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50 VOYAGE DANS LA MARMARIQUE sieurs ouvertures pratiquées au plafond, ainsi qu’aux catacombes des Égyptiens. Une de ces grottes, par sa belle conservation et ses détails architecto- niques, mérite d’être décrite (Voy. pl. V , fig. i) : après la cour découverte, qui a trente mètres de long sur dix-huit de large, est une espèce d’avenue ayant latéralement deux niches carrées destinées probablement à contenir des statues. Deux pilastres doriques ornent les côtés de l’entrée, devant laquelle croît un bel alizier ( Cratoegus mord) (i). L ’intérieur se compose de deux pièces:dans la première, la porte et le plafond sont à angles droits, tandis qu’ils sont voûtés dans la seconde. Celle-ci n’a que la moitié des dimensions de la précédente ; elle est taillée, en outre, sur un plan plus élevé de quatre-vingt-cinq centimètres. On y monte par quatre gradins. Cette seconde pièce contient au fond et à la moitié de sa hauteur cinq excavations oblongues, dont trois disposées horizontalement et deux au-dessus : leur forme et leurs dimensions ne permettent pas de douter qu’elles n’aient dû servir à contenir des sarcophages (Même pl., fig. 3). On voit sur les deux chaînes libyque et arabique de l’Égypte, des grottes sépulcrales offrant la même disposition. Ces différents traits de rapprochement avec les catacombes égyptiennes, et surtout leur proximité de situation du golfe de Bomba,, rappellent singulièrement ce qu’écrivait Synesius de Cyrène, sur le mont Bomboea : «Lieu sauvage, d it - il, fortifié par l’art et la nature, que « quelques-uns comparaient aux hypogées des Egyptiens, et qui avait pen- « dant long-temps caché la fuite de Jean dans ses cavernes sinueuses (2). » 51 l’on observe que, de toutes les grottes que l’on voit depuis Alexandrie jusqu’à la Syrte, celles-ci sont les seules qui puissent être comparées avec quelque exactitude aux souterrains des anciens Égyptiens; si l’on ajoute à cette remarque, le nom et la description du lieu qu’on trouve dans le passage de Synesius, on conviendra que ces différents traits offrent des rapprochements qui vont jusqu’à l’évidence (3). (1) C’est le seul que j’aie vu dans toute la Marmarique. (2) Synesii Epist. 104. (3) M. Mannert (Géogr. des Grecs et des Rom. tom. X , part. 2 , pag. io 5), tout en observant que Synesius n’indique pas la position de Bomboea, place néanmoins ces La petite baie dont j ’ai fait mention est environnée à son extrémité orientale de terres couvertes de lagunes et de plantes marines. Ces marécages sont le séjour, en été, d’une prodigieuse quantité de grenouilles, qui donnèrent dans l’antiquité leur nom au port Batrachus, situé d ’ailleurs, de même que cette anse, à l’oceident dePetrasparvus. Une belle source d’eau sulfureuse, nommée Aiiv-el-Gazal, forme un ruisseau à quelques pas de ce port, et confirme ainsi les autres détails que donne le périple anonyme sur ce lieu (r). Mais ses eaux, et celles de la source même, ne sont potables que dans les temps calmes, après qu’elles ont été dégagées, par leur renouvellement, de l’amertume que viennent y déposer les flots de la mer lorsqu’elle est agitée. Nous quittâmes A in -e l-G a za l le 3o; nous eûmes beaucoup de peine à traverser les bords glissants de l’anse : après avoir franchi ce passage, nous marchâmes, en contournant au nord-ouest sur un sable uni, entre les bords de la mer et les collines de Toubrouk, qui à ce point s’en rapprochent tellement qu’elles les côtoient à une distance de quelques minutes. Dès que nous fûmes arrivés à la hauteur de l’anse, je vis une petite île plate peu éloignée de la côte; et de ce même point j ’aperçus au large dans le nord-ouest l’île rocailleuse et élevée de Bomba. Selon le périple de Scylax, nul doute que je n’eusse devant moi l’île Aëdonia, et que je ne visse la fameuse Platée dans celle qui élevait plus loin ses flancs escarpés au-dessus des flots de la mer. Hérodote, qui nous a laissé beaucoup de détails sur Platée, n’indique que vaguement la position géographique de cette île importante ; mais Scylax, plus précis, s exprime de manière à ne nous laisser aucun doute sur sa situation. «Entre Petras parvus, dit-il, et la Chersonèse, distants « d’une journée de navigation, sont les îles Aëdonia et Platoea, ayant « chacune un port (2). » On ne pourrait décrire avec plus de clarté et de souterrains dans la partie méridionale de la Pentapole. Je ferai remarquer plus tard à ce savant critique, qu'à quelques lieues de distance des hautes terrasses qui bordent cette région au nord, on ne trouve plus, en s'avançant dans l'intérieur des terres, d’autres excavations dans la roche que des citernes, qui ne sauraient en aucune manière convenir a la description que Synesius fait de Bomboea. (1) Iriar. Bibli. Matrit. v. I , p. 486. (t) Scvl. Cary. Perip. («¡dit. Voss. p. 45). Plusieurs géographes anciens, et parmi les n,o


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