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Elle ne fut probablement construite que dans uner époque postérieure à F Autonomie de la Pentapole, puisque aucun des auteurs de la haute antiquité,» tels qu’Hérodote, Strabon, Scylax, ne l’a connue. Le Périple anonyme désigne Damis sous le nom corrompu de Zarine ( t). Mannert observe, il est vraii que ce nom n’était peut-être que celui de la plage (a) ; mais les fréquentes altérations que nous avons déjà remarquées dans ce stadiasme (3) , portent à croire que le nom de Zarine doit aussi bien convenir à Damis, que ceux que nous avons cités convenaient aux lieux dont ils ne pouvaient désigner seulement le port ou la plage. Quoi qu’il en %oit, Darnis se trouve chez la plupart des géographes postérieurs à Ptolémée. L ’itinéraire d’Antonin (4) , et Hiéroclès (5), en font mention ; Ammien-Marcellin la met au nombre des villes les plus considérables de la Cyrénaïque (J6). Nous voyons même Darnis devenir la capitale de la Libye inférieure (7) et conserver le rang de métropole dans les diverses notices de la Géographie sacrée (8). Les annales de l’église chrétienne nojjs donnent le nom de ses évêques (9), de même que Synésius en fait mention comme d’une ville épiscopale du premier rang (10). Cependant le caractère des tombeaux de Darnis, indice infaillible dans cette contrée du degré de splendeur de ses anciennes villes, prouve qu’elle n’atteignit point, il s’en faut de beaucoup, un haut degré de prospérité. Son importance fut relative à la décadence de la Pentapole ; elle ne s’exerça (1) Iria rt. v. 1, p. 486. L’anonyme place Zarine à deux cent cinquante stades de la Chersonèse; cette distance, de beaucoup trop courte, porterait à récuser l’identité de situation entre Zarine et Darnis, si toutesTes positions qui suivent à l’ouest daift ce stadiasme, ne correspondaient tant avec les documents anciens qu’avec les observations modernes. 4 (2) Géogra. des Grecs>et des Romains, t. X , part. I I , p. 78. (3) Posirion pour Taposiris; Nazaris pour Aziris, etc. ( 4 ) Ed. W e s s e l i n g , p . 6 8 . ' (5) Id. ibid. p. 734* (6) L. X I I , 16. (7) Wesseling\ in Hierocl. pag. 734. Cependant, suivant Hiéroclès, cette métropole était Paroetonium (Ibid.). (8) Geogra. sacra, p. 56, 184. (9) Oriens Christ, t. I I , p. 631. (10) Epist. 67. que sur une contrée dévastée, et d’ailleurs en majeure partie peu fertile ; elle naquit avec la nouvelle foi qui s’était répandue en Orient. Et cette foi humble et modeste, comme l’Evangile son type ; obscure et divisée, comme toutes les religions à leur première phase, était loin encore d’orner à la fois et d’éclairer la terre. La vérité chassait les dieux des âges antiques, et avec eux s’enfuyaient les arts enfants de l’imaginàtion et du poétique polythéisme. Il est donc vraisemblable que si Darnis devint ville par sa population, elle resta bourgade par ses édifices. C’est là, on peut l’avancer, que l’Evangile, chassé à son tour de cette contrée par le C o ran , lutta longtemps avec lui et y conserva même des sectateurs sous.la domination des Musulmans. Un fait remarquable porte du moins à le croire : une tribu d’Arabes-Mourabouts qui habite depuis un temps immémorial la partie orientale des environs de Derne, est désignée encore par le nom à'Heit- Mariam, maison de Marie; et de plus, ces Arabes passent, dans le pays, pour des descendants de Chrétiens. BelecL^el-Sour est, à proprement parler, aux villages qui l’entourent, ce qu’une petite ville en Europe est . à ses faubourgs. C’est là que résident les autorités et tous les gens riches du canton ; c’est là que sont les bazars, que se tiennent les marchés, et où viennent se réfugier les caravanes de passage. On y voit deux châteaux, dont l’u n , espèce de grande masure ceinte d’un mur élevé, est le séjour du bey lorsqu’il visite la ville, et l’autre, plus petit mais mieux construit, est celui qu’on nous donna pour demeure. Sur une sommité qui domine la ville, on voit encore une forteresse construite par les Américains ( Voy. pl. V I ) . Ce n’est point ici le lieu de parler de cette conquête éphémère qui eût changé les destinées de toute la contrée, si elle avait été conçue^sur un plan plus vaste. En exposant ailleurs sa cause et sa durée, nous aurons l’occasion d’en faire connaître les infructueux résultats. Il existe une légère différence entre les moeurs des habitants de Beled-eLSour et des autres villages. Les premiers, livrés au commerce, sont généralement casaniers et sédentaires ; les seconds, plus farouches et plus pauvres, diffèrent peu des Bédouins : ils cultivent les champs des


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