côté, vont à la chaiTe, font la revue des pièges qu’ils ont tendu* en divers endroits, fabriquent les flèches, & , tous les inftrumens dont ils ont befoin ; & quoique ces inftrumens & tous les ouvrages de leurs mains foient en général affez mal tournés & groffiers, ils exigent de leur part beaucoup de temps & de peines, parce quils font privés d’une foule d’outils fi néceffaires pour abréger le travail ; & toujours l’adreffe chez eu x , eft bien moins admirable que la patience. Il feroit étonnant que ces peuples que j’ai fi fouyent fréquentés, avec lefquels j’ai vécu fi long-temps , euffent été affez adroits ou affez faux pour fe cacher de moi au point que je ne me fuffe jamais aperçu , ni par leurs difcours, ni dans leur pratique de vivre, daucun ligne ou d’aucun acle de fuperftition; je me garderai bien de donner comme des ufages religieux certaines privations qu ils s im- pofent eux-mêmes, & qui paroiffent fi naturelles & fi fimples quand on s’eft donné la peine de les approfondit ; par exemple , ils ne mangent prefque jamais du Lièvre ni de la Gazelle nommée Duykers; le Lièvre eft à leurs yeux un animal informe qui les dégoûte; la viande du Duykers leur femble trop noire; en outre, ces, deux animaux font toujours d’une maigreut extrême , raifon fuffifante pour qu’ils les rejettent; mais la preuve la plus frappante que nulle idée chimérique ne les pr.ive de cette reffource, ç’eft qu’au befom & dans les“ momens de difette, je les ai vus fe tenir heureux d'y pouvoir recourir. De ce qu’un Hollandois fe révolteroit a la vue du plat de Limaçons de vignes ou de Grenouilles le mieux apprête , tandis que le. François s’accommode de ce mets peu délicat, s en fuit-il que le. dégoût du Bataye doive être regardé comme une- abftinen.ee teligieufe ordonnée par le Confiftoire ? Avant d’annoncer., comme un des rites effentiels des Hottentots, la cérémonie de.fe couper une phalange foit du doigt foit du pied , avant de lui. attribuer la femi-caftration pour le même motif, il étoit raifonnable de conftater d’abord la vérité de ces deux faits; Kolbe lqs. avoit oui raconter comme bien d’autres ; mais il ne les avoit jamais, éclaircis;il.le prouve affez, lorfquil attribue ces ufages à tous les Hottentots , indiftinélement, ce qui n eft pas moins faux , E H A F R I Q U E . que toutes les autres affertions de cet Auteur ; M. Sparmann tombe également dans la plus étrange des erreurs, lors même qu’il fou- tient, contre ce Kolbe, que la femi-caftration n eft pratiquée nulle part. Ces deux cérémonies ont lieu encore actuellement chez deux Hordes fituées au Nord du Cap fous le vingt-huitième degré de latitude , favoir les GeiJJiquois & les K.oraquois, Cantons dans lefquels j’ai trouvé les Giraffes dont je parlerai dans mon fécond Voyage; affurément le Philofophe Kolbe na jamais pénétré jufques la, fi ce n’eft en fonge. Le Docteur Sparmann s’eft toujours laiffé tromper lorfqu’au fujet des Gonaquois, il penche à croire que ces Hordes fe circoncifent ; les Colons me l’avoient affuré comme à lui; c’étoit une puiffante raifon d’en douter ; mais jufqu’ici plus à la portée que perfonne de m’éclairer fur un fait aufli important, j’attefte au contraire que cette Nation & tous les Hottentots fans exception ont le prépùce d’une grandeur déméfurée, caraûère qui les diftingue affez des autres Sauvages & qui n’a point été certainement remarqué. Il en eft de même de ce tablier révoltant des Hottentotes auquel on a fait jouer fi long-temps un rôle ridicule dans l’hiffoire, ou plutôt la fable de ces peuples ; une autre bizarrerie qui découle toujours, de la même fource, le leur a retranché non moins légèrement, quoiqu’il foit toujours de mode chez une Horde dont je vais parler inceffamment ; je dis qu’il eft de mode ; car, bien loin qu’il foit un préfent de la Nature, on doit le regarder comme un des rafinemens les plus monftrueux qu’ait jamais inventés je ne fais quelle coquetterie toute particulière à un très-petit coin du monde connu. Quelques Auteurs anciens ont écrit que les famdles de Sauvages couchent pêle-mêle dans une même hutte, & ne connoiffent point les différences de l’âge, ni cette horreur invincible qui fépare les êtres rapprochés par le fang. A la vérité, ces Sauvages bornés au ftriéte néceffaire n’ont point imaginé de fauver par une décence apparente, toute la turpitude d’une inclination monftreufe, & l’on ne voit point chez eux appartement pour le frère, appartement pour la foeur, appattemens pour la mèra & le fils ; mais conclure f f ij
27f 81
To see the actual publication please follow the link above