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de 1 histoire ( i ) , et confirme par Scylax (a). Suivant ces auteurs, le sjlphium ne commençait à croître qu’au-delà de l’île Platée. Hérodote détermine même les limites occidentales où cesse de croître cette plante; j ’aurai bientôt l’occasion de prouver la grande exactitude de cette autre indication. Je dois maintenant me borner à faire remarquer que, dans toute la Marmarique, je n’avais trouvé aucune plante qui offrît la moindre ressemblance avec la description que les anciens nous ont laissée du sjlphium; tandis que, dès que j ’eus franchi les sommités qui dominent Ras-el-Tyn, la grande Chersonèse des anciens, je vis fréquemment une espèce d’ombellifère, laserpitium derias, dont l’identité avec le sjlphium a déjà été appréciée (3). Quoique ce canton fût abondamment pourvu d’eau une grande partie de 1 annee, cependant, pour remédier à la sécheresse de l’été, les anciens habitants avaient creusé et revêtu de belles assises plusieurs citernes le long des bords du Temmimeh, afin de profiter, pour les remplir, des débordements annuels du torrent. Les A rabes, qui apparemment n’ont pas compris ce motif, ont laissé exhausser les bords du torrent, et combler par conséquent la plupart des anciennes citernes ; pour suppléer à cette p erte, ils ont eu 1 habileté de creuser dans son lit même, formé de terres salees, des fosses qui n on t que le médiocre inconvénient de rendre l’eau (1) L. IV, 169. (2) Scylax , édit. Voss. p. 45. (3j Voyez le rapport des commissaires de la Socie'té de Géographie sur mon Voyage, dans les nouvelles Annales des Voyages, t. X X X , avril 1826, p. io 3. Un savant Italien qui a traduit ce rapport en y ajoutant des notes ( Antologia , septembre 1826), appuie le doute que j ’ai d’abord manifesté sur l’identité du sylphium des anciens avec mon laserpitium derias, doute que je ne me suis réservé qu’afin de ne point renverser de mon autorité privée les traditions de quelques écrivains de l’antiquité relativement à la situation qu’ils assignent à cette plante. C est au célèbre géographe dont nous déplorons la perte toute récente, c’est à feu M. Malte-Brun que j ai laissé le soin de concilier l’invraisemblance que la nature du sol oppose aux récits de ces auteurs. Cette invraisemblance, il l’a expliquée avec la judicieuse et profonde critique qui accompagne tous ses écrits. Quant à moi, je suis porté à insister fortement sur cette identité; j ’en exposerai les raisons dans la seconde partie de cette relation, en développant tous les faits qui concernent cette plante, et que je n’ai indiqués que très-légèrement jusqu’ici. presque impotable, et qui se changent même tout-à-fait en salines à quelque distance des bords de la mer. Nous voici arrivés aux limites de la Marmarique (1). Les ressources que les citernes présentent à l’habitant actuel de cette région peu favorisée du ciel, et l’utilité bien plus grande qu’elles acquirent en des temps plus reculés et sous des hommes plus industrieux, m’engagent à réunir, quelques observations sur la différente manière dont elles furent creusées; cette différence nous offrira celle de leur origine. Ces excavations, selon la nature du sol où elles ont été faites, sont ou creusees dans le roc v i f , ou bien revêtues d ’assises régulières, ou simplement étayées par des pierres brutes. J’ai cru reconnaître celles qui appartiennent aux Grecs et aux Romains, tant à leurs grandes dimensions qu’à la perfection du travail. Celles-ci (1) Les auteurs anciens sont peu d’accord sur les limites qu’ils donnent à la Marmarique .et à la Cyrénaïque. Le nom de la première de ces contrées, inconnu au père de l’histoire, figure dans les écrivains postérieurs, d’abord comme donné collectivement aux peuplades qui l’habitaient, et ensuite chez d’autres comme désignant la contrée elle-même. Parmi les premiers, Scylax place les Marmarides entre le bourg Apis et les Hespérides; Pline entre Paroetomum et la grande Syrte, et Strabon leur fait occuper tout le pays compris entre la partie méridionale de Cyrène, l’Égypte ét l’Oasis-d’Ammon. Parmi les seconds, Ptolémée donne le nom de Marmarique à la contrée située entre le nome libyque et la vil|e de Darnis; Agathemère fait commencer également la Marma- 1 ique à la Pentapole et 1 étend jusqu’à l’Égypte, sans en excepter le nome de Libye. Les limites de la Cyrénaïque offrent plus d’indécision encore; selon Strabon, Pomponius et Sobn, elle occuperait tout l’espace compris entre le Catabathmus, les autels des Philænes et 1 Oasis d’Ammon. Pline lui donne les mêmes limites que ces auteurs à l’orient, mais il prolonge son étendue vers l’occident jusqu’à la petite Syrte; Éthicus, au contraire, adopte leurs limites occidentales, mais il prolonge celles de l’orient jusqu’à Paroetonium. Enfin, Isidore de Séville lui donne pour confins la grande Syrte et le pays des Troglodytes à l’occident, l’Éthiopie au midi, et l’Égypte à l’orient, et il divise cette vaste région, de nom seulement, en Libye Cyrénaïque et en Pentapole. Sans me perdre dans le dédale qu’offrent des opinions si contradictoires, mais afin de mettre quelque ordre dans la, description de ces contrées, j ’ai adopté les limites que leur assigne Agathemère. Ainsi j ’appellerai Marmarique la contrée située entre f’Égypte et les montagnes de la grande Chersonèse, le R a s -e l-T y n actuel; et la Cyrénaïque. suivra à l’ouest'jusqu’au tond du golfe de la Syrte. J’ai cru ces limites préférables, en ce quelles paraissent être indiquées par la nature elle-même.


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