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tation qu’une espèce d ’arthémise ligneuse, et quelques arbustes clair-semés dans les bas-fonds. Cette situation rappelle celle d’Hydrax et de Paloebisca, villages placés par Synésius aux confins de la Libye aride (i) ; dans l’intérieur de la Cyrénaïque, suivant Ptolémée (2); et faisant partie de la Libye Pentapole, d’après la Géographie sacrée (3). Cependant on ne pourrait émettre sur ce sujet que des conjectures très-vagues, si l’évêque de Ptolémaïs ne nous avait laissé des renseignements plus positifs. Il nous apprend que Paloebisca et Hydrax dépendaient de l’église à’E rythra (4), ville située aux bords de la mer, et dont nous parlerons dans la suite. Quoique la dépendance religieuse paraisse avoir entraîné, à cette époque, la possession des terrains environnants (5), néanmoins celle d’un lieu voisin d'Hydrax devint un grave sujet de contestation entre les évêques à’Erythra et de Darnis. Synésius,'appelé pour juger ce différend, décrit le lieu qui en était l’objet, comme couvert de vignes et d’oliviers, et muni autrefois d’un fort château, abattu par un tremblement de terre, et dont on avait ensuite redressé une partie des murailles (6). Ce château, ajoute-t-il, était situé dans un endroit spacieux, et il était plus rapproché de Darnis que à’Erythra (7); puisque cette proximité, évidemment reconnue, fut cause qu’il fut adjugé avec ses dépendances, àDioscure, évêque de Darnis (8). D’après cette description, transmise par un témoin irrécusable, description qui s’accorde parfaitement avec, les ruines et les restes de culture que j ’ai fait remarquer à Zeitoun, la position à’Hydrax ne saurait être aussi méridionale qu’elle l’est dans plusieurs cartes (9). On cherche- (1) Epist. 67, ed. Peta. p. 208. (2) L. IV, c. iv. Le Père Le Quien pense que le Paloebisca de Synésius pourrait être YAlibaca de Ptolémée (Orien. Christ, t. I I, p. 627). (3) Geog. sacra, p. 284. (4) Epist 67, id. p. 210. (5) Id. ibid. p. 212. (6) Id. ibid. p. 211, 214* (7) Voyez ma carie topographique. (8) Id. ibid. p. 212, 2i3. ^ (9) Voyez la table de l’intérieur de la Libye d’après Ptolémée, et la carte de l’empire romain de Danville, partie orientale. rait vainement, en pénétrant davantage dans l’intérieur des terres, des lieux propres à l’olivier, à moins que la même cause ne produisît les mêmes effets, ainsi qu’à Ammon. De plus, dans l’endroit que je viens de décrire, cet arbre avait besoin d’être entretenu par la culture. Il ne se trouve point là sur son véritable sol indigène; abandonné à lui-même, il ne présente plus que des troncs sans feuillage et de frêles rejetons. Cette circonstance n’a point échappé à l’esprit simple et par cela même souvent observateur des Arabes : le nom qu’ils ont donné à ce lieu, indique leur surprise d’y trouver les restes d’une végétation qui lui est presque étrangère. Les ruines de Bou-Hassan sont à l’entrée du vallon Harden, qui, d’abord spacieux, se rétrécit ensuite insensiblement, et forme enfin une gorge tellement étroite, qu’elle ressemble à un profond sillon creusé dans la montagne; à ce point le vallon quitte sa première dénomination, et prend celle de Betkaât., Le désir de connaître dans toutes ses parties la contrée que je visitais, m’engagea à pénétrer dans la gorge de Betkaât, malgré les vives instances d' Abd-el-Azis, qui s’efforcait de m’en détourner. Je commençai alors à soupçonner le caractère faible de ce vieillard, e t , pour en prévenir les dangereuses conséquences, je persistai dans mon dessein. L ’axe général de ce vallon est du nord au sud ; mais il décrit une infinité de contours qui en varient l’aspect et produisent les contrastes les plus inattendus. Ses rives très^exhaussées, tantôt resserrées et couvertes d’un bois épais, et tantôt s’élargissant de chaque côté en demi-cercle, forment tour-à-tour de sombres défilés impénétrables à la lumière, et de riants amphithéâtres couverts de riches prairies. Notre marche fut souvent interrompue par des visites d’Arabes qui sortaient de leurs tentes cachées comme des tanières dans les réduits les plus obscurs. G’était là le motif de la prévoyante sollicitude d ' Abd-el- A z is : il fallait à chaque instant décliner nos noms et nos projets; et le craintif représentant du bey, loin de faire valoir ses titres avec hauteur, mettait au contraire dans ses réponses la politesse la plus affectueuse. Aussi, dès ce jour, il me répéta souvent qu’il àimait le grand air et les plaines, parce que les réduits cachés et les forêts nuisaient à sa santé,


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