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boulevard de l’empire romain en Egypte ( i ’ . soit qu’on se rappelle qu’elle servit d’asile à la fuite d’Antoine et de Cléopâtre (2), et surtout qu’elle fut le point de départ d’Alexandre pour se rendre au temple de Jupiter Ammon. Parcetonium, autrement appelé /Inimonia, entouré de collines rocailleuses et stériles, ne dut apparemment la célébrité dont il jouit dans l’antiquité, qu’à son port bien abrité par une ligne de gros rochers, et dont la circonférence, au rapport de Strabon (3) , était de quarante stades. Les temps modernes viennent à l’appui de cette observation, puisque de tous les anciens ports de la Marmarique, celui de Berek, encore très-spacieux de nos jours quoique en partie envahi par les sables , était le seul qui a ttirât, naguère même, quelques djermes arabes, et occasionnât un peu d’activité et d’abondance, au milieu de la tristesse et de l’iSole- ment qui l’entouraient. Les V oulâd-Aly en avaient fait l’entrepôt de leur commerce, et plusieurs de leurs cheiks s’y étaient établis. Ceux-ci habitaient cette grande masure dont j ’ai fait mention, qu’ils appelaient orgueilleusement el Ka la ’h , la citadelle; de même qu’ils donnaient le nom de jardins à quelques bouquets de palmiers entretenus à force de soins, et dont il ne reste plus que des rejetons. Les environs de Berek étaient alors couverts de camps nombreux, qui se renouvelaient pendant toute l’année. Les caravanes de Syouah et d'Audielah y apportaient leurs dattes, et les habitants des points les plus éloignés de la Marmarique venaient échanger dans ce port leurs laines et leurs grains, contre les ihrams et les tarbouchs (4) de Derne et de T rip oli, ou contre les toiles, les armes et la poudre d’Alexandrie. Mais les projets du Pacha d’Egypte 11e s’accordaient point avec l’indépendance des Aoulad-Aly ; il voulut la détruire : la ruse et la force furent tour-à-tour employées ; il attira les principaux Cheiks à sa cour ; les fortifications furent détruites; en un mot,'cédant au génie de cet homme extraordinaire, les Aoulâd-Aly sévirent forcés d’échanger Berek (1) Procop. de Ædif. lib. V I, 2. (2)Florus, lib. IV, i i . (3) L. XVII, §8. (4) Bonnet de drap ronge que portent généralement tous les Orientaux. pour Damanhour et Alexandrie (1). Dès-lors les vents du désert couvrirent de sables ces restes de culture et d’habitations qui seuls, dans tout ce littoral, n’étaient pas encore devenus leur proie. Auprès des monuments de la Marmarique, et surtout auprès de ceux situés sur des élévations, il est rare de ne pas voir des tombeaux arabes. Cet usage est remarquable, en ce qu’il paraît tout-à-fait contraire aux idées religieuses des habitants. Selon leurs fausses traditions, auxquelles néanmoins ils ajoutent la plus grande foi, tous les monuments anciens ont été construits par des chrétiens, toutes les villes maintenant en ruines ont été habitées par eux. Or, comment concilier l’aversion qu’ils portent au nom de chrétien, et le dédain qu’ils témoignent pour leurs travaux, avec cet usage constant d’ensevelir les restes de leurs parents et de leurs amis, auprès de ces mêmes monuments dont ils méprisent et les auteurs et l’objet ? Je laisse à d’autres le soin d’expliquer la cause d’un choix si contradictoire avec le fanatisme et le genie destructeur qui caractérisent généralement ce peuple; Le peu d’art que les Arabes mettent à construire leurs tombeaux, contraste singulièrement avec les anciens édifices auprès desquels ils les placent. Des que le corps est couvert de terre, les honneurs tumulairesse bornent a 1 entourer d’un petit mür, ou d’une simple rangée de pierres en forme elliptique. Un éclat de roche brut, ou taillé en guise de turban, indique par la place qu’il occupe, celle où se trouve la tête du défunt. (Voyez pl. IV, 2.) Leur attention à ne point couvrir de pierres le corps même, a un but qui n’est pas dénué d’intérêt : Que la terre lui soit legere! Telle est là priere qu’ils adressent au prophète; et c’ést afin d ’en suivre le sens littéral, qu’ils écartent soigneusement du corps tout objet qui pourrait être trop lourd. On voit quelquefois, dans ces déserts, des tombeaux construits avec plus de soin; ils ont toujours la même forme, mais ils sont plus élevés, et les pierres sont liées avec du ciment. Ces tombeaux renferment le corps des Cheiks ou Santons. Il est d’usage parmi les voyageurs, et surtout parmi (t) Ces événements eurent lieu, suivant M. le général Mintitoli, en 1819. (Voyage à l’Oas. d’Ammon, p. 64.rte;


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