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les chevaux en tient d’une main les rênes. Le terme de la course est un pavillon carré à-peu-près semblable à une tente. Mêmes regrets pour la paroi suivante; elle était entièrement occupée par un combat de gladiateurs dont il ne reste malheureusement qu’un fragment. Les combattants, couverts de cuirasses, ont la figure garantie par un masque, et la tête ornée de grands panaches de diverses couleurs (1). Cette dernière particularité est remarquable en ce- qu’elle n’existe pas-, que je sache, dans aucun des sujets antiques analogues à ce- lui-ci; ce qui permet de croire que cet usage était local. La chasse des autruches, dans les déserts voisins de la Pentapole, était une des principales occupations des Cyrénéens en temps de paix (2); et il est probable que les plumes ondoyantes de ce géant des oiseaux, durent inspirer aux Cyrénéens .l’idée de ces ornements militaires , destinés dans les âges suivants à briller sur le front des guerriers européens. Quant aux détails de cette peinture relatifs aux diverses parties de l ’armure des gladiateurs, ils n’offrent rien qui ne soit connu par d’autres monuments funéraires de l’antiquité, et notamment par les sculptures du tombeau de Scaurus, découvert aux ruines de Pompéi. Il ne me reste donc plus qu à parler de deux autres peintures parfaitement conservées, que Ton trouve encore dans ce même hypogée : elles représentent un cirque et une chasse. La première est fort bizarre, en ce qu’on y voit confondus des animaux féroces, tels que le lion et le léopard s’élançant sur un taureau, avec un bouc, des gazelles, et des chiens levriers, que l’on reconnaît de suite pour les souloucs indigènes de l’Afrique septentrionale (3). La seconde ne surprend pas moins au premier aspect, à cause du cerf qui en forme le principal sujet, et contre lequel un chasseur anime le soulouc qu’il retient d’une main par un lien, et de l ’autre agite un fouet pour stimuler son ardeur (4). Or, le cerf, comme Hérodote a pris soin de l’affirmer (5) , et malgré l’erreur (1) Voyez pl. LIII, fig. i. (2) Synes. Epist. i 33, ed. Petav. p. 271. (3) Voyez pl. LU , 2. 4 (4) Même pl. fig. 1. Cette manière de provoquer le soulouc contre les gazelles est exactement pratiquée de nos jours par les Arabes de la Libye. (51 Hérodote, !. IV, 192. commise par les Maronites dans la Géographie nubienne (1), ne se trouve nulle part en Afrique. Il fut donc apporté par les Grecs dans la Pentapole libyque; cette peinture semble l’attester, de même que la cause de la naturalisation dans cette contrée peut être expliquée par d’autres monuments. Il faut sans contredit l’attribuer au culte de Diane, une des principales divinités des Cyrénéens, comme je l’exposerai plus ta rd , me bornant maintenant à faire remarquer que l’animal qui lui était consacré est quelquefois représenté sur leurs médailles. Les notes que j ’ai prises dans le cours de meâ visites souterraines, m’engagent à me rendre dans une grotte chrétienne, peu éloignée de celle que je viens de décrire. Lors même que les peintures qui en couvrent les parois, n’offriraient pas le témoignage certain de cette époque religieuse, une inscription cursive précédée de la croix la prouverait irrécusablement. Mais il convient de donner auparavant, une idée de l’architecture et de la distribution de ce nouvel hypogée. Le fond a un aspect vraiment monumental : un sarcophage s’y trouve creusé avec un art infini dans la paroi; il est orné de guirlandes et de têtes de bouc, et couronné d’une petite voûte en plein cintre sculptée en coquille : latéralement au sarcophage sont deux niches décorées chacune d’un vase d’une forme très-élégante (2). Les autres côtés de l’hypogée qui forment angle droit avec celui du fon d, contiennent aussi des sarcophages et des cintres, dont les uns sont couverts de peintures , et les autres offrent les mêmes détails que le précédent (3). Ces irrégularités qui choquent dans la description, ne déplaisent pas à la vue du monument, puisqu’elles en varient l’aspect, et qu’elles corres- (1) Cette erreur provient de ce que les Maronites, à l’exemple de plusieurs auteurs de l’antiquité, et notamment de Virgile, ont confondu le cerf avec la gazelle, comme le pense d’Herbelot, ou, ce qui me paraît plus vraisemblable, avec le bubale. Ce quadrupède, que les naturalistes qnt classé, je crois, dans la famille des antilopes, beaucoup plus grand que la gazelle, a des formes proportionnément aussi sveltes, et sa tête est garnie de très-longues cornes en spirale. Je l’ai rencontré fréquemment dans l’intérieur de la Libye, et principalement aux environs de l’Oasis d’Ammon. (2) Voyez pl. XX XIX, i. (3) Voyez pl. LV.


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