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de la journée m’avertit qu’il était temps d’aller rejoindre ma caravane. Ce ne fut point sans regrets, comme on n’en peut douter, que je quittai de pareils hôtes; et long-temps après cette heureuse rencontre, j ’eus souvent présents à la pensée le bon vieillard et la jeune fille de la Vallée CHAP ITRE XI. des Figuiers. Djaus. — Téreth. —- Djoubrah. —- Diounis. — Station et départ de ma .caravane.— Ghern.es. — Apollonie. L a description d’une contrée quelconque d’Afrique présente un inconvénient inévitable. Cet inconvénient résulte de la barbarie des dénominations locales dont chaque page doit offrir, au moins, un ou deux échantillons. Passe encore pour la plupart des régions de l’intérieur : leurs noms rauques et secs y prennent une couleur locale ; semblables aux rocs pelés qui hérissent ces plaines arides, ils en hérissent de même harmonieusement la description. Mais n’est-il point choquant de devoir semer dans la narration des termes également durs et sauvages, soit que l’on parcoure d’affreux déserts, soit que l’on se promène au milieu des sites les plus agréablement ornés par la nature? Ces réflexions, que mon lecteur aura déjà faites, me furent particulièrement inspirées en arrivant dans un lieu des plus agréables de la Pentapole. Ce lieu est à l’ouest, et à une heure d’e l-Hôch. Que l’on se représente une colline couronnée 'd’un bois de caroubiers, au milieu duquel sont les ruines d’un bourg antique et des grottes pittoresquement situées. Au devant du bois s’étend en amphithéâtre une belle prairie émaillée de lamiums à fleur ro se , de stéchas pourprés, de senéçons et de renoncules dorés, de mauves et de géraniums rampants, parmi lesquels s’élèvent çà et là les grandes ombelles du sauvage derias, emblème aujourd’hui de la fertilité du sol, comme il l’était autrefois de sa richesse. Sous les touffes épaisses de cette riche végétation serpente un ruisseau, dont le murmure accroît, et produit des sons divers, en raison de la pente, et des accidents de la colline. Pareil au gazouillement d’un oiseau caché sous la feuillée, son bruit frappe agréablement l ’oreille sans que l’on puisse en apercevoir la cause. Pour achever ce tableau, une lisière de noirs cyprès ceint la partie méridionale de la prairie; elle en


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