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aux cheiks de laisser leurs femmes libres de montrer leurs visages comme lès Européennes. On se réunit pour délibérer, et le plus âgé des cheiks porta cette réponse au général en chef : « Si nous faisions ce que tu désires, nos filles devraient se résigner à vivre éternellement dans le veuvage. Elles n’ont pas la beauté des femmes de l’Occident ; le plus souvent, elles sont laides : qui les prendrait si on les connaissait ? Comme on ne les connaît pas, on les épouse toutes ; heureux celui que le hasard favorise! » M. X... ma raconté l ’histoire qu’on va lire : Un jour, Mahomet vit dans sa maison une femme dont il devint amoureux. Il en parla à son fils et lui avoua qu’il ne pourrait vivre s’il n’obtenait pas cette fille. Le fils lui fit connaître que cette jeune personne était son épouse. Alors Mahomet dit qu’il ne serait plus permis à une femme d’avoir le visage découvert, si ce n’est devant son mari. Il épousa cependant la femme de son fils. Depuis cette époque, les femmes se voilent. Les femmes usent de deux espèces de teinture : le henné et le kohl. M. X... m’assure que la teinture produite par le henné dure quinze jours environ, pour les dames qui ne travaillent pas, et huit jours, pour les femmes qui s’occupent de travaux manuels. Quant au kohl, il dure un temps variable, tantôt un jour, tantôt trois jours; cela dépend des paupières ou plutôt de la peau et aussi de la poudre. Les femmes en usent pour noircir leurs yeux, ce qui est un ornement. Pour moi, le henné a pour résultat de diminuer la sueur de la paume des mains et de la plante dés pieds, à laquelle les femmes sont sujettes. J ’ai remarqué que les Égyptiennes et les Turques transpiraient beaucoup ; elles s’essuient continuellement la paume des mains, le menton, la figure. Leur mouchoir n’a pas d’autre usage, car elles se mouchent avec leurs doigts. Le kohl est un excellent préservatif des ophthalmies, il double l’action des cils et rend la paupière moins transparente à la grande lumière. Les femmes riches mâchent de l’encens ; quoi qu’en dise M. X..., je trouve que cette coutume est loin d’être convenable. C’est réellement dégoûtant de leur voir promener dans la bouche une masse blanche qui provoque une salivation abondante. D’après M. X... cette mastication raffermit les gencives, puis la salive imbibée d’encens est avalée. Cela est-il sain? J ’en doute. Il paraît qu’à Damiette, les femmes musulmanes ne sortent jamais; les Levantines sortent rarement. C’est un événement de voir une femme dans la rue. Lorsque deux femmes arabes bien élevées s’abordent, elles font semblant de se donner mille baisers sur la figure et sur la tête, mais elles prennent garde de sè toucher. Plus il y a de simulacres, plus la liaison est intime. Quand madame X ..,, du vivant de son mari, allait voir d’autres dames, celles-ci, après les salutations d’usage, lui palpaient le ventre en lui disant : « Fi aga? y a-t-il quelque chose? ■» Si elle répondait : « Non, » on ajoutait : « La Iiadab, » ce qui veut dire : « Non, menteuse, >: c’est-à-dire, « Tu ne dis pas la vérité. »


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