de Laharan. D’autres m’interpellent. Une me crie qu’elle est un homme ; en effet, elle en a la voix et l ’aspect, mais.elle a des seins petits et pendants. Une autre vient au-devant de moi, remue violemment ses lèvres comme si elle me parlait, mais aucun son ne sort de son gosier. Dans cette visite, nous sommes escortés par des gardiens et des gardes de l ’hôpital. Dans la cour, la plupart des femmes sont sur des nattes. En me retirant, je suis accompagné par toutes les folles, qui chantent, qui dansent leurs danses lubriques, qui tapent dans leurs mains et qui crient à tue-tête: «Dieu conserve les jours de son altesse. » Mon impassibilité étonne Laharan, mon seul regard suffit pour éloigner celles qui m’approchent de trop près. Je me rends ensuite du côté des hommes ; ceux-ci sont plus pénibles à voir et plus nombreux. Presque tous sont couchés à terre dans la cour. Beaucoup se lèvent en me voyant et viennent au-devant de moi. L’un de ces fous est attaché au pied gauche par une chaîne qui le fixe au sol sur lequel il est étendu. En général, ces malheureux ont quelque chose d’effrayant. A gauche de la cour, comme chez les femmes, se trouvent les lieux où ils font leurs ordures ; puis dans le fond, il y a une porte qui mène à la cuisine. Les hommes ne couchent pas tous dans la même pièce, mais dans des pièces isolées. Celles-ci sont au nombre de neuf, avec sept lits chacune, plus douze cellules pour les fous furieux. Ces cellules sont plus vastes que celle des femmes ; elles n’ont point de fenêtres. Les chambres à sept lits ont des fenêtres sur la cour ; dans celles-ci, il y a un lit de fer par malade, avec couvertures et matelas. L’hospice comprend maintenant : Trente-six femmes, Quatre-vingt-deux hommes. J ’aperçois une femme qui est accroupie à côté d’un fou; c’est son fils. Pour calmer les fous furieux, on leur jette de l’eau sur la tête et on leur donne la douche. L’établissement n’a pas mauvaise odeur. Le médecin vient à l ’hôpital de temps en temps. Il s’appelle, Mourad-Effendi, il a été élevé en Europe. IV DÉCÈ S E T INHUMA T IONS Les Arabes, étant moins bien nourris d’ordinaire et plus faibles, résistent mal aux maladies. Chez eux, le mal progresse sans qu’ils en aient conscience. Aussi, les voit-on se traîner jusqu’au moment de leur mort. Cela doit tenir à leur manque de grande sensibilité et à leur intelligence obtuse., M. d’Arnaud-Bey croit que la population du Caire, en y comprenant le vieux Caire et Boulak, s’élève à quatre cent mille habitants. Sur ce chiffre, il y aurait en moyenne trente-cinq décès par jour. La mortalité serait moins grande à Damiette ; les habitants de cette dernière ville sont favorisés par la nour
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