J ’ai salué les marchands et je me sùis retiré. J ’ai donné un baschich au concierge qui ne le demandait pas. J ’avais mis un tarbouk pour ne pas éveiller de soupçons. Nous allons ensuite à côté de Bab-el-Nan, pour voir des esclaves nôires, mais il paraît qu’elles ont été menées chez le cheik des marchands. Il paraît que ces gaillards ont un cheik, comme toutes les autres corporations du Caire. On préfère acheter de toutes petites filles; afin de pouvoir les élever. Des jeunes filles que nous avons vues, deux avaient de quatorze à quinze ans; les autres de dix à douze ans; la plus petite de six à sept ans. Les marchands circassiens vendent aussi de petits garçons destinés à faire des mamelouks. Ils ne laissent voir leur marchandise qu’à des gens du pays ou à ceux qu’ils supposent être dans l’intention d’acheter. On va dans leur okelli voir les esclaves. Ce n’est qu’exceptionnellement qu’il peut être permis à un Européen de les visiter. Le plus souvent, du reste, ces marchés sont faits par des femmes. En général, les jeunes esclaves en vente, sollicitent l ’acheteur, soit qu’elles soient poussées par le marchand, soient qu’elles ne se trouvent.pas bien auprès de lui. M. A... me rappelle un fait dont j ’avais entendu parler (ce doit être inexact). Il paraît que lorsqu’on veut savoir si une esclave est ardente, on îa met dans un bassin d’eau froide, puis on note de combien l ’eau descend. Si le niveau de l’eau s’abaisse beaucoup, c’est signe que la femme est ardente. Tout cela est une plaisanterie. On voudrait essayer ainsi la puissance aspirante du vagin. Ici, on appelle tout par son nom. H... a plusieurs esclaves chez lui. Il me dit qu’elles ne demandent jamais rien, mais qu’elles laissent deviner leur envie. Pour lui, il fait semblant de ne pas s en apercevoir. • I I I N T É R I E U R D E S HAREMS Madame B... médit qu’il ne faut pas s’étonner si les pachas, élevés en France, tiennent des conversations ordurières. A Paris, ils ne sont .en rapport qu’avec des viveurs et des lorettes. Je crois qu’elle a raison. Je lui demande si elle a entendu parler d’Européennes servant dans les harems; elle me répond que non. Elle sait cependant qu’il y a près du Caire, une vieille femme française dont elle a vu le fils. Cette femme fut prise lors de l’expédition française du siècle dernier; menée dans un harem, elle donna le jour à un fils. Il paraît qu’elle n’a jamais pu apprendre l ’arabe. Impossible de savoir le nombre des femmes d’I... ; il en a beaucoup. Du reste, ces messieurs ont des rapports non-seulement avec les femmes, mais même avec les esclaves attachées au palais et les dames qui servent dans le harem. Il y a chaque jour, tant à Roda qu’à Gerzisch, cent vingt ou cent cinquante personnes à nourrir. J ’ai oublié le chiffre exact. M. S... a connu un
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