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réputé dans l’antiquité par ses vignobles ( l ) , et dont le territoire, au temps de Macrizy, était couvert de jardins et de maisons qui se prolongeaient jusqu’à la province de Barkah. Dans l’espoir de découvrir dans cette vallée quelques vestiges de son ancienne splendeur, le 8, tandis que ma caravane se dirigea sur Bourden, puits situé à six heures à l’ouest d'Abousir, je la quittai avec M. Müller pour aller faire une excursion dans l’intérieur des terres. Après cinq heures de marche, au sud-est, nous traversâmes les ruines d’un ancien bourg, nommé Boumnah, où, parmi des tas de pierres, je remarquai une construction ayant au fond une pièce cintrée, ornée de deux colonnes. Ce monument, que je crois romain, offre les mêmes détails que les nombreux sirèh, que l’on trouve si souvent et mieux conservés dans la Pentapole, et sur la destination desquels j ’exposerai par la suite mes idées. Entre Abousir et Boumnah sont encore d’autres vestiges d’anciens villages, et les restes bien conservé? d’un canal large d’un mètre, formé de deux seules rangées de pierres revêtues intérieurement d’un ciment rougeâtre. De Boumnah nous nous dirigeâmes vers le sud ; le pays que nous parcourions est légèrement ondulé, et couvert de terres argileuses partout susceptibles de produit : néanmoins une petite partie seulement est cultivée en céréales par les Arabes Sénenèh, un des quatre corps ou bednat, de la grande tribu des Aoulâd-Aly. Les traces d ’anciens bourgs, que nous rencontrions fréquemment, indiquent, il est vrai, que ce canton a été jadis très-habité; mais leurs squelettes épars gisent sur des plaines immenses où règne une silencieuse et triste nudité. • De ces bosquets, de ces jardins, mentionnés par l’historien arabe, il ne reste pas le moindre indice; bien plus, aucun arbre, même sauvage, n’ombrage cette contrée ; la végétation y est généralement ligneuse, mais (i) S t r a b . liv . XVII, 8, pag. 353 de la trad. franç. VmG. Géorg. liv . I I , v. 9 1 . Hor. Od. 3'7, v . 1 4 . jamais arborescente, même dans les enfoncements qui servent d’ecoule- ment aux eâux des pluies. Le Kassr-Ghettadjiah, situé à dix heures au sud de Boumnah, répond mal à la description pompeuse que les Arabes m’en avaient faite. C ’est une petite mosquée isolée dans les sables, et construite avec les débris d’un ancien monument (Voy. pl. I I , 1). Deux colonnes, l’une de porphyre bleu l’autre de granit rose, sont renversées au milieu de son enceinte (Voy. pl. V , fig. 5). Au dehors on voit aussi d’autres tronçons de colonnes, mais calcaires; et à quelque distance de la mosquée on aperçoit les traces d’un village arabe avec des restes de voûtes en ogive. La situation de Ghettadjiah, au milieu des sables, prouve Un empiétement du désert sur les terres cultivables. Cet empiétement provient sans doute de la nudité actuelle de ces lieux, jadis couverts d’arbres de toute espèce, et de l’absence de collines assez élevées pour opposer une barrière à l’invasion des sables. Il est probable qu’après quelques siècles encore, ces sables, poussés par les vents du midi, continuant leur envahissement , finiront par couvrir les terres de la vallée Maréotide pour aller s’unir aux flots de la mer (1). Du Kassr-Ghettadjiah nous fûmes rejoindre la caravane à Bourden, où elle nous attendait; en parcourant cette ligne, je vis encore d’autres ruines nommées Abdermain et el Hammam, mais je n’y trouvai rien de remarquable. Le 9, nous quittâmes Bourden, et allâmes camper dans la même journée à Lamdid, château sarrasin, situé aux bords de la mer, à six heures de distance du lieu précédent. J’ai été surpris,'en lisant la relation du voyage de M. Scholz dans la Marmarique, d’y voir désigner Lamdid sous le nom de Mosquee (a), (1) Cette remarque est aussi fondée sur l’aspect qu’offrent plusieurs endroits dans les Oasis. La plupart des ruines et des monuments que l’on y voit, et qui ne sont point abrités par des collines, sont isolés dans les sables. La raison en est que les chrétiens, et après eux les Arabes, ont, par esprit de religion, établi leurs demeures loin de celles des anciens habitants. Ces dernières se trouvant ainsi abandonnées, les arbres qui les entouraient ont péri faute de soins, et ce rempart détruit, le désert s’est avancé. (2) Reise in die Gegend zwichen Alexandrien und Paroetonium. Schobz, pag. 02. * 2.


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