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que j’avais formé de parcourir cette contrée célèbre. Néanmoins, selon le plan que je m’étais fait, je voulus auparavant connaître les autres Oasis du désert libyque, et ce ne fut qu a mon retour de Dakhel, que je songeai à mettre mon projet en exécution. Ce nouveau voyage me parut d’autant plus attrayant, que, de toutes les personnes qui l’avaient entrepris, les unes ne l’avaient exécuté qu’en partie,et les autres y avaient complètement échoué. En effet, vers l’an 1760, Granger, chirurgien français, connu par son voyage en Egypte, se rendit à Cyrène, conduit par un chef de voleurs, à qui il avait promis une haute récompense à son retour. Sous les seuls auspices de ce dangereux protecteur, l’intrépide voyageur put néanmoins visiter les ruines de Cyrène, et copier un grand nombre d’inscriptions. Mais ces peines, ces travaux devinrent infructueux; le Mémoire de son voyage s’égara après être parvenu en France (1). Je ne m’arrêterai point aux notions superficielles fournies sur ce pays par Paul Lucas et le fameux Bruce. En 1812, le pacha de Tripoli, voulant punir la révolte de son fils, gouverneur de Derne, envoya une armée dans cette province; le médecin Cervelli accompagna cette expédition, et recueillit, en traversant la Pentapole, quelques notions intéressantes. Une seconde expédition du même pacha contre les Arabes de Barcah, faite en 1817, fournit à un autre Européen l’occasion de parcourir cette contrée; M. Délia Cella, personne fort instruite, publia la relation de son voyage, et eut la gloire d’avoir soulevé lepre- (1) Hist. de l’Acad. des Inscript. t. XXXVII, p. 38g. mier une partie du voile qui nous dérobait Cyrène; toutefois, ses nombreuses indications de monuments qu’il ne dessina point, .ses aperçus ingénieux mais vagues, très-intéressants mais insuffisants , excitèrent bien plus qu’ils ne satisfirent la curiosité du monde savant (1); Le voyage à Cyrène, fait en 1819 par le P. Pacifique, préfet apostolique à Tripoli, ajouta peu aux notions données par M. Délia Cella. En général, ces voyageurs, dont la position personnelle avait limité les recherches, nous ont plutôt transmis leur admiration pour ce pays qu’ils ne nous l’ont fait connaître. Les monuments d’une contrée qui fut successivement occupée par des peuples de moeurs et d’origine différentes ne pouvaient être connus par de légères descriptions, il fallait les reproduire par le dessin; les erreurs géologiques, de fausses notions accréditées, et surtout l’intérêt de la géographie, demandaient un long examen et des observations positives ; mais ce résultat exigeait une réunion d’hommes éclairés, et il allait être obtenu. Le général Minutoli forma.le projet, en 1820, de visiter complètement la Cyrénaïque et tous ses environs. Ce général était accompagné de savants et d’artistes qui assuraient à son entreprise des résultats de la plus haute importance. Malheureusement les voeux des amis de la science furent de nouveau déçus. A peine le général prussien fut-il arrivé au pied du mont Cata- bathmus, que, déplorant la perte de trois Européens parmi (1) Viag. da Trip. di Barber, aile front, occi. del Egit. Genova, 1819. Cette intéressante relation a été traduite en français par le savant M. Eyriès, et insérée dans les Nouvelles Annales des Voyages, t. XVII et XVIII. a.


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