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peut statuer qu’elle porta exclusivement celui de Teuchira dans les premiers et derniers siècles de la civilisation de la Cyrénaïque : c’ëst donc ce dernier nom qu’il convient de lui donner. La nommer en passant est aussi tout ce qu’il m’est permis de faire , puisque le silence de l’histoire ne m’a offert d’autres ressources que l’aride exposition des phases diverses d’un nom. Allons donc chercher ailleurs, s’il est possible, des notions moins vagues et des faits moins insignifiants. La plaine qui règne à l’occident de la Pentapole, entre les bords de la mer et la région montueuse, s’élargit progressivement à mesure qu’elle s’étend vers le sud-ouest. Large seulement de quelques minutes à Ptolé- maïs, elle l’est d’un quart de lieue environ à Teuchira, et atteint cinq à six lieues auprès de Bérénice, distante elle-même de quinze lieues des ruines précédentes. En s’avançant davantage vers le su d , la largeur de cette plaine continue d’augmenter; mais je dois borner maintenant mon attention à la seule partie comprise entre Teuchira et Bérénice. Si on la parcourt du côté des montagnes, on marche continuellement sur un terrain couvert de prairies et de moissons, tandis que du côté oppose on trouve alternativement de petites lagunes marines, et des terres couvertes d’une croûte salée, formant ensemble un long bassin qui fut probablement autrefois enlicremen! occupé par les eaux. Cette observation n’est pas sans intérêt, en ce qu’elle peut servir à expliquer une question géographique qui se rattache à cette partie de la Cyrénaïque. Si l’on examine attentivement la disposition géologique de cette contrée , on cherchera en vain à s’expliquer ce fameux EcceUsU), Tritonis (2) ou Lathôn (3), fleuve que l’antiquité place à l’orient de Bérénice, et qui avait son embouchure au port de cette ville.' J’ai déjà fait remarquer, auprès des autres villes littorales, situées presque au pied des collines, que les anciens avaient été obligés de construire des aqueducs pour conduire dans leurs murs les eaux de la région boisée. Or, comment ces eaux qui se perdent ordinairement à très-peu de distance de leur point de départ , auraient-elles p u , dans l’antiquité, traverser une plaine de six (1) Scylax, ed. Gronov. p. m . (3) Strabo.n , 1. XVII, c. 3. (3) P to lém é e , 1. IV, c. 4- lieues de largeur, et former une masse d’eau assez considérable pour prendre le nom de fleuve. Il est presque superflu que j ’affirme qu’on ne trouve pas le moindre indice, dans cette plaine, non seulement d’un fleuve, mais d’un simple ruisseau ; c’est ce que Della-Cella nous avait déjà appris, tout en témoignant son étonnement de la tradition contraire transmise à ce sujet par l’antiquité, et dont, si je ne me trompe, voici la cause. J’ai dit que tout le littoral compris entre Teuchira et Bérénice, est occupé par un bassin formé alternativement de petites lagunes et de terres salées, et séparé seulement des bords de la mer par une digue d’atterrissement plus ou moins forte. Nul doute, d’après l’aspect actuel du sol, que ces lagunes ne se joignissent autrefois entre elles, et ne formassent, par conséquent, une espèce de fleuve stagnant qui se prolongeait jusqu’au port de Bérénice. Serait-ce donc émettre une conjecture trop hasardée, si l’on supposait que ce long bassin d’eau salée ne fût autre chose que le fleuve cité par la plupart des anciens géographes? Cette conjecture n’acquiert-elle pas un nouveau degré de vraisemblance, en remarquant que divers lits à sec, et d’autres formant encore de petites flaques d’eau, entourent la ville de Ben-Ghazif wde même que le fleuve Ecceus entourait, selon S cylax, la ville des Hespérides (1) ? Que si l’on voulait m’objecter les interruptions qui existent entre les lagunes actuelles , qui auraient formé , selon m o i, le fleuve stagnant, cette objection serait on ne peut pas plus spécieuse, puisqu’on retrouve de fréquents exemples du dessèchement successif de lacs et de fleuves salés dans l’intérieur même de la Libye. Je dirai plus : ce dessèchement d’une partie de V Ecceus sert au contraire à expliquer un autre point de géographie ancienne qui se rattache au meroe sujet. Strabon distingue le lac Tritonis du fleuve Lathon qui venait s’y joindre; et Ptolémée, de même que Scylax, ne fait mention que du fleuve. Quoi qu’il en soit de cette différence de traditions, elle est peu importante, puisqu’on peut avoir donné le nom de lac à un grand élargissement du fleuve auprès de Bérénice, situation que Stra


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