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pouvoir donner quelques notions sur les districts dont elle devait être infailliblement subdivisée dans l’antiquité ; mais mes recherches, peut- être trop superficielles, n’ont offert à ma connaissance que le canton maritime d'Hieræa, que j ’ai placé aux environs du golfe Naustathmus, d’après l’homonymie que son nom m’a présentée avec une tradition arabe, et ceux de Battia et d'Aprosytis dont parle Synésius. Je ne saurais même déterminer exactement les localités qu’occupèrent ces deux derniers cantons. Il me semble toutefois permis de croire que celui de Battia devait être le plus méridional de la contrée, puisque, lors du saccage de la Pentapole par les Libyens, ce fut dans celui - la qu ils penetrerent d’abord, pour se rendre ensuite a celui d jiprosylis, et de la dans le reste de la Pentapole (i )i - < Quant aux usages agricoles de cette contrée, il est probable que pendant l’Autonomie ils y furent les mêmes que dans la Grèce. On sait positivement que, dans l’un et l’autre pays, on plantait et greffait les arbres lorsque les vents étésiens soufflaient, e’est-à-dire dès le commencement du mois d’août (2) ; et qu’après même que Cyrène fut tombée au pouvoir de Rome, les terres continuèrent à être mesurées avec le stade g re c , et non avec le pied romain. Il faut ajouter qu a cette epoque la plus grande partie des terres de la Cyrénaïque était du domaine public, qu’elle s’affermait au profit de la république romaine, et que les adjudications s’en faisaient à Rome par les censeurs en présence du peuple (3); ce q u i, soit dit en passant, doit un peu refroidir notre enthousiasme pour la générosité de Rome, qui voulut bien laisser pendant quelque temps aux Cyrénéens leur liberté fortement compromise par le testament d’A p ion , mais en se réservant toutefois les domaines publics, c’est-à-dire en les soumettant à verser dans ses trésors une bonne part de leurs richesses. Au défaut de plus amples renseignements sur les districts qui divisaient la campagne de Cyrène, et sur les lois et usages agraires qui en durent régir la culture, je recourrai aux animaux domestiques qu’on y trouvait. (1) Synes. epist. 125. (2) P l in e , 1. X V I I . (3) Cicéeon , Harangue contre RulUis, au sujet des lois agraires. Les chevaux de Cyrène sont assez connus par les chants immortels de Pindare , pour qu il soit superflu de rappeler ici les éloges que d ’autres auteurs en ont faits. Il paraît même que leur nombre égalait leur célébrité , puisqu’on les transportait en quantité dans les divers cantons: delà Grèce (1). Mais quelque grande qu’a it été la renommée des chevaux de Cyrène, j ’ai peine à croire qu’elle soit provenue plutôt de la légéreté et de la grâce de leurs proportions , que de leur force et de leur adresse. La continuelle inégalité du terrain, les profondes ravinés, les escarpe-, ments abrupts de la partie la plus habitée anciennemment de la Pentapole , me paraissent des conditions locales, plus propres à dresser des chevaux forts et adroits que rapides et sveltes. La passion des Arabes pour les chevaux est assez connue:: c’est là l’objet de leur luxe et de leur orgueil ; c’est aussi celui de tous leurs soins. O r , il n’est pas vraisemblable que les peuplades à demi-équestres qui habitent la moderne Cyrénaïque, eussent laisse dégénérer en leurs mains une race de chevaux remarquables par leur vitesse et la grâce de leurs formes, au point de pouvoir être comparés, de nos jours, plutôt à des chèvres agiles et adroites qu’à d'élégants et rapides coursiers(2). Déplus, ces caractères qui distinguent aujourd hui les chevaux de Barcah, et les font en ce sens apprécier dans toute la Barbarie, existaient identiquement en eux dès le quatrième ou le cinquième siecle de notre ère. On louait à ces époques les qualités des chevaux de la Pentapole; mais ces qualités consistaient à les rendre également propres à la chasse, à la guerre , à traîner un char; et si les chevaux de la Grèce et de Rome surpassaient ceux de Cyrène par l’embonpoint , ceux-ci surpassaient les autres par la force ; tel est du moins ce qu’en dit Synésius (3). Dès la plus haute antiquité, les Libyens de la Cyrénaïque, et notamment les Barcéens, firent un grand usage de chevaux. J’ai cité à ce sujet la tradition d Étienne de Bysance ; et l’on connaît l’interprétation que plusieurs savants ont donnée à cette tradition. Ils ont supposé que les (1) T hrige, Hist. Cyren. p. 257. (2) Malgré 1 assertion du botaniste Tou rnefort, qui vante la grâce et la beauté des chevaux de Barcah (T o u rn e r . Voyage du Le vant, t. I , p ,-3-jc3)t. • (3) Synes. Epist. 40.


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