dents sont longues, écartées, saillantes et dirigées en avant, de même que le rebord alvéolaire qui, au lieu d’être droit, est obliquement dirigé en bas et en avant, disposition fort curieuse. Cette femme, âgée d’une vingtaine d’années, présente, à la lèvre supérieure, les traces d’un trou placé à la partie inférieure du sillon moyen labial : trou qui donne passage à un anneau de perles. Quelquefois, on pratique ce trou à la lèvre inférieure. Les cheveux sont courts (ils ont été coupés, il y a peu de temps) et crépus. Cette femme est née à Denka, pays situé au-dessous de l ’Abyssinie. Là, règne l ’idolâtrie. Quand il ne pleut pas, les habitants furieux lancent des flèches contre le ciel. Au sud de Denka, le pays est habité par des anthropophages. Cette femme a été amenée jeune à Kartoum avec une soeur. Là, elle a été vendue, car elle avait été enlevée. Son premier maître Ta donnée à un de ses amis, qui l’a rendue enceinte. Mais le fils de cet ami a profité de l ’absence de son père, pour la vendre de nouveau, et elle a été amenée au Caire où M. N... l ’a achetée. Il paraît que ces femmes sont très-bonnes ou très- mauvaises, il n’y a pas de milieu. Celle-ci regrette son époux et elle demande qu’on la renvoie à Kartoum. Madame N... le lui a promis', quand son enfant aura été sevrée. Cette femme a une enfant superbe, mais moins noire que sa mère. Cette petite fille a des joues énormes, et elle jouit d’une excellente santé. Aujourd hui, 15 mars 1862, Z... me mène voir des esclaves blanches; on ne les visite qu’avec une difficulté extrême. On en amène peu ; je dis peu, relativement à la quantité fournie autrefois par les guerres. La Grèce en fournissait une grande quantité ; les mamelouks étaient, pour la plupart, des Grecs pris à la guerre, et amenés en esclavage. Ces mamelouks ont été élevés par leurs maîtres aux plus hautes dignités. Avoir été mamelouk est un titre, bien qu’un mamelouk ait été nécessairement esclave. Ces marchands d’esclaves sont des Circassiens, gaillards au costume original; le voici : chapeau pointu garni de fourrures; une pelisse; de grosses bottes; une double cartouchière sur la poitrine; un long poignard à la ceinture. Tous les jours, on rencontre ces hommes dans les rues du Caire, mais il est difficile de distinguer les marchands d’avec ceux qui vont en pèlerinage. Z... était parvenu à savoir qu’il y avait des marchands dans une okelli, près de la mOsquée de Seitna et Hossein. Nous nous y rendons en voiture. Z... s’adresse au boab qui nous fait monter au premier étage. L’okelli a un aspect assez misérable. Z... me demande s’il doit me présenter comme un acheteur sérieux ou comme un médecin chargé de faire des achats. Je lui dis d’agir à sa guise. Arrivés au premier étage, nous pénétrons dans une pièce où j ’aperçois deux grands Circassiens, l’un de cinquante-cinq à soixante ans, à barbe blanche, l’autre d’une quarantaine d’années. Au fond, sur une natte je vois une jeune fille qui, en nous apercevant, détale au plus vite et pénètre dans une autre chambre où il y a plusieurs jeunes filles; elle ferme la porte sur elle. Les
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