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mais qui ne sont pas dénuées d’intérêt. Il est remarquable que leur situation s’accorde avec celle du temple d Apollon , e t , autant que 1 on peut en juger par différentes inscriptions qu’on y trouve, elles appartiendraient originairement à une ;epoque approchante. Le profond ravin qui reçoit les eaux des sources occidentales de la Nécropolis, très-large vers le nord , se rétrécit insensiblement à mesure qu’il pénètre dans les ruines de la ville , puis il s’élargit encore, se dirige vers l’est, mais au lieu de présenter des rives abruptes, se perd en vallée légèrement ondulée. A un point qui se trouve en ligne parallèle avec le temple de César, et à sept cents mètres environ de celui d’Apollon , on voit à la rive occidentale de ce ravin un mur d’étaiement moins considérable que celui de ce dernier temple, mais dont l’objet fut également de soutenir et de niveler le terrain d’une petite terrasse, qui contient aussi les débris en marbre d’un édifice. Parmi ces débris, plusieurs.sont couverts d’inscriptions, dont une , gravée sur un beau pilastre, remonte peut-être à l’Auy tonomie, ou du moins n’est pas postérieure au règne des Lagides , mais elle n’offre malheureusement que des noms propres (i). Une autre, publiée par M. Letronne, d’après la copie rapportée par Della-Cella,. et appartenant, selon ce savant, à l’époque des empereurs, est ainsi conçue: Claudia Venusta, fille de Claude Carpisth'ene Melior (a élevé) à ses frais {la statue de) Bacchus, ainsi que le temple, {où d ie est placée^ (2). Il paraît d’abord résulter de ce dernier document, que les débris que nous avons sous les yeux ne sont pas antérieurs à l’époque rproaine , et que l’analogie de position et d’aspect, qqp j ’ai cru entrevoir entre ces ruines et celles du temple d’Apollon n’est qu’accidentelle, et n’entraîne aucun rapport de contemporanéité. Cependant, loin d être convaincu par de pareils indices, ils fournissent au contraire un nouvel appui à mes précédentes conjectures. L ’inscription qui n’est pas postérieure au règne des Lagides, se trouve enfouie parmi les mêmes débris avec celle qui „{1) C’est le jugement qu’en.a porté M. Letronne; voyez.iNonv. Annal, des.Voyages, t. X V I I , p. 343. (2) Ouvrage cité, p. 34o. ET LA GYRÉNAÏQUE. appartient à l’époque romaine r égale dissemblance entre une Inscription et des preuves monumentales, auprès de la fontaine d’Apollon, et auprès de ce temple de Bacchus ; nouvelle preuve de ce que j ’ai avancé en parlant du Coesareum, et par conséquent, même induction qui me porte à croire qu’ici, de même que devant la fontaine d’Apollon, et sur la colline de César, il exista dans l’Autonomie ou sous les Lagides un temple ; que ce temple fut réédifié à l’époque romaine, et qu’il peut avoir changé à cette époque de destination, Comme il peut l’avoir eonservée. Nous nous rendons de nouveau à la rue de Battus, auprès de laquelle une grande construction a frappé nos regards du haut du Coesareum; et nous ne tardons pas d’arriver, en la suivant, auprès de l’immense édifice que nous avons aperçu. Un seul coup d’oeil suffit pour dissiper les prestiges que s’était déjà forgés notre impatiente curiosité : toutefois, si ces nouvelles ruines ne nous apprennent pas grand’chose pour l’histoire archéologique de Cyrène, nous trouvons qu’elles méritent du moins l’épithète que nous leur avons donnée. Elles présentent, en effet, une enceinte carrée ayant cent quatre- vingts mètres de long sur cent vingt-cinq de large. Cette enceinte est divisée en deux parties , dont une ne forme qu’un enclos sans traces de subdivisions, et l’autre était composée de quatre pièces voûtées, enduites de ciment pareil à celui des citernes : deux d’entre elles sont encore debout ; les lettres latines, marques de repère des architectes, dont chaque pierre est isolément empreinte, indiquent qu’elles sont de l’époque ro- mairie. En outre, deux aqueducs venaient aboutir à cette construction : l’un y conduisait les eaux de la source de Saf-sa f, bourg situé à quatre lieues à l’est de Cyrène ; et l’autre, par ses ramifications, paraît avoir été destiné au contraire à les répandre de l ’édiffiee dans diverses parties de la ville. Ces observations portent naturellement à croire que ce monument dut être un immense réservoir construit au milieu de Cyrène, pour subvenir d’une manière plus commode aux besoins des habitants. Non que je croie que toute l’enceinte fu t , dans l’antiquité, remplie d’eau ; la partie voûtée, d’ailleurs assez considérable par elle-même, me paraît seule avoir été réservée à cette destination. Cette supposition se change même en certitude, si l’on observe que les parois des voûtes, et


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