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Je fais observer à M. Y... que les médecins égyptiens sont peu payés; il ne partage pas mon avis. D après lui, ils sont aussi bien payés que les médecins cantonaux; « mais ces derniers, dis-je, peuvent avoir de la clientèle, tandis que pour les autres, c’est à peu près impossible. » M. V... me répond que s’ils n’étaient médecins, ils cultiveraient la terre; qu’ainsi ils doivent avoir peu de besoins. M. Y... oublie que les besoins croissent avec l ’éducation. Or, si pour nous le médecin est à peu près au niveau du fellah, en réalité il peut lui être bien supérieur par sa grande instruction relative. M. V... me dit que les médecins dont nous parlons ont au moins une rétribution de 125 fr. par mois, et il trouve que c’est assez. D’autres ont près de 500 fr. par mois : ceci me paraît exagéré. Il ajoute que l’Égvpte n’a pas besoin d’un grand nombre de médecins dans ce moment, car l ’armée vient d’être considérablement diminuée, et il y a peu de services médicaux à fournir. Je veux parler d’organisation médicale, mais M. Y... m’avoue qu’il ne peut me suivre sur ce terrain et qu’il ne peut me fournir aucun document relatif à la question. 11 craint qu’on use de ses renseignements pour écrire contre l ’Égypte ; je lui observe que je ne l’ai point pris en traître : je l ’ai prévenu que j ’étais envoyé par le gouvernement français, et je lui ai toujours dit qu’il pourrait s’arrêter quand il voudrait. Voici quelques détails recueillis dans une ville de province ; c’est le médecin en chef qui me les donne. Il y a deux médecins en chef : l’un est à Siout, c’est l ’Italien que je connais; l’autre est à Kenneh, c’est M. Buron (je crois que c’est le nom en français). Le kakin-bacha d’Esneh relève de celui de Kenneh, comme l ’ingénieur en chef d’Esneh relève de celui de Kenneh. A chaque médecin en chef est attaché un pharmacien en chef; en effet, j ’ai vu un pharmacien à Siout. Cependant, je crois qu’il se trompe ou que je le comprends mal. Je pense, en effet, qu’il n’y a de pharmaciens en chef que là où il y a des hôpitaux. A Assouan il y a un kakin-bacha (médecin sous-chef) qui n’a pas de pharmacien en chef, parce qu’il n’y a pas d’hôpitaux de soldats noirs. Ainsi donc le médecin en chef a sous ses ordres des kakin-bacha, qui eux-mêmes commandent à une certaine quantité de médecins arabes. Le kakin-bacha ou médecin sous-chef ou cantonal ne peut faire une grande opération, comme l’amputation de la jambe, sans y~ être autorisé par le médecin en chef. » En général les médecins en chef sont ou des docteurs européens, ou des Arabes élevés en Europe. Les médecins arabes des villages et des petites villes ont sous leurs ordres des barbiers qui tiennent note des naissances et des décès, et qui pratiquent la circoncision. J ’aurai occasion d’y revenir quand je traiterai le chapitre des enfants. Dans la province de Miniet, le médecin en chef tient lui-même les registres de l ’état civil en langue française. En résumé : intendance générale au Caire ; médecins en chef ; kakin-bacha ; médecins arabes ; barbiers. Je parlerai plus tard des accoucheurs.


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