Turc à Constantinople, le père de V..., je crois (V... a été ambassadeur à Paris), chez lequel on dépensait chaque mois 40,000 francs. Un prince de la famille du vice-roi a trois femmes légitimes, parmi lesquelles, il y a une bien-aimée, qu’on appelle la Ilabibte (la chérie). Celle-ci est écoutée par le maître, et fait obtenir des faveurs. Quand on demande quelque chose aux deux autres, elles répondent : « Je ne puis rien, mais va voir la Habibte. Madame B ... m’apprend que M. Pacha est marié légitimement et a une fort jolie femme. Celle-ci avait trente-sept ans quand il l ’a épousée. Elle lui a coûté 25,000 tabaris (125,000 francs). Elle est d’une grande beauté malgré son âge. Elle a dû être mariée auparavant, mais les Turcs ne tiennent guère aux femmes vierges. M. S... sait que les femmes en vente à Fantah, étaient tenues à un faible prix. A Constantinople, la première femme, c’est-à-dire la première épousée en date s’appelle : Buïuk-Khanoum : Buïuk (grande) Khanoum (dame). Cette première femme a droit à la nuit du jeudi au vendredi, à l’exclusion de toutes les autres. De même que les Arabes,les Turcs préfèrent leur première femme quoique plus âgée. On appelle encore la grande dame Khanoum-Effendi; au Caire, on l ’appelle Site-Kebir. Madame B... me dit que la grande préoccupation des femmes est de plaire au maître. Elles se donnent pour cela une peine incessante, elles se comportent comme de vraies filles de joie; Ce n’est pas l ’amour qui les fait agir, c’est le désir d’obtenir des parures. En général, en effet, elles n’aiment guère leurs maîtres, ceux-ci les rudoient, les font même battre quelquefois. Quand une femme a un enfant, bien qu’elle ne soit pas mariée au maître, elle devient,« Site-kebir, » grande dame. On l ’appelle par le nom de l’enfant qu’elle a eu; si son fils s’appelle Ahmet, elle se nomme la mère d’Ah- met. Même quand elle perd son enfant, elle garde tous ses privilèges. Il paraît que dans le harèm, il y a bien des femmes avec lesquelles le maître n’a jamais eu de rapport. Un grand prince a une fort belle, chambre meublée à la française, avec une armoire à glace, etc., etc. Tout à côté, existe un petit cabinet : c’est là qu’il reçoit ses femmes. Quand il a une envie, il envoie l ’eunuque chercher une telle (il dit laquelle) ; l’eunuque amène la femme, attend derrière la porte, puis l’affaire faite il la ramène et le prince rentre dans sa chambre qui est contiguë. Il paraît que ce personnage n’est pas plus tendre que les autres, il n’embrasse pas ses femmes. Il écorute cependant l ’une d’elles qui a de l ’influence sur lui. Il aime'surtout les. femmes européennes; il a voulu posséder la femme ou plutôt la maîtresse de son jardinier, allemande assez bien, mais fort bête. Les femmes turques, arabes, appellent leur mari sidi (maître), jamais autrement. Quand le mari est malade, c’est la feinme principale qui lui donne des soins. Ces soins consistent simplement à venir s’accroupir à côté de son lit, et à crier dé temps en temps, d’un air dolent :
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