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Jadahouiec (mon Dieu)! puis elle se retire. Les autres femmes viennent aussi les unes après les autres, répéter ce même cri, et tenir compagnie à leur maître malade. Madame X... m’assure qu’une personne de haute condition ne peut épouser des esclaves ; il ne peut épouser que des femmes de son rang. Quand il a envie d épouser une de ses femmes blanches, on fait le simulacre d’une petite noce, mais il n’y a pas de papiers comme dans les mariages sérieux. M. C... est le second qui ait appliqué le forceps sur des femmes. Je lui dis que je crois qu’elles accouchent bien. Il me répond qu’il n’en sait rien, qu’il les accouche dans l’intérieur du harem où tout est caché. Quand une femme meurt, personne ne s’en occupe. 11 ajoute qu’il ne voit les femmes qu’entortillées, et il ne voit que celles qui sont préférées par le maître. Par entortillées, je veux dire enveloppées de mousseline. Quand le maître ne tient pas à une femme, le médecin ne la -voit pas ; l ’eunuque dit ce qu’elle éprouve, et d’après ses paroles, on fait un traitement. M. C... est fort étonné qu’un Turc m’ait laissé palper ses femmes. Les femmes d’un même harem se détestent. Il paraît qu’il y a quelques années, un haut fonctionnaire fil venir pour donner des leçons à sa femme la plus chérie, une maîtresse de piano, demoiselle française lort jolie.1 Elle avait 1000 francs par mois, soit 12,000 par an. Elle fit tourner la tête du pacha qui la rendit enceinte. Les autres femmes l ’ayant appris, firent un tel tapage, qu’il fut obligé de renvoyer à Paris la jeune demoiselle. C'était une véritable révolution dans le harem'; comme tout le monde était contre lui, que c’était très-grave d’avoir eu des rapports avec une Française, il céda, malgré l’autorité qu’il a sur ses femmes, autorité limitée quant aux femmes légitimes. Un Turc voisin de madame X..., a deux femmes. Quand elles se querellent, ce qui arrive souvent, il prend un bâton, et muni de cet argument, il les fait taire. Il paraît que ces scènes font grand tapage et madame X ... les entend de chez elle. Quand les grands donnent des femmes de leur harem, ce sont des-femmes borgnes, gravées de la petite vérole ou stériles. Ceux qui épousent des femmes qui viennent d’un grand harem en sont très-flattés. Ces femmes deviennent maîtresses absolues chez leurs nouveaux maris. Ordinairement, elles leur apportent une sorte de dot, consistant en bijoux, diamants, linges. Bien que laides, elles sont adorées. Madame B... me raconte que le Na- sir lui vantait beaucoup, une épouse, grande dame qui sortait du harem d’un pacha. Madame X..., ayant été présentée à cette femme turque, elle la trouva affreusement laide et criblée de marques de petite vérole. Mais elle était fort bien parée et son mari se trouvait fort honoré de posséder une femme qui venait du harem du pacha, il la regardait comme une beauté. Les femmes de harem se détestent entre elles, comme je l’ai déjà dit. Une fois, les femmes de N.., se sont battues avec ardeur les unes contre les autres. Dernièrement un pacha a fait jeter dans le Nil une de ses femmes qui avait essayé d’en empoisonner une autre. Au Caire, un certain M. B..., qui a le goût des petits 10


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