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Lecteur, si je me suis autant étendu sur des détails qui me sont personnels, vous ne vous tromperez point sur mon intention; vous ne croirez point que j’aie voulu attacher à mes excursions une importance dont le premier je reconnaîtrais le peu de fondement; mais j ’ai dû d’abord offrir un tribut de gratitude aux personnes qui ont bien voulu aider à l’exécution de mon entreprise; quel que soit le jugement que vous portiez sur son résultat, ce jugement peut annuler mon faible mérite, mais il ne saurait influer sur les devoirs de ma reconnaissance. Ensuite, autorisé par ma propre expérience, et pénétré de respect pour ces hommes éminents chez qui l’on trouve, dans le plus grand savoir la plus grande indulgence, et dans la plus haute célébrité l’appui le plus généreux; j ’ai désiré les signaler à ceux qui se dévouent isolément à la carrière pénible des voyages; à cette carrière dans laquelle, luttant sans cesse contre les fatigues et les souffrances, on succomberait bientôt, si l’on n’était soutenu par l’imagination, et-si l’imagination ne l’était elle-même par l’amour pur et désintéressé de la vérité. INTRODUCTION HISTORIQUE. ' C ette région, comprise entre les montagnes'atlantiques et la vallée du N il, forme une plaine immense èt aride, affreux séjour, qui serait resté inconnu des hommes, ainsi qu il fut oublie de la n ature, si, par mi ces continuelles ondulations de rochers nus et de plaines de sables, l’on ne rencontrait de petits cantons fertiles où les habitants se trouvent sur la terre comme des insulaires au milieu des mers. Mais si l’on se dirige vers la partie septentrionale de cette même région, là où la côte forme ce grand promontoire, l ’on trouvera, par une espèce de prodige, ces tristes déserts changés tout-à-coup en montagnes boisées, en riantes prairies; l’on verra des sources jaillir en nappe du sein des rochers moussus, serpenter en ruisseaux dans les plaines, et tomber en cascades dans les ravins. Pour achever ces contrastes, on verra les brises marines, en se jouant dans le feuillage des forêts ou bien en glissant sur les pelouses fleuries, venir protéger ces collines toujours vertes.contre le souffle dévastateur des vents du désert. Une contrée aussi favorisée par la nature ne pouvait échapper longtemps à l’investigation des peuples civilisés. Dès le sixième siècle avant notre ère, des colons grecs se rendirent sur ses bords et y élevèrent une ville. Cyrène fut le berceau d’un état célèbre où fleurirent les arts, qu’illustrèrent de grands hommes. Fille de là Grèce, elle vit ses monts couronnés de temples magnifiques, ses fontaines et ses forêts furent peuplées de nymphes. Plus tard, l’austère morale du Christ vint éclairer la terre; les rayons de sa lumière pénétrèrent à Cyrène, et la vérité succéda b.


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