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du Golfe des Arabes. Ce promontoire nommé e lH e y f [ i) par les habitants actuels, est encore distant de douze heures de la petite Akabah; en parcourant cet espace, je ne vis plus rien d’intéressant sous le rapport d’antiquités. Plusieurs lieux, entreautres Asambak, Ghe/eirah, dont on peut voir la position sur la carte, ne présentent que de continuelles répétitions des ruines déjà décrites. Mais quelque peu fertile que paraisse maintenant ce canton, il dut être autrefois très-habité, puisqu’on n’y fait pas une demi-heure de chemin, sans y trouver quelques vestiges d’anciens villages, des réservoirs pour recueillir les eaux du ciel, et des canaux pour les diriger. Combien ces traces d'une nombreuse population, et ces témoignages de son industrieuse activité, contrastent avec la négligente indolence du sectateur de Mahomet ! Il préfère errer tristement dans cette contrée, cherchant quelques bandes de terre à cultiver, ou de mesquins pâturages pour ses troupeaux, plutôt que de rendre à ces terres leur fertilité primitive, en imitant l’exemple qu’il a sous les yeux. (i) Suivant Scylax, la situation d'el Heyf conviendrait à celle de Leuce-Acte que cet auteur place à un jour et une nuit de navigation de l’entrée du golfe de Plinthine, en ajoutant que de ce même point de départ, pour arriver à l’endroit le plus reculé du golfe, cet espace est double. Or, d’après ces distances, l’endroit le plus reculé du golfe ne peut être que l’ancien promontoire Hermoea, appelé actuellement Kanais, lieu dans lequel le Périple anonyme (Voy. Iriart., v. i , p. 485) et plusieurs autres auteurs (Voy. Cellar. v. I I , p. 66) font correspondre Leuce-Acte. Je laisse aux profonds érudits le soin de concilier, s’il est possible, ce passage de Scylax avec les traditions de la plupart des anciens géographes. Je me bornerai à remarquer que, d’après ces derniers, le promontoire El-Heyf conviendrait à la situation de Deris; quant à la Roche-Noire, que Strabon indique auprès de Deris, on pourrait au besoin, comme je l’ai déjà observé, la retrouver dans les écueils qui entourent El-Heyf et les nombreux vestiges d’habitations que l’on voit à l’Ouest de ce cap, et à quelque distance de la mer, rappelleraient aussi les petits bourgs Antiphroe, mentionnés par ,1e même auteur (l. XVII, § 8.) CHA P ITR E II. Akabah-el-Soughaïer. — Kassaba-Zarghah. — Lettres et signes sur les monuments. -— Paroetonium. — Tombeaux arabes.— Apis. — Les Hedjadjs. — Pluies. PtolÉmfæ fait mention de deux Catabathmus dans la Marmarique (i); ét ce nom qu’il donne à deux anciens bourgs désigne également, comme on sait, les vallées qu’ils dominaient. Que les Arabes aient été guidés par cette tradition ou par le simple aspect des localités, il est toutefois remarquable qu’ils appellent aussi Akabah-elrSoughaïèr et Akabah-el-Kébir, c’est-à-dire la petite et la grande descente, les mêmes lieux nommés Catabathmus parvus et Catabathmus magnus par le géographe d’Alexandrie. Les collines dé l’Akabah-el-Soughàier s’avancent dans la mer, où elles forment le cap Kanais (2), probablement Y Hermoea extrema du même auteur ; leur direction est du nord au sud, et selon les Arabes, elles se prolongent par mamelons jusqu’à l’Oasis de Gharah, en décrivant une légère inclinaison vers l’ouest. Ces collines, qui ont environ cinq cents pieds au-dessus du niveau de la mer, sont pour ainsi dire le premier échelon des hauteurs qui s’élèvent progressivement jusqu’aux montagnes de la Pentapole; nous les traversâmes le t4 à midi, et nous allâmes camper le soir auprès d ’un torrent formé par les eaux des pluies. Les deux rives du torrent étaient couvertes de camps d ’Arabes ; la couleur foncée de leurs tentes contrastait avec le vert pâle d’une végétation naissante. La nature commençait à sortir de l’état de langueur au- (1) Cell. Géog. anti. t. I I , p. 66. Polyb. Excerp. CXV. (2) Depuis Aboutir jusqu'à la grande Akabah le rivage est le plus souvent formé par une digue de sables blanchâtres ; je n’ai pu vérifier si les bords du cap Kanais offraient un endroit quelconque dont le sol fut tellement blanc, qu’il lui ait fait donner, dans l’antiquité, ia dénomination spéciale de Leuce-Acte.


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