Page 102

27f 59

Périple(i), et mieux encore d’après sa position relativement à Apollonie,ce lieu est incontestablement l’ancien Naustathmus, cité par les uns comme un promontoire (a) ; comme un port par les autres (3) ; et enfin par Strabon comme un lieu des plus renommés du littoral de la Cyrënaique (4). • La belle situation du cap, et surtout la jolie baie qu’il forme, dont le fond est de sable couvert d’algue sans écueils du moins apparents, durent offrir dans l’antiquité une bonne station navale, de même que la côte, par son étendue, me parut avoir été favorable à l’établissement d’une ville. Cependant, hors le village dont j ’ai fait mention, je n’aperçus d’autres traces d’habitations que celles d’un château situé à l’extrémité du cap. Encore appartient-il à l’époque romaine; son architecture, et sa distribution intérieure, sont les mêmes que celles de Chenedirèh; et les débris d’une frise ornée de.triglyphes et de gouttières se trouvent parmi ses ruines, ainsi qu’à Tebelbèh. Quoique l’aspect dè ces lieux s’accordât avec le silence de l’histoire, il me semblait néanmoins peu probable qu’un tel canton fût resté presque abandonné des Cyrénéens. Fondé sur l’autorité de plusieurs exemples analogues, je soupçonnai que c’était sur les montagnes voisines, et non immédiatement sur le rivage, qu’il fallait chercher les vestiges d’une ville antique. Des indications m’étaient cependant indispensables pour entreprendre cette recherche. Je questionnai d’abord inutilement tous les pâtres que je rencontrai, je n’en obtenais que de vagues renseignements; lorsque enfin un vieillard me fit comprendre qu’il en savait plus que les autres. Une récompense devait être le prix de ses révélations ; ce prix" lui fut donné d’avance, et ma confiance provoqua la sienne.De grandes ruines, de superbes édifices se trouvaient, me dit-il, sur les premières terrasses de la montagne, vis-à-vis du cap; il ne pouvait m’y conduire lui-même, à cause des guerres violentes qui existaient dans ce moment de tribu à tribu, . (i) Soixante-dix stades SEiythron (Iriahte, Bibli. Matrit. v. I , p. 486). . (2) Pomp. Mêla, 1. I , c. 8. (3) Ptolémbe, 1. IV, c. 4* Scylax, ed. Gronov. p. 109. (4) Cellarius interprète ce passage de Strabon ( 1. XVII, c. 2) par nobilioribus locis Cyreneorum (Geog.-ant. t. II, p. 71 ); et M. Létronne, par un des plus renommés parmi les ports, les mouillages, les lieux habités, etc. (trad. franc, p. 487, 488). et lui interdisaient l’accès de ce canton. La sincérité se lit sur la physionomie; le mensonge ne saurait en prendre les traits. J’ajoutai une foi entière aux paroles du vieillard, et combinant avec mon guide les renseignements obtenus, nous allâmes à la recherche des ruines, d’autant plus intéressantes pour moi, qu’elles paraissaient peu connues même par les habitants. Là montagne que nous avons vue former kNatroun d’immenses contre- forts escarpés, est ici d’une disposition différente. Elle présente d’abord une montée rapide, à laquelle succède une plaine vaste et inégale, tantôt boisée, tantôt nue ; croisée par de petites hauteurs, sillonnée par de profondes vallées; ici rocailleuse, plus loin fertile; et se terminant enfin à une seconde chaîne de collines qui se dégradent en petites terrasses au-dessus desquelles s’étend le vaste plateau Cyrénéen. Cette disposition géologique continue d’être à peu près la même jusqu’au Phycus; en descendant de nouveau ces montagnes nous aurons lieu de nous en convaincre. Selon les indications du pasteur, la ville antique devait se trouver au sud-ouest du cap, après avoir franchi la ! grande montée : une partie des ruines était cachée dans un b o is , et l’autre s’étendait au loin dans la plaine. Ces renseignements, quoique positifs, faillirent cependant nous être insuffisants. Dès le matin nous étions arrivés sur la montagne. Nous errions çà et là, visitant toutes les hauteurs pour découvrir quelques apparences de ruines; et tantôt dépassant le lieu indiqué, tantôt rétrogradant vers ce lieu, la journée s’écoula ainsi sans avoir rien aperçu. Le lendemain, fatigué des courses infructueuses de la veille, et rebuté plus encore par les divisions des Arabes qui les rendaient inhospitaliers par crainte et soupçonneux par nécessité, je décidai d’abandonner cette recherche, si une nouvelle tentative devenait également infructueuse. Nous voilà donc de nouveau en campagne. Des taches bleuâtres ayant de loin l’apparence de rochers isolés au milieu d’un bosquet touffu provoquèrent vaguement ma curiosité. Je me dirigeai vers ce côté, bien plus pour la satisfaire au moins en quelque chose, que dans l’espoir d’y trouver l’objet de mes recherches. Aucun sentier n’y conduisait : il fallut s’en frayer un à travers une épaisse forêt d’arbousiers, de manière que je ne pus être rendu auprès des prétendus


27f 59
To see the actual publication please follow the link above