Page 10

27f 59

ceux qui l’avaient accompagné (i), et rebuté par les obstacles que lui opposèrent les Arabes, il se vit obligé de retourner à Alexandrie. Tel était, à ma connaissance, l’état où se trouvaient les notions que l’on possédait sur la Cyrénaïque, lorsque je me proposai de contribuer à mon tour à en reculer les limites. Trop peu éclairé, je ne pouvais aspirer qu’à remplir une bien faible partie de la grande lacune laissée dans la connaissance des monuments, de l’histoire et de la géographie de cette contrée. Mais avec une volonté ferme d’opposer un examen réfléchi aux préventions de l’enthousiasme, et la patience aux .obstacles, j’osai espérer que je parviendrais peut-être à jeter quelque lumière sur tant de faits laissés dans l’obscurité. Avant mon départ, j ignorais qu’un officier anglais, M. Becchey, eût exploré, en 1822, tout le littoral de la Pentapole libyque; je ne l’appris qu’à Cyrène même, et j’ignore encore le résultat de ses travaux. Les talents distingués de M. Becchey m’étant particulièrement connus, j ’aurais sans doute renoncé à mon projet, si j’eusse eu connaissance de son voyage. Toutefois je ne regrette point les peines que j ’ai essuyées; nos recherches pourront se (1) Ces accidents, qui en rappellent tant d’autres ayant la même cause, devraient servir d’exemple aux voyageurs européens. Plusieurs d’entre eux consultant plutôt l’impulsion de leurs généreux désirs que la juste mesure de leurs forces, entreprennent inconsidérément de longs voyages en Afrique avant de s’être graduellement habitués à son funeste climat, et surtout aux fatigues et aux privations que ses déserts occasionnent. Si ces Européens succombent alors, victimes d’une aussi brusque transition, ils accomplissent la prédiction d’un proverbe arabe : Le désert dévore les hommes qu’il ne connaît pas. AVANT-PROPOS. v compléter réciproquement, et seront surtout susceptibles d’offrir un avantage précieux pour le public, celui qui résulte du contrôle qu’il sera-à même d’établir entre deux relations sur un pays aussi peu connu. Affermi dans mon dessein, je le communiquai à M. Müller. Ce "jeune Orientaliste; qui avait failli périr à Sjouah, victime du fanatisme des habitants, désira néanmoins partager encore avec moi les chances de ce nouveau voyage; ses connaissances dans la langue arabe m’avaient, été très-utiles dans les Oasis, et elles le furent davantage dans la Cyrénaïque. Plusieurs personnes voulurent bien s’intéresser au succès de mon entreprise. M. C. Guyenet, habile mécanicien, résidant au Caire; m’offrit les dispositions les plus bienveillantes pour seconder l’exécution nécessairement très-dispendieuse de mon voyage. M. Osman Nourreddin Effendi (1), qui propageait en Egypte les lumières qu’il avait acquises en Europe, s’intéressa vivement à mon projet, et il eut la bonté de le recommander à la protection du pacha. Je trouvai chez les consuls-généraux de France et d’Angleterre ce zèle empressé à favoriser les entreprises hasardeuses pour lesquelles ils pouvaient m’offrir à-la-fois et l’exemple et d’utiles conseils. Us essayèrent, par tous les moyens qui étaient en leur pouvoir, dé me rendre plus praticable le rude sentier que j ’allais suivre. (1) Actuellement bey et major-général des armées du vice-roi d’Égypte.


27f 59
To see the actual publication please follow the link above