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si) P r é c t s firent bientôt place à la pitié, quand je m’aperçus qu’il s’étoit livré lui-même, par fa propre gotirmandife, au plus cruel fupplice; il a voit; en croquant les Scarabées, avalé les épingles qui les enfi- loient ; c’eft en vain qu’il faifoit mille efforts pour les rendre. Ses tourmens me firent oublier le dégât qu’il me caufoit; je ne fongea* plus qu’à le fecourir ; & mes pleurs, & tout l’art des Efclaves de mon pere que j’appelois de tous côtés à grands cris, ne purent le rendre a la vie : cet accident me renvoyoit fort loin fur mes pas; mais il ne put me rebuter; je me livrai bien vite à de nouvelles recherches ; & , non content d’un tréfor unique ; j’en .voulus réunir plufieurs. Je fongeai, par une progreffion naturelle , aux Oifeaux. Nos Efclaves, ne m’en fourniflbient,point affez à mon'gré; je m’armai de la Sarbacane; gt de l’Arc Indien; en peu de temps, je: m’en fervis avec beaucoup d’adrefTe; je paflois les journées: entières à l’affût ; j’étois devenu un) Ghaffeur déterminé. Ce fut alors qu’on s’aperçut j. & queije-fentis moj-même), que ce goût fe changeoit en paffîofi; paffion vive* qui troubloit, jufqu’aûx heures du fom- tneil , & que (as années n’ont fait que, fortifie». • , - Quelques amis m’ont acculé de froideur . & d’infenfibilité ; un plus.gr.and nombre a .trouvé'.férèéraires: les syoyàgesjfingulters que: j’ai;entrepris.dqnsclà Atiterinje paîdonne »volontiers aux<uns. & n’ai: wprt'ïàj.dire auxiàntresa; .cependant;pour :peuF.qir:’on, daigne:s’arrêter: aux premiers pâs dê.mon enfance, cette apparencè doriginaiité furprendra moins, & l’on verra que mon éducation en eft.â là’fois. ^Ja26atjie/;4tf,£éÿc^fo,: ei , t:î;:ioL num mù « rifdcîà'b ai >cov s i tgmps'japïèà, « ê s pigeon, qui'; so ient, fiîjéo leur départ: gpur i ’>BUÈope , & q u i ;tii’0^iroiént'.ploarqti’aU'îbonhèuc;de; feLréunir' dànsrle'jfeiffl de leurs familles.» ayantqnîs aordté à leurs affaires.»; je- montai »yeé- et)3f furjle .Navire Cnfferin» ; Je ; 4")-Avril 176} , om leva l’ancre , & l’on prit la route de la Hollande. Je pattageois, dans la joie de mon coeur, tous les projets de plaifirs & de fetes auxquels fe livroient mes parens durant la traverfée ; une curiofite bien naturelle à mon âge ajoutoit à mes tranfports ; mais cette agitation, ou plutôt ce délire , ne me rendoit pas infenfible aux regrets. Je ne pouvois devenir ingrat en fi peu de temps , & perdre de vue fi tranquillement la terre bienfaifante qui m’avoit' vu naître ; je jetois fouvent mes regards vers les rives heureufes dont je nwWoignois de plus en plus. A mefure qu’elles fuyoïent & qu’emporté par les vents,-je m’approchois des climats glacés du Nord, une trifteffe profonde flétriffoit,mon amè & venoit difliper les preftiges de l’avenir. Après une traverfée cruelle & dangereufe , nous jetâmes l’ancre au Texèl, à neuf ou dix heures du matin , le i z Juillet fuivant. Nous étions donc enfin en Europe ; tout ce que je voyois étoit fi nouveau pour moi, je montrois tant d’impatience, je fatiguois les gens de tant de queftions, chaque objet qui s’offroit à ma vue, me paroiffoit fi extraordinaire que j’étois moi-même un objet d’étonement aux yeux de ceux qui m’entouroient. Cependant mes importunités ne mettaient pas toujours les rieurs contre moi, & je payois bien amplement en: remarques piquantes fur l’Amérique, les inftruâions qu’on avoit h complaifance de me donner fur l’Europe. Après avoir paffé quelque temps en Hollande, nous nous rendîmes en France dans la Ville où mon père eft né, & 1 on me fixa dans le féin de fa familier c’eft là que je donnai nouvelle carrière à mes goûts , dans le Cabinet de M. Bécceur; Il offroir, pour 1 Ornithologie d’Europe , la colleaion la plus nombreufe & la mieux- confervée que j’aye jamais rencontrée. A Surinam , je m’étais fait une manière de déshabiller les Oifeaux


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