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bon assigne au Tritonis, et où nous trouvons, en effet de nos jours, le plus considérable des étangs salés. Mais ce qui est- d’un bien autre intérêt pour nous, c’est q u e , d’après le même géographe, ce lac contenait une île avec un temple de Vénus. L ’habile, observateur Délia-Cella n’a pu se défendre de reconnaître le Palus-Tritonis dans l’étang que je viens d’indiquer, en paraissant toutefois fort surpris de n’y retrouver ni l’île ni le temple. Cette surprise n existera pas longtemps , j ’en suis certain, dans l’esprit de mon lecteur : il se rappellera le dessèchement de VEcceus que je lui ai signale ; de ce dessèchement il induira celui d’une partie du la e , et de cette dernière cause la disparition de l’île. En e ffet, d’après l’étendue des terres couvertes d’une cristallisation saline qui environnent l’étang où correspond le Tritonis de Strabon, l ’ancien lac semble réduit au tiers de ses dimensions primitives. On ne s’étonnera donc pas de la disparition de l’île qu’i f contenait, puisqu’elle doit faire partie des terres qui environnent l’étang. Il resterait néanmoins à retrouver les ruines du templé ; des fouilles vers la partie orientale de l’ancien lac en offriraient peut-être quelques débris. Je donne cette indication pour provoquer l’attention des voyageurs, n’osant toutefois trop les encourager dans une recherche dont l’objet , mentionné seulement par un des plus anciens géographes, n’existait probablement plus du temps de Ptolémée, et fut certainement inconnu des scrupuleux compilateurs du Périple anonyme. Entre Teuchira et Bérénice, on rencontre un grand nombre dé puits et quelques ruines de hameaux, appartenant les uns et les autres à l’époque sarrasine. Le plus considérable de ces hameaux, nommé El-Berss; fut le point central de ces habitations maures; ceux qui l’entourent, et même les lagunes qui l’avoisinent, en prennent encore le nom. Quant aux ruines d’une antiquité plus reculée, hormis celles d’un bourg dont je vais parler , on n’en aperçoit pas ailleurs les moindres vestiges. Il paraît* en effet, d’après le silence des anciens géographes, que cette partie du littoral fut peu habitée ;■ les terres salées dont elle est couverte , et qui, auraient été autrefois totalement inondées, selon mes précédentes conjectures , peuvent en offrir une explication satisfaisante. Cependant il est certain, d’après l’itinéraire d’Antonin, Hiéroclès et Peutinger, que dans le deuxième sièele de notre ère une ville fut élevée, dans cette partie du littoral, à vingt-huit milles de Bérénice, et à dix-huit de Teuchira, et que cette ville porta le nom de l’empereur Adrien (i). L ’histoire indique vaguement le voyage de cet empereur en Libye ; mais elle atteste qu’il y envoya des colonies pour la repeupler, et afin qu elle pùt se rétablir des dévastations des Barbares, et desvdivisions intestines dont elle avait beaucoup souffert (a). C’est infailliblement en mémoire de ces bienfaits, que l’on frappa cette médaille parvenue jusqu’à nous, sur laquelle Adrien est représenté comme le bienfaiteur et l’appui de la Libÿeqjâjji'-' ';’!1 )■■■■ !" Cependant, si l’on en juge par les ruines mentionnées, et situées à peu près à la distance indiquée par les auteurs cités , la ville d’Adrien méritait tout au plus le nom de village. On y voit les débris d’un château romain, et une tour dont la base est en belles assises , et le sommet, redressé par les Arabes, en pierres brutes; du reste, aucun indice de monument remarquable, ni aucun de ces beaux fragments d’architecture, que l’on trouve parmi les pierres éparses des bourgs les plus détruits de la Cyrénaîque. Mais cette observation est d’une moindre importance que les suivantes. Je suis bien plus surpris que Ptolémée, qui nous a conservé la liste si détaillée des moindres villages de la Cyrénaîque littoraux ou situés dans l’intérieur des terres, quoique postérieur à cet empereur, et qui a même vécu sous Marc-Au- rèle n’ait pas fait mention de la ville d’Adrien. A ce silence il faut ajouter celui moins concluant de Synésius, mais celui bien plus remarquable d’Étienne de Bysance, en ce que parmi toutes les villes d’Adrien dont il parle il n’en place aucune en Libye. On serait donc porté à douter de l’ancienne existence de cette ville, qui semble avoir été inconnue à des époques si différentes, d’un géographe scrupuleux, du philosophe de la Aston. Au g g s t. Itiner. ed. Wessel. p. 67. Hieroce. Synecd. p. 633. Peu ting. Yab. H Eusbbe, Chronique. . . . 3 Une médaille publiée p a rP e lle r in , représente Adrien, en to g e , tenant de la main eauche nn rouleau, et relevant de la main droite une femme à gen ou x, symbole- de là L ib y e , avec cette inscription : Restitutori Aug . Libyoe. S. C. (P e i.le . Bec. t. I , p .^ o j ) .


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