98 | LIBERTINAGE. avoir surpris une lettre dans laquelle madame B... recommandait à sa fille de se vendre le plus cher possible. I I H AB I TUDE S DE S P R O S T I T U É E S Ce qui contribue à l’insalubrité des maisons en Egypte, ce sont les lieux d’aisances. En général, il y en a à chaque étage, mais commë ils ne sont pas couverts, l ’odeur se répand facilement dans la maison. Les lieux sont au niveau du sol, et l ’endroit par lequel les matières sont jetées a la forme d’une fente allongée ; aussi, est-il impossible ou plutôt difficile de les salir. Rarement cette fente est recouverte d’une planche. Il en résulte que l ’intérieur des maisons, surtout le rez-de-chaussée, infecte. Les lieux d’aisances servent de cabinet de toilette aux filles publiques du Caire. Je les ai vues plusieurs fois y aller faire leurs ablutions. Ces pauvres filles sont fort propres, au moins autant qu’on peut en juger à cause de leur couleur chocolat. Les soins qu’elles prennent sont tels qu’ils semblent devoir être un moyen de transmission des affections vénériennes, cependant elles ne sont pas très-fréquentes. Les filles du Caire vous massent tout le corps pour vous délasser les membres. Le jour du Ramadan, elles ne peuvent avoir de rapports avec les hommes. M. deX... vint me voir atec sa maîtresse, dont j ’ai déjà pris le profil. Il l ’habilla en garçon pour circuler le soir. Sur son pantalon et sa chemise de femme, il lui mit une redingote. Dans ce costume, elle avait l ’air d’un garçon malpropre. Cette fille avait appris à dire en Arabe toutes les sottises que débitent les femmes les plus effrontées de Paris. Elle est Égyptienne; c’est la femme d’un agent dé police de Damiette. M. de X... me dit qu’elle aime beaucoup le soiràlui raconter les contes des Mille ét une Nuits ; elle parle quelquefois pendant trois heures; Je demande à M. d eX..., si ces longues histoires ne l’endorment pas : <c Oui, me répond-il, mais à chaque instant elle m’interrompt pour savoir mon opinion, et je lui répète de temps èn temps : Safer, c’est vrai. » Ces femmes arabes sont sans aucune espèce dé pudeur ; ainsi, celle-ci dit tout haut devant son amant, qu’elle voudrait devenir ma maîtresse. Tout à coup elle se tourne vers son amant, et lui dit que je viens de lui offrir une guinée pour acheter ses faveurs. A Assouan, les filles publiques habitent hors la ville, au bout de la plage. Comme je passais dans leur quartier, une femme m aperçoit, court à moi, me saisit et j ’ai toutes les peines du monde à m’en, séparer. Plus loin, je suis arrêté par une petite noire fort jolie qui m entraîne. Je la suis. Elle peut avoir de quinze à seize ans, elle est de Kartoum et porte un costume délicieux : petite chemise bleue à cause de la chaleur, pantalon blanc, petite calotte rouge avec un grand pompon noir à franges. Les cheveux sont divisés, en petites tresses fort propres et sans mauvaise odeur. Elle a de gros bracelets en argent et une bague à l’annulaire de l ’une
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