’engagea à me tenir fur mes gardes1, jufqü’à ce qu’il en eût appris davantage | m’invitant; fur-tout à me défier de l’un de mes gens nommé Slin- g e r ,‘ qu’il croyoit être d’intelligence & manoeuvrer fourdement avec les quatre émiffaires. Irrité de l’audace de ces gens, & de la hardieffe qu’ils avoient eue d’entrer dans mon Camp , j’ordonnai qu’on les amenât devant moi; à leur démarche timide, embàrraffée , jê jugeai trop qu’ils étoient coupables ; je les interrogeai brufquement & leur demandai de quel droit & par quel ordre ils avoient ofé s’introduire chez moi, & s’y tenir cachés, fans que j’en fuffe prévenu, comme s’ils àVoient pu s’attendre à n’être point découverts ; cette apoftrophe un peu vive , -la menace de les punir à l’inflant, & la colère dont tous mes traits étoient animés, les effraya de telle forte qu’il leur fut impoflible de répondre ; j’ajoutai que je ne fouffrois pas d’ef- pions près de moi, que quiconque s’introduifoit fourdement, étoit fufpeét à mes yeux , & méritoit d’être puni comme un traître ; que je ne faifois pas d’eux' affez de cas pour en venir à ces extrémités , mais qu’ils pouvoient , quelque fût leur million , aller apprendre à ceux qui les avoient envoyés, tout ce qu’ils avoient vu chez moi ; que, maître indépendant de mes volontés , je n’avois Temt I I . P p
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