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précision la partie du littoral qui nous occupe : je trouve, en effet, une journée de navigation ou douze lieues de distance entre les ruines situées auprès de Magharat-el-Heàbès, qui correspondent, comme nous l’avons dit, à Petras parvus, et Ras-el-Tyn, l’ancienne Chersonèse. L ’on voit également dans cet intervalle l’île d’Ain-el-Gazai et celle de Bomba, et cette dernière est peut-être la seule de la Marmarique qui offre encore de nos jours un bon mouillage (i): A six heures de distance à'Ain-el-Gazai, les hauteurs de Toubrouk contournent brusquement vers le sud; selon les Arabes, elles se prolongent jusqu’aux monts Cyrénéens, et forment, conjointement avec eux, la vallée de Temmimeh, qui va en s’élargissant vers les bords de la mer. Le milieu de la vallée est coupé par le sillonnement profond d’un torrent ; d’après le même témoignage, il est formé en hiver par le gonflement des ravins des montagnes de la Pentapole, et se jette, ainsi que j ’ai pu le remarquer, dans le golfe de Bomba, à la hauteur de l’île du même nom. Ce torrent est le même sans doute que la rivière Paliurus, q u i, selon Ptolémée (2), prenait sa source dans un lac situé dans l’intérieur des terres. Ce n’est point ici le lieu d’expliquer la cause de la contradiction qui résulte des traditions anciennes comparées aux observations modernes : cette contradiction n’est qu’apparente, et j ’en développerai plus tard les motifs. Nous allâmes camper dans la même journée auprès du torrent encore à sec dans cette saison. Son lit, large de trente à quarante mètres, et dernes d’Anville, placent, il est vrai, l’île A'èdonia ou A'èdonis à celle connue actuellement sous le nom de Bomba, et ne font pas même mention de Platée, que je fais correspondre à cette dernière. Indépendamment des inductions topographiques et botaniques que j% v a is exposer sur le même sujet, il faut aussi considérer que l’île de Bomba est la seule à l’orient de Cyrène, qui paraisse susceptible d’avoir été long-temps habitée. Je trouve d’ailleurs un grand appui à ce rapprochement dans l’autorité du savant M. Mannert, qui place également Platée à l ’île de Bomba. (Geogr. des Grecs et des Rom. tom. X , part. 2, Pag- 39.) . . . . . ||H B (1) Les Arabes m’ont assuré qu’ils avaient vu souvent des navires abrités auprès de ces îles, particulièrement auprès de celle de Bomba. Les Maltais, avant de faire leur commerce de bestiaux avec les Arabes de Barcah, par Ben-Ghazi, le faisaient par le golfe de Bomba. J’ajouterai que, durant mon séjour à Gyrène, un corsaire grec fit une descente sur la côte du golfe, et enleva tous les troupeaux qu’il trouva dans les environs. (2) Cei/lar. Geogr. ant. tom. I l, p. 7 5. principalement ses bords très-exhaussés, sont couverts d’une forêt de tamarix atteignant quinze à vingt pieds de hauteur. Autour de ces arbres se groupent une foule de plantes et d’arbustes parmi lesquels je distinguai des soudes frutescentes, des éphèdra, et plusieurs sous - arbrisseaux presque tous propres aux terres salées. C ’est probablement du côté occidental de Temmimeh qu’il faudrait chercher les vestiges du temple d’Hercule cité par Strabori (1), et auprès de l’embouchure même de ce torrent, le bourg Paliurus, qui aurait partagé avec le p o r t ‘Ménélas, suivant Mannert (2), l’honneur d’être le chef-lieu d’un troisième nome libyque. Des pasteurs me dirent que l’on voyait sur cette partie de la côte quelques traces de ruines, mais sans monument encore debout. L ’épuisement et les maladies de presque toutes les personnes qui m’accompagnaient, ne me permirent pas de les quitter pour vérifier ces indications et explorer ces lieux intéressants. L ’aspect de X Ouadi-Temmimèh confirme la description que les anciens nous ont laissée d' A z ir is , de ce canton où les colons grecs séjournèrent si long-temps, et où ils bâtirent une ville dans les temps mêmes que le mont Cyra était encore habité par des hordes nomades. Hérodote (3) nous apprend que ce lieu était situé vis-à-vis de Platée, entre une rivière et des collines toujours vertes; on voit en effet la partie occidentale, de Temmimeh bornée d’un côté par les premiers échelons boisés des monts cyrénéens, et de l’autre par le torrent que je viens de décrire. Ce torrent, par son lit spacieux,. rappelle de même la rivière considérable (4) que le périple anonyme (5) place auprès de Nazaris, nom qui n’est évidemment qu’une corruption de celui d'Aziris. Enfin nous trouverons une nouvelle et importante preuve de concordance dans un renseignement de topographie végétale, transmis encore par le père ; Oi ) l . x y i ï , § i 7 . (â) Géogr. des Grecs et des Rom. t. X , part. 2, p. 19. (3) L. IV, i 57. (4) L ’habitude qu’avaient les anciens de donner le nom de rivière à des torrents et meme à de simples ruisseaux est suffisamment connue. (5) Iriar. Bibli. Matrit. v. I, p. 486.


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