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les couronnes, et le troisième, dans l’attitude d’orateur, semble attirer l’attention du peuple groupé auprès de lui. Tel est l’effet, qu’indépendamment de toute induction scientifique, produit au premier coup d’oeil cette peinture intéressante. PLANCHE LI. PEINTUR E TROUVÉE DANS L’IN TÉR IEU R D’UNE GROTTE DE LA NÉCROPOLIS DE CYRÈNE. Un berger y est représenté la houlette à la main, entouré d’un troupeau, et portant un mouton sur les épaules. On reconnaît bien là le bon pasteur de la chrétienté, d’autant plus que la roideur des draperies et le mauvais goût du dessin indiquent le moyen âge, époque de la décadence des arts. Mais voici encore autour du tableau des poissons de différentes espèces posés en offrande, intention tellement évidente, qu’ils sont trois fois au moins plus grands que les moutons et le berger, et que l’artiste les a détachés du fond du tableau par une forte ombre, comme s’il avait voulu les y représenter suspendus en ex-voto. PLANCHE LU. PEINTUR ES TROUVÉES DANS l ’i N TÉRIEUR d ’ü NE GROTTE D E LA NÉCROPOLIS d e c y r è n e . i Paroi D; 2 Paroi DX. Elle représente une chasse et un cirque. La première surprend au premier aspect, à cause du cerf qui en forme le principal sujet, et contre lequel un chasseur anime le soulouc, qu’il retient d’une main par un lien, et de l’autre agite un fouet pour stimuler son ardeur. Or, le cerf, comme Hérodote a pris soin de l’affirmer, et malgré l’erreur commise par les Maronites dans la géographie nubienne, ne se trouve nulle part en Afrique. Il fut donc apporté par les Grecs' dans la Pentapóle libyque; cette peinture semble l’attester, de même que la cause de la naturalisation dans cette contrée peut être expliquée par d’autres monuments. Il faut sans contredit l’attribuer au culte de Diane, une des principales divinités des Cyrénéens. La seconde est fort bizarre, en ce qu’on y voit confondus des animaux féroces, tels que le lion, le léopard s’élançant sur un taureau, avec un bouc, des gazelles et deschiens lévriers, que Ton reconnaît de suite pour les souloucs indigènes de l’Afrique septentrionale. PLANCHE LIII. PE INTUR ES TROUVÉES DANS ¿IN T É R IE U R d ’ü NE GROTTE DE LA NÉCROPOLIS d e c y r è n e . i Paroi -C ; 2 Paroi a. tOn y remarque une s c è n e représentant la lutte et le pugilat. Certes voilà des formes athlétiques bien prononcées, et exposées dans tout leur jour : pas même une simple feuille de vigne ! D’une part les efforts, et de l’autre l’aplomb, sont assez bien indiqués. Le sang coule des blessures et rougit le sol ; une des malheureuses victimes gît étendue sur l’arène ; du moins c’est là l’intention de 1 artiste; car, bien que l’athlète soit peint au-dessus du tableau comme s’il nageait dans les airs, il est censé placé sur un plan horizontal; mais cette inexpérience de perspective est trop connue dans les peintures antiques, pour que nous soyons surpris de la retrouver ici. La même réflexion s’applique à la position aérienne de deux vases contenant l’huile et les pinceaux qui servaient à oindre le corps : ces détails n’offrent aussi rien que de très-connu. Il n en est pas de même d’un scorpion suspendu à une main isolée, et ainsi représenté à côté du tableau. J’ignore si ce reptile dépourvu de venin peut devenir, comme tant d’autres, l’antidote du mal; mais il est remarquable que les habitants actuels de la Cyrénaïque se servent, disent-ils, du scorpion pour arrêter la putréfaction des blessures. La paroi suivant celle décrite plus haut était entièrement occupée par un combat de gladiateurs dont il ne reste malheureusement qu’un fragment. Les combattants, couverts de cuirasses, ont la figure garantie par un masque, et la tête ornée de grands panaches de diverses couleurs. Cette dernière particularité est remarquable en ce qu’elle n’existe, que jè sache, dans aucun des sujets antiques analogues à celui-ci; ce qui permet de croire que cet usage était local. Un homme à tête découverte, sans armure, et ayant seulement une baguette à la main, arrête le vainqueur; tout porte à croire que ce personnage représente un héraut du camp. Quant aux détails de cette peinture relatifs aux diverses parties de l’armure et des gladiateurs, ils n’offrent rien qui ne soit connu par d’autres monuments anciens funéraires de l’antiquité, et notamment par les sculptures du tombeau de Scaurus, découvert aux ruines de Pompéi. PLANCHE LIV. PEINTURES TROUVÉES SUR LA FR ISE d ’ü N TOMBEAU, A CYR ÈN E. Ces peintures sont dans une petite salle dont les parois, très-unies et peintes d’un vert tendre, lui donnaient plutôt l’air d’un riant cabinet aérien que d’une excavation sépulcrale. Le fond de cette jolie grotte en rappelle seul la destination; il est occupé par un sarcophage creusé dans le roc, et couronné d’une frise en triglyphes, contenant dans chaque métope une peinture élégamment mimée, et d’une conservation parfaite. Mais ce qui augmente la surprise, c’est de reconnaître dans la série de ces petits tableaux les principales phases, ou les diverses occupations de la vie d’une esclave noire; du moins telle est l’induction


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