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non celles du reste de l’enceinte, sont intérieurement enduites de ciment. Il serait superflu, ce me semble, de grossir cette description de l’énu- mération minutieuse de chaque agglomération de pierres que l’on rencontre en parcourant la plaine de Cyrène. Lorsque j ’aurai dit qu’entre les monuments décrits s’élèvent ça et là des pans de murs, accompagnes de fragments de colonnes et de petits souterrains, ou bien des monceaux informes de débris de toute espèce, et que ces rocailles portent les noms modernes de Mektelèh, Cheghièh, Bou-Ghadir et autres, je ne crois pas qu’en dissolvant ces précieux renseignements dans un fort grand nombre de phrases on m’en saurait bien bon gré. Le plan de ces ruines suffît pour dire ces choses, et il les dira du moins plus succinctement. Il vaut donc mieux que jem’arrête là , où je puis trouver quelques faits à glaner. Les rues de Cyrène sont devant moi ; je suis tenté de les parcourir; mais, réflexion faite, les notions quelles donnent sont peu variées, et ne valent pas la peine d’être exposées comme je les ai recueillies, c’est-à-dire en traînant le lecteur pas à pas dans ces sentiers abandonnés: je préfère les lui résumer, et le laisser en repos. Les rues de Cyrène, outre celle de Battus 1 -sont au nombre de cinq ; une seule est dirigée de l’est à l’ouest : les quatre autres se prolongent irrégulièrement vers le su d , où elles finissent par former deux angles très-aigus. Elles sont toutes sillonnées de traces des chars antiques, ce que l’on observe partout où la roche s’y trouve dépouillée de terre. Une d’entre elles paraît néanmoins avoir été spécialement consacrée aux courses de chars : non seulement elle est plus large que les autres, ét les traces y sont plus profondes et plus multipliées ; mais le mot inniK.02 profondément gravé en lettres de plusieurs pouces sur la paroi du mur de roche qui en forme un des côtés, indique assez clairement que ce lieu est un ancien hippodrome. Ces rues ne sont point spacieuses-, il s’en faut de beaucoup ; l’hippodrome même n’a que dix mètres de largeur, et les autres ne dépassent jamais quatre mètres. Elles sont formées par intervalles, et selon la disposition du so l, tantôt de deux rangs de bornes équarries posées à des distances égales, tantôt d’un ou de deux murs de roche taillés à.pic, mais peu élevés; et d’autrës fois par deux rives décrivant un faible talus. A moins que le terrain ne soit latéralement à la rue toutà fait u n i, ce qui est rare , on ÿ trouve des séries de grottes sépulcrales semblables à celles de la Nécropolis. De courtes inscriptions grecques et latines y sont gravées intérieurement ou extérieurement : elles apprennent que le tel est mort il y a environ deux mille ans ; que ce tombeau est pour lui et les siens ; et rien de plus. Au-dessus des excavations et dans les endroits même qui en sont dépourvus, s’élèvent çà et là parallèlement aux rues des tombeaux élégants couverts en forme de to i t , et surmontés infailliblement autrefois de statues. Indépendamment de ces mausolées, dont la situation au centre de la ville et la position élevée inspirent des idées touchantes, on voit aussi le long des rues une prodigieuse quantité de sarcophages monolithes de roche grossière ; en un mot, on peut dire que ces sentiers accompagnés de tant de témoignages de. piété funèbre produisent, chacun en p e tit, à peu près le même effet que la Nécropolis produit en grand. Dans l’espace qui les sépare, espace très-étroit comparativement à leur longueur, on trouve, de même que dans la partie septentrionale des ruines de la ville , de nombreuses agglomérations de pierres, débris de monuments réduits à cette dernière forme par les laboureurs qui cultivent la plaine de Cyrène. 11 faut cependant en excepter quelques restes d’édifices. Tels sont les ruines d’un bain construit en briques, et conservant plusieurs pièces voûtées; un stadium formé par de simples rangs de bornes semblables à celles des rues ; deux petits temples hypogées de l’époque.romaine avec des emblèmes chrétiens; et enfin plusieurs châteaux, dont deux entre autres sont situés à l’extrémité méridionale des ruines, chacun auprès de l’angle aigu qu’y forment les rues en se joignant. Le plus oriental de ces derniers, beaucoup plus considérable que les autres, e s t, si je ne me trompe, et sauf la restriction de réédification, Celui que l’histoire a rendu célèbre par le siège de Thimbron, les révoltes des Çyrénéens contre les Lagides, le massacre des envoyés d’E g yp te , et autres événements connus (1). Dans son état actuel il présente tous les ca( 1) Voyez au surplus, pour ce qui concerne le cliâteau de Cyrène, D io d o re , 1; XIX , c. 79; Polyen, 1. I I, c. 28.


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