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indique que l’eau se précipite par un conduit souterrain. Elle passe en effet sous la galerie et jaillit avec force au dehors, d’où elle se répand au loin dans la vallée, et occasionne une si grande fertilité, qu’elle est passée en proverbe chez les habitants de Barcah; Cette eau n’est point thermale, comme je l’avais d’abord supposé ( i ) , quoiqu’elle soit fortement sulfureuse par la saveur. Elle teint en noir les terres qu’elle arrose, tandis quenelles des environs sont d’un rouge ocreux. Selon les indices encore existants, nul doute que des bains ne se trouvassent autrefois dans ce lieu. Sur le devant de la galerie est une petite plate-forme où l’on voit les traces de plusieurs bassins enduits de ciment; d’autres bassins, taillés aussi dans le roc, mais sur un plan infériëur aux premiers, étaient placés de manière à recevoir, de même que ceux-là,l’eau de la source par une rigole qui les séparait (V. même planche).'Les fondements d’un mur de construction qui entourent Ces ruines, font présumer qu’elles se trouvaient autrefois dans la même enceinte, et ne formaient avec la galerie actuelle qu’un seul et même édifice. Quoi qu’il en soit, ce qui en reste porte l’empreinte d’une haute antiquité, et paraît être du même âge que le temple de Vénus. Peut-être que ces thermes en dépendaient? Leur voisinage du temple me rendit cette supposition vraisémblable, et cette vraisemblance était trop de mon goût pour ne point m’y arrêter. Peu à peu elle captiva totalement mes idées ; elle alluma mon imagination ; elle l’entraîna vers ces temps antiques où les jeunes Grecques venaient dans ce frais réduit soulager leurs membres délicats des feux brûlants du soleil de Libye. Un bois touffu devait sans doute l’entourer ? Ma pensée poursuivait ce rêve délicieux, et l’illusion séductrice la secondait. Elle reproduisait devant moi des sentiers ombragés de myrtes fleuris et de thyons odorants. Les nymphes à la taille légère, au doux sourire, parcouraient en folâtran t ce verdoyant domaine ; elles chantaient des hymnes à Vénus; elles formaient des danses gracieuses ; enfin elles pénétraient dans l’asyle du mystère. (i) Le thermomètre hydraulique marquait, à deux heures après midi, à l’air libre, g degrés au-dessus de o. Plongé dans la source, il est monté à 11 degrés. Cette augmentation ne provient sans doute que du lieu resserré où se trouvait le thermomètre. L ’endroit où je me trouvais recevait en dépôt leurs douces draperies. Que mon rêve me devint cher! Mais le poursuivre plus long-temps ce serait entrer en des récits trop étrangers à mon grave sujet. Quittons même, il en est temps, des lieux si séducteurs; Vénus exercerait-elle encore au milieu de ces ruines une secrète influence?


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