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de la régénération physique(i), une régénération morale, foi naissante qu’on n’osait alors professer ouvertement. On voit aussi, dans le fond de ces deux temples, une grande pièce cintrée semblable à celles que j ’ai fait remarquer dans les tours et les chateaux romains ; j ’ai indiqué la cause de cette analogie de dispositions architec- toniques entre des édifices d’une destination si différente. L ’intérieur des ruines de la ville n’offre rien autre de réconnaissable. Hors de l’enceinte, et à son extrémité orientale, on voit un quai magnifique composé de trente à quarante degrés, et disposé en amphithéâtre (Voyez pl. XX V III). Du côté opposé sont les traces d’anciens bains taillés dans le ro c , et se trouvant maintenant dans les eaux. Le p or t, plus intéressant, et objet spécial de cette excursion, malgré les envahissements de la mer, peut néanmoins donner encore une idée de son ancien état. Deux gros rochers, peu écartés l’un de l’autre, et couronnés de ruines, paraissent en avoir formé l’entrée. Plusieurs écueils font suite à ces rochers dans l’ouest, et l’abritent parfaitement, de ce côté, des efforts des vagues, dont l’impétuosité n’aurait point été suffisamment ralentie par un promontoire rocailleux qui s’avance à quelque distance dans l’occident. Ce port, quoique infailliblement changé, par les éboulements, de son ancienne forme , semble susceptible d’offrir encore une bonne station aux navires, et confirme .ce qu’ont dit les anciens auteurs, et particulièrement Scylax, de sa situation, qui le rendait sûr et accessible par tous les temps (2). Nous ne pouvons douter en effet que les ruines que nous venons de décrire ne soient, d’après leur position relativement au NaustcithTiius (3), celles d’Apollonie, et que ce port n’ait été, par conséquent, celui de Cyrène dans les premiers âges de la colonisation grecque. Strabon, comme l’a fait observer M. Letronne (4) , est le seul auteur qui nous ait conservé le nom du port de Cyrène, qu’il nomme Apollonie. (1) Jablonski , Panthéon ægypt. 1. I I , c. 7. (a) Scyrax, ed. Gronov. p. 109. (3) Scylax et Strabon mettent cent stades du Naustathmus au port de Cyrène, et le Périple anonyme cent vingt. Cette différence, et d’autres analogues, autorisent à croire cjue les stades sont calculés, dans ce stadiasme, à sept cents au degré. (4) S trab on , trad. franc, t. V, p. 485, note 6 . Les autres géographes fonten effet mention, les uns de ce port sans lui donner aucun nom, et les autres d ’Apollonie sans la citer comme port de Cyrène. Ceci peut s’expliquer, en admettant que ce port n’eut pas de nom particulier, jusqu’à ce que les habitants de Cyrène y eussent fondé une ville quils nommèrent Apollonie (1) en l’honneur du dieu protecteur de la contrée. Cette ville resta long-temps dépendante de Cyrène, et ne servit d abord, pour ainsi dire, que d’entrepôt pour son commerce (a)i; on pourrait peut-etre attribuer à cette dépendance la tradition d’Étienne de Byzance, qui seul nous apprend qu’Apollonie se nommait aussi Cyrène (3). Quoi qu’il en soit, elle devint autonome sous les Ptolémées; ces rois la placèrent au nombre des cinq principales villes formant la Pentapole libyque (4). C ’est probablement dès cette dernière époque que le Phycus, quoique plus éloigné de la métropole, et dans une position peu favorable poür elle, succéda néanmoins à Apollonie comme port de Cyrène (5); ce qui arriva incontestablement par la suite, au rapport de Synésius (6)1 ¡¡t Cependant, par une de ces chances subversives attachées aux destinées des villes et des empires, l ’ancienne vassale de Cyrène devint à son tour, sous le nom de Sozysa, conservé jusqu’à nos jours, la capitale de la Pen- fcapole, alors nommée Libye supérieure (7); tandis que la superbe Cyrène tombait en ruines, et ne jouait plus qu’un rôle secondaire dans cette contrée qu’elle avait illustrée. J’ai déjà dit que les bords de la mer, auprès d’Apollonie, sont en majeure partie formés de bancs de roche, prolongements aplatis des monts Cyré- néens. Dans les intervalles d’un banc à l’autre, on remarque du sable rougeâtre,-couleur occasionnée par des productions marines, sur lesquelles (1) Schol. de Pindare. (2) Diodor. 1. XVIII. ~(3) Voce Apollonia. Dans le même paragraphe, Étienne de Byzance nomme deux Apol- lonies qu’il place dans la Libye. Où pouvait être la seconde? c’est ce qu’aucun autre auteur ne nous aide à expliquer. (4) P line , 1. IVj c. 5. (5) W esseling,, in Itin. Roman, p. 732. ' (6) Epis t. 5i , 100. (7) H ie ro c le s , ed. Wesseling,p. 732; Geogr. sacra, p. 56. Néanmoins, suivant d’autres, cette métropole était Ptolemaïs (ib. 283). Voyez le rôle que Sozysa a joué dans la Pentapole chrétienne, et les noms de ses évêques dans Le Quien ( Oriens Christ, t. II, p. 618). I* 22


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