Page 34

27f 59

pierres qui forment ses assises, l’absence de tout symbole hiéroglyphique et de tout ornement qui s’y rapporte, j ’ajouterai encore, l’aspeet général de ce monument, indiquent son origine grecque. Quant à son époque, on peut avec vraisemblance, et je dirai même avec certitude, la faire remonter à ces temps où l’Égypte, soumise aux Ptole- mées, conserva néanmoins le caractère originel de son architecture, et fut en cela souvent imitée par ses nouveaux maîtres, qu’elle n’imita jamais. A peu de distance des ruines de ce temple, sont les restes d’un autre édifice, connu par les marins sous le nom de Tour des Arabes. Il figure effectivement une tour posée sur un grand socle quadrangulaire, et divisée en deux étages, dont l’inférieur est octogone, et le supérieur rond et plus rétréci (Voyez pl. I I , 2). A la partie sud du rocher sur lequel elle est bâtie on voit une grotte funéraire, divisée en deux pièces, où l’on remarque trois niches larges et peu profondes ; le tout est d un travail peu soigné. M. de Chabrol et plusieurs autres membres de la commission d’Égypte ont présumé que cette tour avait été élevée parles anciens Grecs, pour servir de phare ou d’amers aux vaisseaux qui s’approchaient de cette côte dangereuse (t). Les indices d’un escalier que 1 on remarque sur la partie octogone .de la tour confirment l’exactitude des observations des ingénieurs français, de même que l’aspect du monument rend leurs conjectures très-probables. Les ruines d'Abousir sont, en majeure partie, situées sur le revers méridional de la colline; une digue, allant de l’est à l’ouest, fut construite au sud de la ville, peut-être pour préserver ce côté des inondations du Maréotis. Parmi des monceaux de pierres on distingue les fondements d’une construction, subdivisée en plusieurs pièces, et revêtue de ciment; ces ruines rappellent les bains dont Justinien, au rapport de Procope(2), orna la ville de Taposiris. La colline forme en plusieurs endroits des grottes naturelles qui ont dû servir de tombeaux; les anciens ont aidé ces accidents en élargissant les entrées, ou bien en ménageant des descentes par des escaliers tailles dans le roc. Leurs façades sont quelquefois ornées de corniches d un travail (1) Cour. d’Égy, 24 vent, an IX , n. 107. . (2) De Ædif. 1. Y I , 1. > grossier, mais ayant quelque analogie avec le style égyptien , sans être toutefois ornées du globe ailé, ni d’aucun hiéroglyphe. On voit aussi sur le penchant de cette colline plusieurs citernes avec des ouvertures échan- crées pour recevoir des couvercles, et de petits bassins formant échelons; ils étaient destinés à recueillir les eaux des pluies, qu’ils se transmettaient par des auges jusqu’à l’orifice des citernes. Abousir me paraît être l’ancienne Taposiris, tant par l’analogie du nom que par sa situation à une journée de distance d’Alexandrie (1). Strabon dit, il est vrai, que cette ville n’était point sur les bords de la mer, et il la distingue de Plinthine, que plusieurs géographes, anciens et modernes, placent en ce lieu. Cette contradiction s’explique facilement, si l’on considère que les ruines d'Abousir se trouvent, comme je l’ai dit, à une petite distance de la mer, et si l’on place Plinthine un peu plus à l’e st, auprès d’un enfoncement insensible que forme la côte. Cette conjecture déjà émise par le savant M. Champollion le jeune (2), me paraît aussi appuyée par le périple anonyme, qui seul nomme Posirion, ville sans port avec un temple d'Osiris, à sept stades de Plinthine (3). Il faut sans doute ranger au nombre des traditions purement gratuites, celle que nous a transmise Procope (4) sur le prétendu tombeau d’Osiris, qui aurait été élevé à Taposiris, puisque, comme l’on sait, la mythologie égyptienne plaçait le tombeau de ce dieu à Philæ, et que les symboles dé cette fable religieuse se trouvent encore de nos jours représentés sur les monuments de cette île. Je- dirai plus, j ’ai vainement cherché parmi les ruines d’Abousir quelques vestiges des monuments de l’ancienne Egypte, je n’ai rien pu découvrir qui en eût le caractère propre, et tout-à-fait distinctif. Hors les ruines du temple, qui n’offrent que des rapprochements avec le style égyptien, et que l’on ne peut faire remonter, ainsi que je l’ai observé, au- delà des premiers Lagides, tout le reste est purement grec, romain ou arabe. (1) P roco p e , de Ædif. 1. Y I , i . (2) Voy. l’Egypte sous les Phar. t. 2, p. 267 , 268. (3) I r ia r t e , Bibl. Matri. vol. 1 , p* 4§.5. (4) Procope , Ibid.


27f 59
To see the actual publication please follow the link above