parents, cousins, cousines et autres. Madame Y... me parle d’une famille composée de quatorze membres qui dormaient ainsi à côté les uns des autres, à la brochette pour ainsi dire. Dans cette famille, qui était fort aisée, chacun apportait dans la pièce commune, recouverte d’une natte, un matelas et une couverture. Dans les familles pauvres, on couche simplement sur la natte. Tout cela doit amener de grands désordres dans les familles et explique les bruits qui courent sur certains Levantins. Les Levantines riches portent sur la tête une calotte de diamants fort lourds parfois, et qu’il faut maintenir avec des bandes de velours. Au-dessus, elles portent un fez ; les personnes jeunes qui se mettent à la nouvelle mode mettent ce fez sur le côté, les vieilles le mettent en arrière, avec le gland éparpillé. Actuellement, on fait les fez tout petits. Au fez on ajoute des tresses faites avec de faux cheveux ; à ces tresses sont jointes des pièces d’or ou des perles, suivant la fortune des personnes. Ces tresses descendent dans le dos et' constituent un joli ornement. Le bourgol?) est le voile que les femmes mettent devant la figure; il y a au milieu une bande demi-élastique. Pour placer le bourgo , on met dans la bouche l’une des extrémités de la bande élastique, on attache les bandes a et b que j ’ai dessinées, puis on lâche la bande élastique qui s’applique sur le nez et en recouvre la racine. C’est très-laid ; on dirait une muselière. A l ’intérieur, le costume des Levantines est assez joli : ainsi, les seins sont à peine recouverts par une mince mousseline, le bout des seins est même fort visible. Les Levantines portent un grand pantalon comme les femmes arabes ; ce pantalon, trop large, est serré autour de la taille. Quant aux jambières, elles sont attachées au-dessous du genou^ et comme cette partie du pantalon est trop longue, elle retombe. Mademoiselle X... que je croyais avoir des jupons, avait de simples pantalons. Aujourd’hui, me dit-on, il est de mode parmi les belles coquettes de placer une crinoline autour de chaque jambe. La chemise des Levantines est très-courte comme celle des femmes arabes; elle atteint à peine au-dessous du nombril. On met de belles chemises en tulle rose ou en mousseline claire brodée, un peu ouvertes par devant, et en haut. Quand elles sortent,les Levantines portent une grande pièce d’étoffe noire dans laquelle le vent s’engouffre souvent, ce qui donne à ces femmes un aspect singulier’ Elles marchent difficilement, elles traînent la savate pour ainsi dire; et portent le ventre en avant, ce qui les fait ressembler à des femmes enceintes. Pour donner une idée de l ’indifférence des femmes en Orient je ne cite qu’un fait : Dernièretfient, une des femmes qu’emploie madame V... a perdu une fille. Le jour même du décès elle a été travailler comme d’habitude, et en parlant d’autres choses, elle a dit à madame X..., sans montrer la moindre affliction, que sa fille venait de mourir. Cette enfant était âgée de douze à quinze ans.
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