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apprend Hérodote ( i) sur les logements portatifs des Libyens, qui étaient faits en asphodèles entrelacés avec des joncs, et sur l’usage qu’avaient leurs femmes de teindre en rouge de garance les peaux de chèvre qui leur servaient de vêtements. Classerons-nous parmi les divisions générales des végétaux de la Marmarique, les roccella, et surtout les lichen, parmi lesquels on rencontre souvent la pulmonaire de terre? Ces cryptogames, qui, dès les premières pluies, couvrent partout le sol avec profusion, rapprochent le climat de la Marmarique de celui de l’Europe, et le distinguent aussi parfaitement de celui de l’Egypte. Je n’ai jamais vu aucune espèce de ces plantes sur les terres d’alluvion de la vallée du Nil; on y trouve des mousses et des hépatiques dans l’intérieur des puits, de même que des lichen et quelques autres cryptogames sur la crête arabique, mais non de ces espèces foliacées dont la végétation n’est alimentée que par des pluies abondantes. Je puis ajouter que l’utilité des lichen est peu connue en Egypte, et cependant très- appréciée en Nubie, où les caravanes l’apportent des contrées pluvieuses situées dans la partie méridionale des Tropiques. Si de ces considérations générales nous passons à des aperçus de détail, nous verrons dans les bas-fonds des plaines, dans les enfoncements des vallées, et même dans les endroits sablonneux, une foule de graminées, telles que les agrostis, les p oa , les festuca, les arundo, le bromus tenuiflorus, Vavenu sterilis, et une très-petite espèce d'osutus, se rencontrer souvent avec des syngénèses, telles que les anthémis maritima et arabica, les senecio laxifiorus et glaucus, les gnaphalium stoechas et conglobatum, le crépisfiliformis, et plusieurs aster; avec des crucifères, telles que les cleome, les eruca, les clypeola; enfin avec des boraginées, des ombellifères et des caryophillées, telles que Y anchusa bracteolata et le lithôspermum caUosum, dans les sables ; les buplevrum et les cuminum, dans les terres; les silene linguata e tpigmoea, les stellaria, etc. Il faut faire mention encore de quelques plantes faisant partie d autres familles, telles que le beau plomis samia, dont les grandes fleurs d’un jaune éclatant, réunies en une grappe comprimée, contrastent avec la couleur terne du sol; d’autres, au contraire, qui se confondent avec lui, telles que les plantains lagapoïdes et amplexicaulis ; enfin plusieurs euphorbes, entre autres la minima et l’keterophylla, et notamment les statice que l’on trouve également dans les sables et dans les terres. Je pourrais augmenter cette nomenclature; mais, comme dans la saison où je traversais la Marmarique, la plupart des plantes étaient encore défigurées par les chaleurs de l’été, j ’ai été forcé à me borner le plus souvent à de simples indications de genre qui sont toujours très- vagues. Je fus plus heureux dans la Pentapole, et je pourrai donner, en traitant de cette autre région, plus de précision à cette branche de mes recherchés, du moins pour le petit nombre de plantes qui m’ont paru offrir quelque intérêt par leur organisation, ou par leur utilité pour les habitants. J’ai fait mention de quelques arbustes qui suivent les contre-forts des collines ou sortent des crevasses des rochers. Quant aux arbres, à l’exception des palmiers de Boun-Adjoubah et de Berek-Marsah, si l’on en trouve dans cette contrée, loin d’interrompre momentanément sa nudité, ils se dérobent, au contraire, à la vue. En effet, les terres d’alluvion que contiennent les citernes ruinées et les carrières donnent lieu à la végétation de figuiers sauvages (ficus càrica) et de caroubiers. Ces arbres, dont la cime ne s’élève que très-peu au-dessus du niveau du sol, paraissent comme enfouis dans les entrailles de la terre, et, à moins qu’on n’en soit très-près, on les confond avec les petits végétaux qui les entourent. La zoologie de la Marmarique est bornée à un petit nombre d’animaux: le lièvre est de tous les quadrupèdes celui que l’on y rencontre le plus fréquemment; caché dans les broussailles, il part avec la rapidité de l’eclair dès qu’on s’en approche; mais, quelque grande que soit son agilité, il a un ennemi plus svelte encore qui parvient à l’atteindre. Le soulouk, espèce de lévrier originaire de la Barbarie occidentale, est dressé par les Arabes pour la chasse du lièvre; il suffit que le chien puisse l’apercevoir à l’instant de son départ, aussitôt il s’élance après lui, souvent même il dépasse le timide animal; mais rétrogradant soudain, d 1 arrête, le cerne, et il est rare qu’il ne parvienne à l’immoler pour servir à la nourriture de son maître.


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