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cette ville, alors très-opulente malgré ses divisions, puisqu’elle lui offrit cinq mille talents (i) pour l’engag'er à abandonner son entreprise. Cependant le grand homme qui avait réuni à l’art brillant des conquêtes, celui bien plus utile d’une sage politique, Alexandre venait de mourir. Son vaste empire, dont lui seul pouvait supporter le poids, devait se dissoudre; en vain ses généraux, réunis autour du trône du monde, voulurent y mettre un successeur; ils ne purent y placer qu’un fantôme. Le fils de la danseuse Philline, l’inepte Aridée, frère du héros qui venait de s’éteindre, fut proclamé roi; mais le gouvernement de l’empire que ses mains inhabiles n’auraient su diriger, fut partagé entre les compagnons d’armes d’Alexandre, et Ptolémée obtint la province d’Egypte. Quoique Ptolémée n’eût été envoyé dans cette partie des états macédoniens que sous le titre de satrape, ses vues étaient plus élevées; et pour les remplir, il s’efforça de se Concilier l ’affection des Égyptiens par la douceur de son administration. Cette adroite mais bienfaisante politique ne tarda pas à servir ses projets : plusieurs des principaux habitants de Cyrène, chasses de cette ville par une émeute populaire, pendant le siège de Thimbron, se réfugièrent à la cour d’Alexandrie. Ptolémée saisit avec empressement cette occasion pour étendre son pouvoir, e t, sous le vain pretexte de rétablir les exilés dans leurs droits, il envoya contre la capitale de la Pentapole une armée considérable commandée par Ophella. Divisés par leurs dissensions, les Cyrénéens ne purent à cette epoque, ainsi que dans les premiers temps de la colonie, repousser avec triomphe cette nouvelle attaque, et Cyrène fut conquise. Néanmoins, trop remuants pour supporter patiemment le joug qu on leur avait imposé, les Cyrénéens essayèrent plusieurs fois de le secouer. Une première sédition fut apaisée par Agis, général de Ptolemee; ils (i) Environ 27 millions. Dion. Sic. 1. XVIII. osèrent ensuite assiéger la garnison étrangère qui était dans leur capitale, et poussèrent la hardiesse jusqu’à se défaire des émissaires conciliateurs que leur avait envoyés le gouverneur d’Égypte. Ils furent un moment triomphants ; mais Ophella, révolté contre Ptolémée, et par cela même devenu leur chef, ayant fait alliance avec Agathoclès, alors en guerre avec les Carthaginois, devint la victime de la plus noire trahison. Il mit sur pied une armée considérable, et après deux mois de marche à travers les sables des Syrtes, dès qu’il eut rejoint le roi de Syracuse, au lieu d’un allié qu’il avait voulu servir, il trouva un ennemi qui l’attendait pour le surprendre. Ophella, soudainement attaqué, périt à la tête de son armée, qui éprouva une défaite totale. Cet échec laissa Cyrène sans défense ; Ptolémée en profita pour la faire rentrer sous son pouvoir; et afin de prévenir de nouvelles séditions, il en confia le gouvernement à Magas, son parent. Ce gouverneur resta fidèle à Soter; mais sous Philadelphe il se révolta, prit le titre de ro i, et entreprit même une expédition contre l’Egypte, dans laquelle il fut toutefois arrêté, par un soulèvement de la Marmarique. Après sa mort, la Pentapole continua à faire partie des états d’Égypte, dont le premier des Ptolémées avait été élu souverain dix-neuf ans après la mort d’Alexandre, jusqu’à ce que Phiscon Évergète, qui l’avait reçue en partage, l’eût transmise à son fils naturel Apion comme royaume indépendant. De nouvelles destinées sé préparaient pour Cyrène, et si l’expérience eût pu éclairer ses habitants, ils auraient enfin joui des bienfaits d’une indépendance, d’autant plus précieuse, qu’elle vint s’offrir à eux sous les auspices d’une nation alors grande et généreuse. Apion, se trouvant en mourant sans héritiers, dans la crainte que son royaume ne tombât de nouveau sous le pouvoir des Égyptiens qu’il n’aimait poin t, le légua au peuple romain vers l’an 96 avant notre ère. Rome, en acceptant ce testament, laissa la liberté aux habitants de i ' ;'t ' *■":.v' H I 11 I H


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