Page 72

27f 59

m . CHAP ITRE V. Côté priental des montagnes cyrénéennes. — Irasa et Thesté. — Arrivée à Derne. •_ Accueil des habitants. A p r è s avoir franchi une lagune que forme le golfe de Bomba, nous arrivâmes sur les premiers échelons des montagnes de l’ancienne Pentapole libyque. Les ravins qui en sillonnent les flancs, obligént les caravanes'à faire de nombreux contours. Durant ce trajet, la sommité des monts qui reculait toujours devant nous, me paraissait un point mystérieux au-delà duquel je devais découvrir mille objets nouveaux; mais le pas lent et mal assuré des chameaux sur ces terrains pierreux secondait mal mon impatience. Cependant, plus nous nous élevions, plus la nature changeait d’aspect : d’abord l’on n’aperçoit que des" oliviers clàir-semés et quelques arbustes étran gers à la Marmarique ; le; so l, encore peu boisé, en rend le coup-d’oeil assez triste. La force de la végétation suit la progression des hauteurs. Enfin, après quatre heures de marche, dès que nous en eûmes atteint le sommet, un spectacle nouveau s’offrit à nos regards. La terre, continuellement jaunâtre ou sablonneuse dans les cantons précédents, est colorée dans ces lieux d’un rouge ocreux ; des filets d’eau ruissellent de toutes parts, et entretiennent une belle végétation qui fend les roches moussues, tapisse les collines, S’étend en riches pelouses ou se développe en forêts de genévriers rembrunis, de verdoyants thuyas et de pâles oliviers. Ce riant tableau d’une nature animée, to u t -à - fa it étranger aux Nubiens et Égyptiens qui m’accompagnaient, produisit sur eux une vive impression. Je jouissais de leur surprise : leurs yeux ne s’étaient jamais portés que sur les crêtes stériles des brûlantes collines qui bordent la vallée du Nil; ils ne connaissaient point d’eau plus limpide que les flots épais du fleuve qui vient chaque an désaltérer leurs champs grisâtres et poudreux ; ils n’avaient aucune idée de ces roches humides bronzées de


27f 59
To see the actual publication please follow the link above