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L’efpèce de Vaches Africaines eft abfolument la même & ne diffère point de celle d’Europe; fuivant les divers Cantons , bons ou mauvais, elles font plus ou moins groffes. En général, elles donnent peu de lait; celles qui peuvent en donner trois ou quatre pintes par jour , font des phénomènes extraordinaires : il paroît que le laitage, ce doux préfent de la Nature, devient plus rare & tarit prefque tout-à-fait à mefure qu’on approche des Pays les plus chauds. Je me fouviens quà Surinam, très-peu loin de la Ligne, on tenoit pour une Vache merveilleufe celle qui fourmffoit une ou deux chopines par jour ; ce qui ajoute encore à mon affertion, c’eft qu’au Cap même, dans la faifon des pluies oh l’atmofphère eft plus rafraîchi, on en obtient davantage , & le contraire a lieu quand les chaleurs fe rapprochent; c’eft alors auffi que commence la faifon la plus dangereufe pour ces animaux, & qu’ils font fujets à quatre maladies meurtrières, qui font dans leurs troupeaux de cruels dégâts. La première , nommée au Cap Lam-Sikte, eft une véritable para- lyiie qui furvient tout d’un coup, & quoique gros & gras, & dans l’apparence de la meilleure fanté , ces animaux font contraints de refter couchés, & périffent ordinairement en quinze jours; auffitôt que la maladie fe déclare on dépayfê ceux qui font encore fur pied ; comme il n’eft point de remède à ce fléau, on fe hate de tuer tout ce qu’il attaque, d’autant plus volontiers que les Colons n’éprouvent nulle répugnance à manger ces viandes mal-faines : ils ne font pas fur-tout difficulté d’en nourrir leurs Efclaves & les Hot-; tentots , encore moins délicats. Une autre maladie, le Tong-Sikte, eft un gonflement prodigieux de la langue qui remplit alors toute la capacité de la bouche & du gofier; l’animal eft à tout moment fur le point d’étouffér; ce mal eft plus terrible que l’autre par fes fuites ; il a cependant fon remède ; mais on le connoît li peu ou bien on l’adminiftre fi mal, qu’il n’opère aucun bon fuccès ; c’eft encore le cas de tuer ceux du fort defquels on défefpère, afin du moins d’en conferver & la viande & les peaux. . . . Le Klauw-Sikts attaque le pied du Boeuf, le fait prodigieufement enfler & produit fouvent la fuppuration; le fabot fe détache & ne tient prefque plus au pied ; lorfque l’animal marche & qu’on le voit par derrière, on croiroit qu’il porte des pantoufles ; on imagine bien qu’on fe garde dans un pareil état de le déplacer; on le laiffe fe repofer tant que le mal dure; c’eft une incommodité peu dangeureufe, & qui finit ordinairement dans la quinzaine.® 11 n’en eft pas ainfi du Spong-Sikte parmi les betes a cornes, fléau terrible & très-alarmant même pour les troupeaux des Hordes; cette pefte n’épargne rien, & caufe de prompts ravages; heureux celui qui ne perd que la moitié de fon troupeau. C eft une efpèce de ladrerie qui fe communique dans un inftant ; les animaux qui en font atteints ont les chairs bourfouflées, fpongieufes & livides ; on dirqit qu’elles font meurtries fk qu’elles fe décompofent ; elles fe rempliffent d’une humeur rouffâtre, vifqueufe ’, & portent un dégoût qui écarte jufqu’aux Chiens ; fur le premier foupçon des premiers fymptômes de cette pefte, fi l’on n’a pris foin decarter au loin les animaux qui n’en font point encore attaqués, il n y a ni force ni fanté qui puiffent les en garantir. Telles font les principales maladies qui, par leurs ravages périodiques , établiffent entre la multiplication & la mortalité des beftiaux d’Afrique, une balance qui s’oppofe à leur profpérité & fans laquelle ces peuples pafteurs, très-fobres dans leur confommation, devien- droient riches & puiflans. Les Moutons que les Sauvages élèvent dans la partie de l’Eft, font de l’efpèce connue fous le nom de Moutons du Cap. La grofleur de leur queue leur a donné de la réputation ; mais de combien ne l’a-t-ôn pas exagérée ! fon poids ordinaire n’eft que de quatre ou cinq livres. Pendant un de mes féjours à la Ville on promenoit, de maifon en maifon , un de ces animaux comme une chofe merveilleufe , & fa queue cependant, quoiqu’elle fût admirée , ne pefoit pas plus de neuf livres & demi. Ce n’eft abfolument qu’un morceau de graiffe qui a cela de particulier quêtant fondue, elle n’acquiert point la confiftance des autres graiffes de l’animal ; c eft une efpèce d’huile figée à laquelle lés Hottentots donnent la préférence pour leurs onélions, & pour fe boughouer. Les Colons


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