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»4 V O Y A G E D A N S L A M A R M A R IQ U E C’est ainsi qu’en observant, pour la première fois, les signes que l’on voit sur plusieurs monuments de la Marmarique, je fus d’abord frappé de leur bizarrerie, sans être toutefois tenté, ainsi que l’a fait M. Scholz, d’y reconnaître les traces précieuses, quoique très-obscures, d’un langage inconnu. Dès que j ’eus revu les mêmes signes sur de nouveaux monuments, et en dernier lieu sur les deux Kassaba -Zargah, non seulement je fus confirmé dans.ma première opinion, mais je crus reconnaître leur vraie origine par les observations que je vais exposer : Parmi ces signes, il faut d’abord distinguer les lettres grecques, avec lesquelles ils n’ont- aucune liaison, et que l’on voit aussi quelquefois sur les mêmes monuments. Elles sont gravées régulièrement ou irrégulièrement, ou bien elles appartiennent à des époques plus reculées, telles que les suivantes : A À Z A N AB BB BI\ /v /î h r , /ji y y Ces lettres, que j ’ai réunies ici, sont éparses sur différents édifices ; elles ne sont point des restes d’inscriptions, puisque on n’en voit jamais plus de. deux sur la même pierre de l’assise, et qu’elles sont isolées et placées quelquefois à une grande distance entre elles. Selon toutes les probabilités , elles auront servi de marques de repère aux architectes qui ont élevé ces monuments. Quant aux signes bien plus importants que ces lettres paree qu’ils n’appartiennent à aucun alphabet connu, et qu’ils ont fait naître une haute question de philologie , voici ceux que j ’ai recueillis dans la Marmarique (i): AU ^ \ 1 à == = |||° î 4 1 i f ilr / °i i (i) M. Scholz a donné dans son ouvrage (Voyag. d’Alex, à Paræt. p. 56) la plupart de ces signes. Ce que j ’ai dit sur la situation des lettres se rapporte également à celle des signes, en ajoutant que eeux-ci sont beaucoup plus multipliés sur les différents monuments, et disposés toujours irrégulièrement et très- souvent en désordre ; que les uns sont frustes, tandis que les ■ autres paraissent très-récents ; enfin, que les mêmes signes que l’on voit sur les édifices se trouvent quelquefois aussi sur des rochers, ce qui n’a pas lieu pour les lettres grecques. Après ces observations, il est inutile d’ajouter que ces signes ne peuvent être les traces Æun ancien langage, puisque leur situation respective ne permet pas de croire qu’ils aient pu former des mots. Néanmoins, si la question de philologie, posée par mon prédécesseur, perd de l’intérêt qu’elle a dû exciter dans le monde savant, la solution de l’objet qui l’a suggérée ne reste pas moins à donner ? Cette solution paraît d’abord se présenter naturellement, en donnant à ces signes la même destination qu’aux caractères ; mais, si je ne me trompe, ce serait détruire une erreur pour lui en substituer une autre. Que les érudits prêtent un moment d’attention à quelques observations, qui ne sauraient être remplacées par le secours de la science. Les Aouldd-Aly, et généralement tous les Arabesdu désert, ont l’habitude depuis un temps immémorial de distinguer leurs tribus par des marques. Leurs troupeaux et principalement les chameaux en portent l’empreinte ; elle sert à les reconnaître lorsqu’ils s’égarent, ou qu’ils se confondent avec ceux d’une tribu voisine. Chaque tribu d’Arabes et même chaque subdivision ou branche d’une grande tr ib u , depuis la Barbarie occidentale jusqu’aux confins de là Syrie, ayant sa marque particulière, on conçoitqu’il a fallu varier ces marques à l’infini, et les rendre souvent très-compliquées. A in si, lorsque la tribu forme une peuplade considérable, on ajoute à la marque générale d’autres indices accessoires qui servent à distinguer les grandes familles qui la composent, et par conséquent leurs propriétés. C ’est par cette raison que dans les tribus que j ’ai connues, j ’ai vu souvent la répétition du même signe distinctif, mais avec de légères différences, qui n’échappent point à l’oeil exercé du Bédouin. Pour ne parler que des contrées qui nous occupent, ce signe O et le suivant -+-, accompagnés d’un ou de plusieurs traits horizontaux = ou perpendiculaires |[ i. m


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