par une fuite de l’altération de leurs moeurs primitives,ils paroiflent peu fenfibles aux atteintes de la jaloufie , & font bien loin d’éprouver fes fureurs. Le Gonaquoi eft bien moins recherché dans fes babillemens que lg femme;. cnn a, dit que , pendant l’hiver, il mettoit fon Kros , le poil en dedans , & que , pendant les chaleurs, il le retournoit ; la chofe eft poffible & très-indifférente en elle-même ; mais cela n’empêche point que, pour l’été, il n’en ait un autre abfolument- fans poil, & dont la préparation lui j coûte bien des peines ; j’ai fait remarquer que le Gonaquoi eft d’une ftature plus élevée que le Hottentot des Colonies, & que fon Kros eft fait de peau de veau ; il eft rare qu’une leule de ces peaux luffife ; on lui donne plus d’ampleur en ajoutant de chaque côté une pièce qui fe cout avec des. fils de boyaux ; cette couture eft faite à 1? façon des cordonniers ; pour former les trous, le Sauvage fe fert d’une alêne de fer. quand il peut en avoir ; à fon défaut , il en fait avec des os; ceux de la jambe d’Autruche étant les plus durs qu’il connoiffe, font aufli ceux qu’il eftime davantage ; il y a deux manières d’en- leyer le poil d’un Kros ; quand l’animal eft nouvellement dépouillé , &. que la peau en eft encore fraîche on fe contente de la rouler; le poil en dedans, & de l’oublier pendant deux jours; ce temps fuffit pour que la fermentation foit commencée ; c’eft le moment d’arracher le poil qui prefque de lui-même quitte & fe détache facilement ; on donne par le frottement une forte de préparation à la peau; on la laiffe enfuite, pendant un jour entier* couverte dans toute fa longeur de feuilles de Figuier-Hottentot bien macérées & triturées ; on détache, après cette opération, les fibres & toutes les parties charnues qu'on aperçoit ; enfin, à force d’être frotté, fatigué avec des graiffes de'Mouton, ce Kros acquiert tout le moelleux & la flexibilité d’une étoffe tiffue ; on voit que ce procédé diffère peu de ceux employés en Europe par les Fourreurs & les Mégifiiers ; mais , quelqu’babileté que les Hottentots ayent coutume de mettre dans l’art de préparer leurs fourtires & toutes leurs peaux, elles n’approcheront jamais des nôtres, lorf- qu’elles ont paffé par les mains de nos Parfumeurs. Si la peau eft sèche & qifayant ou n’ayant point fervi, elle ait confervé tout fon poil, & qu’un Sauvage, à défaut dun autre, délire s’en faire un Kros d’été, ce travail demande d’autres foins; il devient plus minutieux & fort long. On fait avec une côte de Mouton une efpèce de cifeau qu’il eft à propos de rendre le plus tranchant poffible; cet outil, qui feft a enlever le poil, doit fe manier avec précaution; il ne fuffit pas de rafer ; rien ne feroit plus facile; mais il faut que le poil parte avec fa racine, & que, fans endommager le tiffu il emmène avec lui l’épiderme ; cet ouvrage de patience exige infiniment d’adreffe & fait perdre bien du temps. Le Gonaquoi, je le répète , n’a d’autre vêtement que fon Kros & fon Jakal; il marche toujours nue tête, à moins qu’il ne pleuve ou qu’il n’ait froid; alors il porte un bonnet de cuir. Il orne ordinairement fes cheveux de quelques grains de verroterie , ou bien il y attache quelques plumes ; j’en ai rencontré qui rempla- çoient cette décoration par de petits morceaux de cuir découpé; d’autres encore ayant tué quelques petits Quadrupèdes, en enfloient la veffie, & fe l’attachoient comme une aigrette au-deffus du front. Tous, en général, font ufage de fandales ; ils les fixent avec des courroies ; ils ornent aufli, mais avec moins de profufion que les femmes, leurs jambes & leurs bras de bracelets d ivoiré, dont la blancheur les flatte infiniment, mais dont ils font pourtant moins de cas que des bracelets de gros laiton ; ils prennent tant de foin de ceux-ci, & les frottent fi fouvent qu’ils deviennent trës-brillans & confervent le plus beau poli. Ils font adonnés à la chaffe , & ils y déployent beaucoup d’adreffe. Indépendamment des pièges qu’ils tendent au gros gibier, ils le guettent , l’attaquent, le tirent avec leurs flèches empoi- fonnées, ou le tuent avec leurs fagayes; ces deux armes font les feules dont ils fe fervent ; l’animal qu’une flèche a touché fie tarde pas à reflentir les effets du poifon qui lui coagule le fang ; il eft plus d’une fois arrivé à un Eléphant ainfi blêffé , d’aller tomber a vingt ou trente lieues de l’endroit ou il avoit reçu le coup mortel. Sitôt que l’animal eft expiré, on fe contente de couper toute la F f ij
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