je n’ai pu en visiter. J ’ai oublié de demander si les cophtes qui pratiquent la circoncision des hommes opèrent aussi les femmes. On opère les petites filles vers l’âge de douze à treize ans, peu avant leur puberté, et les garçons vers l ’âge de sept à huit ans. Je ne puis cependant bien préciser l’âge, car les Égyptiens l ’ignorent eux-mêmes. Ils ne peuvent dire le nombre d’années qu’ils ont qu’en le rapportant à un événement important, comme l ’avénement d’un pacha. Le barbier de M. Coulomb, gaillard intelligent, me dit qu’il est mauvais de circoncire trop tôt les jeunes filles. Les barbiers et quelquefois les chirurgiens opèrent les petits garçons. La circoncision des filles est faite par les accoucheuses et plus souvent par des femmes appelées rhagar, dont j ’ai déjà parlé. Dans les villages et dans les provinces,les filles sont souvent opérées par des barbiers. On pratique la circoncision principalement au moment de l ’inondation ; on jette le prépuce coupé dans le Nil, car on pense que tant que le Nil croît, l’enfant doit se développer et devenir gros et grand. Le barbier qui fait la circoncision reçoit un prix qui varie suivant la fortune de l ’opéré. Ainsi, pour le fils d’un pacha, il peut x’ecevoir jusqu’à 10,000 piastres ; mais les sommes les plus élevées s’arrêtent d’ordinaire à 4,000 piastres, un habillement et un beau cachemire. Les gens pauvres donnent 3 à 4 francs. Chez les gens riches, la fête dure parfois quinze jours, mais pendant deux jours seulement on fait un dîner. Les jours suivants, ce sont des soirées pendant lesquelles on fait offrir du eafé aux invités. Pour la circoncision des filles, ni les riches, ni les pauvres ne font des réjouissances. L’opération se paye environ 10 piastres. M. J... me dit que les fils d’Ismaïl-Pacha ne sont pas circoncis ; l’aîné a neuf ans. Cette cérémonie sera l’occasion de grandes fêtes et l’on fera de beaux cadeaux à tout l ’entourage. Les fils d’Isjnaël-Pacha seront opérés par un simple barbier. A Constantinople, les grands personnages ont recours pour cela à un docteur de la Faculté de Paris. Avant l’opération il y a une fête qui dure ordinairement deux jours. Ces fêtes coûtent, même pour les gens du peuple de 300 à 400 piastres courantes. La première nuit s’appelle lela sorayer, la petite nuit. Dans cette première nuit, les invités mangent, boivent du café et fument ; ils contribuent aux frais de la soirée et laissent de l’argent pour l’opéré'. Le lendemain on promène l ’enfant, sur un cheval magnifique ; une ou deux personnes le soutiennent pour l ’empêcher de tomber. Il y a un grand cortège de musiciens et de danseurs. En général, l’enfant est promené dans tout son quartier, et souvent aussi sur l ’Eshekieh. De temps en temps le cortège s’arrête et l ’on assiste àid-es danses indécentes. Dans les circoncisions des gens riches, il y a un personnage obscène qui, au lieu de parler comme notre polichinelle, fait entendre un bruit analogue à celui de la scie. Dans les fêtes auxquelles j ’ai assisté avecM. Liban, il y avait un bouffon habillé en femme qui imitait les
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