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que j’ai tirée de ces charmantes peintures. J’ai cru y distinguer successivement les entretiens de l’amitié, l’éducation de jeune fille, l’ambition de la parure, les délassements figurés par l’exercice de la balançoire,.le bain si nécessaire dans la brûlante Libye, et enfin le triste lit de mort sur lequel la négresse est étendue, les yeux éteints, et paraît être regrettée de son maître, le blanc Cyrénéen, que l’on voit à côté d’elle dans une attitude de douleur. La coiffure et le costume de ces miniatures ne sont pas moins remarquables, tant par la forme que par la couleur. Les longues robes bleues sans agrafes, et les schalls rouges entrelacés avec les cheveux, ou couvrant la tête en guise de turban, offrent une analogie frappante avec l’habillement des modernes Africaines, et principalement avec celles qui habitent le Fezzan. PLAN CH E LV . INTERIEUR D’UNE GROTTE SÉPULCRALE CHRETIENNE : NÉCROPOLIS DE CYRÈNE. Lors même que les peintures qui en couvrent les parois n’offriraient pas le témoignage certain de cette époque religieuse, une inscription cursive, précédée de la croix, la prouverait irrécusablement. Mais il convient de donner auparavant une idée de l’architecture et de la distribution de ce nouvel hypogée. Le fond a un aspect vraiment monumental : un sarcophage s’y trouve creusé avèc un art infini dans la paroi; il est orné de guirlandes et de têtes de bouc, et couronné d’une petite voûte en plein cintre, sculptée en coquille : latéralement au sarcophage sont deux niches décorées chacune d’un vase d’une forme très-élégante. Les autres côtés de l’hypogée qui forment angle droit avec celui du fond, contiennent aussi des sarcophages et des cintres, dont les uns sont couverts de peintures, et les autres offrent les mêmes détails que le précédent. Ces irrégularités qui choquent dans la description, ne déplaisent pas à la vue du monument, puisqu’elles en varient l’aspect, et qu’elles correspondent d’ailleurs symétriquement entre elles. Quant aux peintures qui le bariolent bien plus qu’elles ne l’embellissent, voici quels en sont les emblèmes. Celui qu’on y a le plus souvent reproduit est la vigne du Seigneur ; mais ce symbole des premières époques de la chrétienté, n’imite pas mal ici, par sa disposition, le thyrse de Bacchus. La voilà avec ses longues lianes, ses grappes pourprées, et ses larges feuilles grimpant autour de longs bâtons placés à côté des sarcophages. Autre part elle couvre des treillages figurés dans l’intérieur des cintres, ou bien elle forme une frise de festons tout autour du monument. Après cet emblème, le paon, accompagné de poissons, est celui qui frappe plur sieurs fois les yeux. Dans d’autres grottes de la Nécropolis, je l’ai rencontré quelquefois peint isolément au-dessus de sarcophages , et je le vois ici formant le sujet principal d’un tableau qui occupe toute l’étendue d’un cintre. Il est placé dans un panier à anses, déployant circulairement la queue au milieu de bouquets de fleurs, parmi lesquelles il n’est point superflu de nommer des soucis et des pensées, qu’on aperçoit parmi des touffes de roses. L’oiseau de Cérès est sans doute représenté dans ces lieux funèbres en guise d’offrande; j’en ignore la cause allégorique. P LAN CH E LV I. VUE D UN SA R CO PH A G E, DANS L ’iNTÉR IEU R d ’u NE, GROTTE A CYRÈNE. Elle est située à l’ouest de la Nécropolis de Cyrèiïe; le sarcophage qui s’y trouve est magnifique, il est en marbre blanc avec son couvercle. Cette grotte, dont 1 entrée et l’intérieur sont très-détériorés, formait une pièce ayant trois subdivisions, dont deux latérales à l’entrée, et la troisième au fond. Elles contenaient chacune un sarcophage en marbre de stylés différents. Celui-ci est le seul conservé; il a sur sa façade quatre cariatides, dont deux figures de filles et deux de garçons. Ces figures, ainsi que tous les autres dessins, sont sculptées en bas-relief; elles soutiennent des guirlandes composées de feuilles de différentes espèces, de fleurs et de fruits. Au milieu et entre la guirlande soutenue par les figures de filles, est une tête de grandeur naturelle; au milieu du cou est un noeud avec deux gansés. Entre les deux autres guirlandes, soutenues de chaque côté par deux cariatides de deux sexes, sont des têtes d enfant. Les figures sont d’un bon style; les draperies sont bien ménagées, et nouées à la grecque au-dessous du sein. Des trous ont été pratiqués en différents endroits sur cette façade, par les Arabes, dans le but de connaître ce que contenait le sarcophage avant qu’ils aient pu remuer le couvercle, qui se trouve maintenant un peu détourné. Aux deux côtés qui forment les extrémités du sarcophage est un simple réseau, au milieu d’une guirlande de même nature que celles de la façade, mais le dessin est brut. Il a sept pieds cinq pouces de long sur trois pieds huit pouces de large; la hauteur de la caisse est de trois pieds trois pouces, et celle du couvercle d’un pied trois pouces. PLANCHE L Y 1I. f r a g m e n t s d e s a r c o p h a g e s e n m a r b r e . Dans une chambre voisine de celle où j ’ai trouvé le sarcophage décrit plus haut, je fis déblayer différents blocs de marbre; un beau fragment m’offrit un guerrier armé de sa cuirasse, paraissant prêt à immoler une mère dont le fils est étendu à ses pieds. Ce même fragment, qui est la base mutilée du sarco- 49-


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