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Des collines dont la hauteur s’élève progressivement en s’éloignant des bords de la mer, croisent en tout sens cette lisière de terres, alternent avec des plaines, et donnent quelquefois passage à des torrents qui s’écoulent de leur sein en hiver et se rendent dans la mer. D’Abousir à la petite Akabah, le rivage est généralement côtoyé par une digue de sables blanchâtres qui s’avance très-loin sous les eaux, et occasionne des bas-fonds dangereux pour l’abordage des navires. Cette digue est quelquefois interrompue et remplacée par les prolongements rocailleux!des collines et de leurs contre-forts. De la petite Akabah, en suivant à l’ouest, la côte devient plus inégale, et présente en plusieurs endroits des flancs escarpés contre lesquels viennent se briser les flots de la mer. Dans cette partie du littoral plus encore que dans la précédente Jj on aperçoit de nombreux enfoncements qui ont dû servir, en destemps plus reculés, de ports ou de simples abris aux navires; mais les sables dont ils sont comblés, et les envahissements de la-mer, les ont privés en majeure partie de leur utilité, e t ce a ’ést que dans les endroits rocailleux qu’ils ont pu conserver les vestiges de leur ancienne forme. Le sol de la Marmarique atteste partout de grandes révolutions physiques, ainsi que son état de dévastation offre l’image des révolutions humaines. Les coquillages marins incrustés dans le roc, les madrépores épars sur les collines, les basaltes et les granits roulés sur des terrains secondaires, enfin l’assemblage de minerais de différente nature et le désordre de leur disposition, tel est le caractère général que présente cette contrée. Le voyageur éprouve en la parcourant une impression pénible.:; la continuelle nudité des lieux lui rend plus sensibles l’anéantissement des villes et la disparition de leurs habitants ; il ne voit devant lui que plaines grisâtres et collines arides ; il s’avance, et c’est toujours le même aspect; et au milieu de ce vaste tableau sans vie comme sans couleur, à peine si la présence de l’homme lui est indiquée par le bêlement lointain des troupeaux et les taches noirâtres des tentes arabes. Dans la vallée maréotide, le grès se voit plus souvent que le calcaire; en poursuivant vers l’ouest jusqu’à V Akabah-el-Soloum, le calcaire domine.et devient souvent çoquillier, ou bien il est unïavec le grès. On rencontre; mais rarement, dans quelques ravins des couches de quartz, et du spath calcaire en lames. Le terrain compris entre Y Akabah-ebSoloumiet le golfe de Bomba, en partie plus élevé que le précédent, comme nous l’avons fait remarquer,, en diffère néanmoins très-peu pour la nature du sol. Des Triasses de grès sont -pour ainsi dire entées sur du calcaire, et quelquefois une vallée présente le contraste de deux collines rapprochées et de formation diffé- rente. Les terres, généralement argileuses, ne sont point défavorables à 1 agriculture : les lieux les plus fertiles sont les bas-fonds qui entretiennent plus long-temps Beau des pluies., et les plateaux formés par des collines que leur élévation garantit de l’invasion des sables. Partout où îles murs rocailleux et ¡les eontre-forts qui courent de l’est à l’ouest, laissent un passage par leur absence ou leur peu d’élévation, les sables poussés par les vents du sud viennent s’unir aux terres et prolongent quelquefois leur envahissement jusqu’aux bords de la mer. L ’uniformité du sol rend la végétation peu variée;.les mêmes espèces de plantes , à quelques-unes p rè s, se retrouvent dans toute la Marmarique. Mais celles que l’on y voit en plus grand nombre, et qui caractérisent pour ainsi dire ce littoral par leur continuel aspect, sont, le long des bords de la mer, et auprès, des lacs d’eau salée : Yephedra, la nombreuse fàmille des soudes, parmi lesquelles on voit constamment la satsola vermiculata qui s’élève en arbrisseau. ¡Une espèce ligneuse du gen re arthémise, appelée chéah, ¿étend depuis la petite Akabah jusqu’au golfe d e la Syrte, et suit la partie méridionale des terres cultivables. Le scilla maritima parcourt la même distance, mais sur la partie la plus fertile, celle qui est entre les bords de la mer et les confins des terres. Sa bampepersistante et alongée hérisse généralement les plaines ; sèche, elle sert de combustible-aux habitants, et verte, elle récrée la vue par ses fleurs bltaches et disposées en grappe terminale. On trouve fréquemment dans-cette même partie des terres où croît le scilla, une espèce de rubia, dont la tige est peu rameuse, mais très- frutescente. Ces deux plantes rappellent singulièrement ee que nous 8.


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