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Cyrene dans l’execution de ces droits, ils trouvèrent un puissant appui auprès d’Agrippa, qui ordonna expressément au préteur de Libye de les faire indemniser des pertes qu’ils avaient essuyées. Les Juifs de la Cyrénaïque paraissent d’abord avoir joui sagement de la protection de Rome : on apprend par un monument que, vers l’an 33 avant notre ère ( t ) , traités très-favorablement (dans la Pentapole), ils habitaient presque exclusivement la ville de Bérénice, et qu’ils y formaient ùn corps politique gouverné par des Archontes. Ensuite, abusant de cette protection, et enhardis par leur nombre, ils cherchèrent à leur tour à s’emparer du pouvoir. Ils causèrent, sous les règnes de Trajan et d’Adrien, des maux effroyables; e t, si l’on en croit les inductions de l’h istoire, ils dévastèrent tellement cette province par leurs massacres, qu’Adrien fut obligé d’y envoyer des colonies pour la repeupler. Mais depuis long-temps avant cette époque, une nouvelle religion avait pris naissance en Orient, et dans le cours d’un siècle elle s’était prodigieusement répandue, et avait pénétré dans les provinces les plus reculées de l’empire romain. Néron et ses successeurs voulurent en vain étouffer l’essor du christianisme; les moyens qu’ils employèrent, servirent au contraire à le propager; plus les persécutions se renouvelèrent, plus l’héroïsme des premiers apôtres de l’Évangile s’accrut; les martyrs succombaient en foule, et de nouveaux martyrs, vrais protées, reparaissaient de toutes parts. Cette religion obtint enfin un triomphe éclatant sous Constantin-le- (l) Cette date est celle que Fréret a assignée à l’inscription des Juifs de Bérénice; toutefois, pour en vérifier l’exactitude, il fitut attendre que le savant M. Champollion- Figeac donne, dans une nouvelle édition de Fréret (qu’il fera bientôt paraître, ainsi qu'il a eu la bonté de m’en informer), la vraie leçon de cette inscription et de cette date, d’après le monument original qu’il a eu en son pouvoir. Grand; en embrassant la foi de vérité, cet empereur voulut donner à ses états une nouvelle capitale qui n’eût pas pour témoins les dieux du paganisme, et ce fut de Byzance que partirent dès-lors les décrets qui allaient régler le sort des nations. L e . christianisme avait pénétré, dès les premiers siècles, dans la Cyrénaïque; plus tard, sous les auspices du pieux Justinien, la croix fut élevée dans cette province sur les autels mêmes de l’idolâtrie et du culte des Hébreux._ La ville de Borium, située à l’extrémité occidentale de la Pentapole, avait un temple dont les Juifs faisaient remonter l’origine au règne de Salomon. Ce temple fut changé en église chrétienne, et les sectateurs de l’ancienne loi se convertirent à celle que l’Homme-Dieu avait lui-même apportée sur la terre. De plus, s’il faut en croire l’historien de Justinien, on v it, à cette époque, la lumière de l’Évangile traverser les sables de la Libye, et pénétrer jusque dans le temple mystérieux d’Ammon; à son aspect, le corps sacré des Hiérodules abjura ses erreurs; l’oracle, qui avait déifié le conquérant du monde, se tut; et l’enceinte que la flatterie avait élevée au même héros fut consacrée à la mère du Sauveur, et ne retentit plus dès-lors que des louanges adressées au seul et vrai Dieu de l’univers. Mais, quelque grands que fussent ces triomphes de la religion chrétienne , une foule d’opinions différentes s’élevèrent, peu de temps après sa naissance, au sujet de son interprétation. Indépendamment de plusieurs schismes qui divisèrent les chrétiens sous diverses croyances, il naquit en outre une foule de sectes qu i, dans le but de perfectionner le christianisme , en dénaturèrent à tel point l’e sprit, qu’ils en firent rétrograder l’application jusqu’aux plus grands abus du polythéisme. Parmi ces sectes, aussi multipliées qu’elles sont restées obscures, était celle des Carpocratiens, fondée par Carpocrates, qui vivait à Alexandrie sous le règne d ’Adrien (t), (i) Matter, Mémoire sur les Gnostiques. d.


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