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merce de Cyrène avec Carthage : le silphiüm en fut le principal objet mÉ Il est plus que probable que Cyrène dut avoir aussi des relations commerciales très-actives avec l’E gypte, soit par Paroetonium avec Alexandrie, soit par Ammon avec la Thébaïde : toutefois les renseignements de l’antiquité manquent totalement à ce sujet. Il me paraît tout au plus permis d’affirmer que l’on transportait de Cyrène en Egypte le sel cTdmmon, que l’on trouvait, comme on le trouve fréquemment aujourd’hui , enfoui dans les sables de l’intérieur de la Libye. Ce s e l, aussi agréable à la vue qu’au go û t, dit Synésius, et l’expérience me permet de confirmer encore en ceci les traditions de l’évêque philosophe, était très-estimé à cause de sa pureté (2) ; on en faisait un grand usage en médecine, et on l’employait dans les sacrifices (3). On peut ajouter que les Cyrénéens allaient chercher à Paroetonium une craie blanche qu’on y fabriquait, et qui par cette raison portait le nom de cette ville. C ’était une sorte de combinaison de l’écume de mer consolidée avec du limon, susceptible de prendre un grand p o li, et précieuse pour les constructions à cause de sa ténacité (4)- Si je ne me trompe, c’est au ciment Paroetonium que la majeure partie des citernes antiques de la Marmarique doivent leur conservation. Le commerce maritime des Cyrénéens, outre le silphium, les chevaux et les peaux de boeufs et de chèvres, consista principalement dans l’exportation du vin et de l’huile. Hérodote et Diodore louent la bonté du vin de Cyrène que l’on transportait en Sicile et dans les diverses parties de la Grèce; et l’on sait par Strabon que les Carthaginois venaient échanger sur les frontières de la Cyrénaique leurs marchandises contre son vin. On peut en dire autant de l’huile dont la qualité a été louée par des écrivains différents, et à des époques bien éloignées entre elles ; et le grand nombre de forêts d’oliviers que l’on rencontre dans cette contrée, portent à croire que cette production du sol de Cyrène ne dut pas faiblement contribuer à l’accroissement des richesses de ses habitants. (1) S trab . 1, X VII, c. 3. (2) S yn e s . epist. 14 7 . (3) A r r ia n . de exped. Alex. 1. III, c. 4* (4) P eine , 1. XXXV, c. 6. En résumé, les Cyrénéens paraissent avoir eu des relations commerciales ou politiques avec les divers peuples qui entouraient le bassin de la méditerranée, et principalement avec les autres colonies grecques ; ce que l’on peut inférer de l’homonymie qui existe entre les noms de villes et de peuplades de ces différents pays. Quant aux relations bien plus essentielles»qu’ils étaient naturellement à portée d’établir aveç les habitants indigènes, on peut avancer que les Cyrénéens , considérés comme peuple, ne s’allièrent dans aucun temps avec eux , qu’ils les traitèrent toujours de Barbares, et que ceux-ci, par résultat, vécurent indépendants des maîtres de la Pentapolé , sans leur payer le moindre tribut. Les témoignages de l'histoire prouvent la première assertion, et la position retranchée des campements libyens dans la partie méridionale de la contrée prouve la seconde. Cette excessive réserve des Grecs conserva la pureté de leur sang européen, ét leur valut l’épithète de blancs Cyrénéens (i) ; mais c’est là tout l’avantage qu’ils en retirèrent : avantage qui ne saurait, il faut l’avouer, compenser la série de fautes politiques qu’il occasiona, et que les Carthaginois plus sages s’étaient bien gardés de commettre. Si l’on examine, à cet é g a rd , les intentions qui guidèrent ces deux peuples dans l’établissement de leur colonie respective aux rivages de l’Afrique, si l’on réfléchit aux mesures qu’ils prirent chacun pour sa stabilité et pour son développement, on les trouvera diamétralement opposées, et l’on sera forcé de reconnaître que les effets si contraires qu'elles eurent étaient dignes dé répondre à des causes si différentes. Les Cyrénéens, au lieu d’imiter les Carthaginois, au lieu de se concilier d’abord l’affection des indigènes en leur payant un tr ib u t, pour les rendre ensuite eux-mêmes volontairement tributaires, envahirent leur territoire, puis ils les en chassèrent ; au lieu de provoquer des alliances avec les Libyens, et prendre ainsi racine sur un sol étranger, il les méprisèrent, en les croyant indignes de leur sang; enfin, pour dernière et (i) .L’épithète de blancs, que Stratonicus le Rhodien donne aux Cyrénéens , me paraît convenir incontestablement à la co.uleur de fa .race grecque comparée à la libyenne, et ne saurait être interprétée, ce me semble, comme l’a faitCausabon, .qui l’a attribuée à la mélodie de la musique des Cyrénéens (Causas, animadv. in Athen. 1. I II, c. 21, P- ‘98 > *99)- '


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