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environs du Naustathmus nous ont déjà offert en construction la même disposition que ceux-ci nous offrent en excavation. Dans les uns comme dans les autres, nous voyons une, deux et quelquefois trois caisses creusées au-dessous du niveau de la façade ; nous les voyons aussi ne dépasser jamais en largeur la ligne perpendiculaire des caisses supérieures, en former parfois l’exacte continuation, et le plus souvent se rétrécir progressivement, de manière que la plus inférieure de ces caisses n’est plus qu’une excavation parallélogramme, dont la largeur est disproportionnée avec la longueur (i). Telles sont en général les grottes sépulcrales à façades de Cyrène. Il me reste à parler, sinon d’un nouvel ordre, du moins d’un nouveau genre d’architecture employé dans la Nécropolis. Celui-ci participe des deux précédents, en réunit l’étendue et l’élégance, et par cette combinaison présente plus de grandiose : je nommerai les grottes qui le composent Hypogées à portiqûe. Le plus considérable d’entre e u x , creusé presque au sommet de la montagne, domine toute la Nécropolis, et déploie par cette situation à une très-grande distance sa longue et magnifique galerie ; on croirait s’approcher des ruines imposantes de l ’Egypte. On arrive auprès du monument ; et l’on trouve une colline entière divisée intérieurement en appartements funéraires, et décorée au-dehors de vingt-six colonnes et pilastres massifs, disposés sur une seule lign e , et ayant pour entablement la couche supérieure de la colline couverte de champs et d’arbustes. Ce sont bien là les efforts prodigieux de l’art égyptien ; mais voici la grâce élégante du ciseau g r e c , jointe aux faveurs du ciel de l’Attique. Lors meme que la grande étendue de cet hypogée ne porterait pas à croire qu’il est le résultat de travaux entrepris à diverses époques, on en demeurerait convaincu par la diversité des styles dont il est composé, et qui en forment autant de monuments distincts quoique réunis sur une même ligne. Une élégante façade, contenant deux colonnes cannelées à chapiteaux en volutes qui soutiennent une architrave or- ET LA CYRÉNAÏQUE. 199 née de frises légères, frappe d’abord l’attention. Pour découvrir les riches détails d’architecture délicatement sculptés sur le ro c , il faut en écarter de larges bandes d’hypnum, de lichens foliacés, et de petites graminées, ornements posés par la nature sur ces ornements de l’a r t , pour les protéger contre les outrages du temps. Lés autres parties du portique, ou pour mieux dire les autres portiques attenants à celui-ci, n’offrent pas, il s’en faut de beaucoup, la même élégance de travail. Les uns ont des colonnes élargies à la base et rétrécies au sommet, les autres des pilastres à chapiteaux en volutes, et d’autres encore présentent à- peu-près la même disposition ; mais on s’aperçoit qu’ils sont restés inachevés. Ces derniers forment l’extrémité orientale de ce grand hypogée; ilp constatent l’observation faite précédemment, puisqu’il est hors de doute qu’ils appartiennent à mie époque postérieure aux autres (1). Il faut aussi ne pas passer sous silence q u e , conformément à un usage que j ’ai signalé plusieurs fois dans le courant de cette Relation, on trouve, dans l’intérieur de ce portique , de longs bancs destinés à servir de repos aux personnes qui venaient visiter ces lieux funèbres ; et i c i , comme ailleurs, des noms gravés négligemment çà et là sur le roc indiquent leur passage et leurs pieuses intentions. Rendons-nous maintenant à l’extrémité occidentale du cimetière de Cyrène ; nous y verrons le même genre d’architecture modifié par les localités, èt par le même motif .offrir un aspect plus sauvage et plus varié. Cette partie de la Nécropolis est séparée de la précédente par un profond ravin où coule un ruisseau dans toutes les saisons; et tout le penchant de la montagne où les tombeaux sont creusés, se trouve couvert d’arbres et d’arbustes de diverses espèces. A ces caractères qui distinguent le côté occidental de la Nécropolis du côté oriental, il faut ajouter que la montagne y est partout abrupte et entrecoupée de gros rochers, cause du petit nombre de ses excavations sépulcrales, et de leur situation par laquelle elles ne peuvent occuper qu’une seule ligne. C ’est par ces raisons aussi, que l’on voit ici une longue suite d’hypogées à-peu-près du même style que ceux que je viens de décrire, mais


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