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d’un petit bourg ; mais ces tombeaux, quoique sans riches détails arehi- tectoniques, imitent par leur forme et par leur disposition les élégants mausolées de Zaouajii. Comme eux, ils sont placés sur un grand piédestal à gradins, et couverts de grands blocs triangulaires. Il est remarquable que presque tous ces tombeaux sont taillés entièrement dans la roche, de telle manière, que la place qu’ils occupent, et les intervalles qui les séparent, devaient former auparavant une colline dans laquelle on a creusé pour ménager çà et là des masses isolées que l’on a façonnées ensuite en tombeaux (Voyez pl. XXII). A côté de ces monuments on voit un grand édifice, dont il ne reste, malheureusement, qu’un angle de conservé. Dans l’intérieur, à quelques pieds au-dessus du sol, règne une frise saillante dont la surface présente, à des distances inégales, de petits creux elliptiques placés vis-à- vis de niches peu profondes, et taillées dans la paroi du mur (Voyez même planche). Au milieu de l’édifice se trouvent deux pilastres doriques, et plusieurs bassins circulaires semblables à ceux que j ’ai fait remarquer dans les excavations sépulcrales. Ces indices me portèrent à croire que ce monument était consaeré à des usages funèbres. Les creux, faits évidemment à diverses époques dans la frise, peuvent avoir servi à y placer une série d’urnes qui auraient contenu les cendres de quelque illustre famille, ou d’une caste privilégiée : l’orgueil humain ne voulut-il point dans tous les temps, durant la vie comme après la mo rt, être distingué de la foule des hommes ? Au sud, et à une heure de ces ruines, il en existe d’autres qui attirent par leur nom notre attention. Nous y trouvons un grand-château grossièrement construit, et nommé par les Arabes Ghabou-Diounis (Voyez pl. XX I). Cette tradition est remarquable en ce qu’elle rappelle d’une manière frappante ce que nous apprend Synésius sur la tyrannie qu’exercèrent dans cette contrée Agathocle et Dionysius (i). On voit encore, dans les environs de ce lieu, un beau tombeau circulaire situé sur un monticule ; les vestiges de deux villages, Bou - Êbeilah et Gh.aout j e l : et enfin, en s’avançant davantage dans les terres, on rencontre un immense château, entouré de larges fossés creusés dans la roche. Thaoughat est le nom que lui donnent les habitants. Eloigné d’une demi- (i) Synes. epist. 6. heure, au sud-est, de Téretk, il occupe la position la plus méridionale de ce groupe de ruines. Cette position relativement semblable à celle de Boumnah, confirme les conjectures que nous avons émises sur le système de défense des Cyrénéens contre les incursions des hordes indigènes. Leur intention n’est-elle point positivement démontrée en voyant ces deux grands postes fortifiés placés à peu près sur la même ligne, isolés chacun dans l’intérieur des terres, et servir ainsi de boulevarts à leurs cantons respectifs ? Je retourne à Djaus, lieu où j ’ai laissé ma caravane abritée dans de petites mais fort belles cavernes. Nous allons repartir ensemble, et, nous avançant dans l’ouest, nous irons à la recherche d’une nouvelle habitation, mes compagnons de voyage pour y séjourner, et moi pour fureter dans tous les lieux qui l’avoisinent. Ces déplacements ne plaisent pas beaucoup à mes domestiques : enveloppés dans leurs sayes, ils se blottissent dans les grottes autour d ’un bon feu; là ils se consolent, en humant la douce fumée du tabac, de la folie du chrétien qui les a conduits dans un pays si froid. Tandis que la pluie ruisselle devant l’entrée de la grotte, et que la grêle en frappe les parois extérieures, ils rient, peut-être avec raison, de le voir sans cesse courir par monts et par vallées, et revenir ensuite auprès d’eux, le plus souvent trempé jusqu’aux os. L ’indolent A bd -e l-A z is, fatigué parfois de lire le Coran, et de répéter la litanie des innombrables épithètes si gratuitement accordées au prophète, déroge à sa dignité d’osmanli : il vient s’unir au conciliabule des domestiques, et ne manque pas d’ajouter quelques sarcasmes aux réflexions de la société. Pendant ce temps-là M. Müller, tourmenté par les souffrances, jette néanmoins du fond de son asile des regards inquiets sur la belle contrée qu’il ne peut parcourir ; son impatience augmente son mal. Aussi choisissons-nous pour ces déplacements une belle journée; mais les préparatifs sont si longs, et nulle part je n’ai trouvé le climat aussi inconstant que dans la Pentapole. La partie la plus précieuse de mes bagages est ma bibliothèque : la traduction de Strabon de M. Letronne, les Lagides de M. Champollion, Hérodote, Pline, Diodore, Solin, Synésius, et divers Périples, la composent. Ces ouvrages ne sont point la plupart d’un format


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