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d’autant plus que le style, la distribution de ce monument, et l’inscription arabe qu’on y remarque, prouvent irrévocablement sa vraie destination. En effet, le Kas sr - Lamàid est divisé en deux étages; il forme un grand carré, dont chaque côté est flanqué d’une tour également à angles droits : celle du sud donne entrée au château par une porte dont les montants et le linteau sont en grosses masses de granit rose. Ainsi que les châteaux forts du moyen âge, celui de Lamaïd avait une seconde porte de clôture, immense dalle qu’on soulevait par des chaînes en fer, à travers une coulisse pratiquée au-dessus de l’entrée du château. Sur la façade étaient deux lions en ronde bosse posés sur une corniche ornée d’arabesques; on n’en voit plus que les restes défigures (Voyez pl. III). Mais ce qui rend les ruines de Lamàid intéressantes pour l’histoire , c’est l’inscription suivante, sculptée en relief sur une frise en forme d’ogive, et ornée d’arabesques d’un travail très-soigné (i): >' !— 1 ^XJLlt JâiïNt ^LhluJt , jd 1 1 8 A» fo?b y t 1 "*.’ y.1 <j£j fjl^ 'T&Jl '-îXl' . y,LUI a^».| u jjÂél . . . Jaa ijUI Alltel « Au nom de Dieu clément et miséricordieux : la construction de ce k château a été ordonnée par le fortuné seigneur (a) le sultan très-grand, «le roi éminent, roi des Arabes (3) , maître souverain des nations, co- « lonne du monde et de la religion, père de la victoire, Bibars, partisan « ( ou allié ) du prince des fidèles (que Dieu glorifie son ouvrage), et exé- « cuté par le pauvre serviteur (4) sur qui soit la miséricorde divine, « Ahmed (ou Mohammed) el Taher, el Iaghmouri (5). » Ainsi que toutes les inscriptions musulmanes, celle-ci commence par (1) La traduction de. cette inscription, et les notes qui s’y rapportent, sont de t M. A. Jaubert. (2) Mot à peu près illisible. (3) 11 manque ici un mot. (4) Même observation. (5.) Ce dernier surnom indique une origine turque. Voyez, au surplus, sur la signification du mot , l’article inséré par M. de Sacy dans le Journal des Savants, cahier de septembre 1825, pag. 526 et 53o. le bismillah; ce sont peut-être ces paroles religieuses qui auront induit M. Scholz en erreur. Nous passâmes la journée du 10 auprès de Lamcùd. Le 11, après quatre- heures et demie de marche au sud-ouest du château sarrasin, je trouvai les ruines d ’un monument appelé Kassabah el Chammameh. J y remarquai des détails architectoniques qui me firent vivement regretter sa grande destruction. Cet édifice était carré, et pouvait avoir vingt mètres environ de longueur de chaque côté; il paraît avoir été divisé en deux étages; on voit encore dans l’intérieur, sous un amas de décombres, trois voûtes qui occupent toute la surface du monument, et s’élèvent à quatre ou cinq pieds au-dessus du niveau du sol. L ’angle oriental de l’édifice est la seule partie encore debout ; sur une de ses faces extérieures le mur forme trois rentrées prises dans son épaisseur; elles dessinent une porte, aux côtés de laquelle sont deux colonnes engagées, ornées de chapiteaux à fleur de lotus, imitation grossière du style égyptien ( Voyez pl. V , fig- 4)- Ce monument était construit en grandes assises de grès, posées sans ciment, et l’épaisseur des murs était monolithe. Si à ces caractères, qui indiquent, ainsi que je l’exposerai plus tard, la date la plus reculée qu’ait eue l’architecture dans cette contrée, l’on joint les petites proportions de cette construction, les voûtes qu’elle renferme, et les détails architectoniques qu’elle offre, l’époque où elle fut élevée est certaine, et ces ruines pourront être classées au nombre des monuments Lagidéens, dont nous avons déjà vu le plus remarquable à Abousir. Selon les Arabes, on trouve à quelque distance plus à l’est d’autres ruines semblables à celles-ci; ils les nomment aussi Chammameh. Les intempéries de la saison me forcèrent d ’aller rejoindre ma caravane, et je ne pus les visiter; mais s’il était permis de tirer des inductions d’un rapport fait par les Arabes, ces nouvelles ruines auraient des détails approchants de celles que j ’ai décrites, puisque les unes et les autres, disent-ils, prennent leur nom de la ressemblance qu’offrent leurs petites colonnes engagées, avec des chandeliers, chammameh. Je rejoignis ma caravane à Dresièh, ruines d’une ancienne ville située à peu de distance de la mer. L à , comme presque partout ailleurs sur ce


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